ficher, fiche
Va te faire fiche !
Nous l'avons tous entendue, et peut-être même employée de temps en temps, cette phrase définitive. A moins bien sûr, horreur, que nous n'ayons recouru, à la place de fiche, à son équivalent plus robuste, vous savez bien, ce mot qui, encore en plein XVIIIème siècle, ne s'écrivait pas en entier: va te faire f...
Mais aujourd'hui ce n'est pas f...qui m'intéresse. C'est son “atténuation euphémisante” fiche. Car elle a une spécificité absolument unique parmi les verbes français: c'est le seul infinitif qui ne comporte pas la lettre r, je dis bien la lettre, car dans tous les verbes en -er, la lettre -r, présente à l'écrit, ne s'entend pas.
Comment s'explique cette situation particulière de notre infinitif fiche? Simplement parce qu'il fallait bien que le verbe évoquât plus ou moins la forme qu'il remplaçait. On a essayé d'utiliser fichtre. Mais il n'a subsisté que comme interjection (fichtre!), et n'est plus guère employé aujourd'hui. Quant à ficher, c'est étymologiquement un autre verbe, même si parfois il concurrence notre fiche. — Au fait, le participe passé de fiche/ficher, qu'est-ce que c'est? Fichu, bien sûr, comme f...u !