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[Réflexion] Différentes Façons de Scénariser un Effet Magique


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Hello,

Suite à l'intervention de Renard concernant le livre "Fantastique", j'ouvre ce sujet - pour ne pas polluer celui consacré au livre d'Antoine - car c'est une question que je me pose depuis longtemps sans trouver de réponse satisfaisante :

pour ma part, ça remet en question ma magie ( lorsque je suis payé)

une magie visuelle mais sans fond, sans scénario solide, mais qui suffit aux clients.

exercice :

faite des balles mousses, un portefeuille en feu et une production de colombe.

ensuite rejouez « Paradise Lost » avec talent et conviction.

qu’ont il préféré? pour quoi paierait il?

En effet, je n'ai pas trouvé de réponse satisfaisante car lorsque je lis par exemple, l'une des premières routines du livre "Hauntics" de CC, consacrée à Jack L'éventreur, c'est le choc. Tout y est, ambiance, suspens et climax (l'effet n'est qu'accessoire ici). En revanche, je n'accroche pas du tout à une présentation type "Kween of ze Kannibalen" du même auteur.

Alors pourquoi ? Pourquoi j'accroche d'un côté et pas de l'autre ?

Voici selon moi une première explication : dans le premier cas, il s'agit d'une histoire racontée pour installer une ambiance et un suspens, dans le plus pur style "4e dimension" ou plutôt "Alfred Hitchcock présente", nous menant tout droit à la révélation finale qui nous scotche (dans cettte routine, il n'y a qu'une disparition de pièces, rien d'autre, et l'utilisation d'un pf Himber. Ni plus ni moins). L'effet est utilisé ici comme l'un des effets spéciaux qui viendrait illustrer une action dans un film.

Dans le cas de la seconde routine, les cartes représentent des personnages : les cannibales et les gentilles reines. Le récit est différent puisque pour chaque action effectuée par les reines dans le récit, correspond une manipulation de cartes. Ben ça j'aime pas. C'est du même style que les as gangsters - je crois - où des cartes symbolisent des cambrioleurs qui tentent d'échapper à la police, représentée par les rois. Pouah !

S'il fallait trouver un compromis entre les deux, selon moi, ce pourrait être - pour rester dans l'univers de CC que j'affectionne - la routine "Secundus Van Helsing" .

Enfin, il existe peut-être une troisième voix qui est celle où le magicien raconte une histoire qui lui est personnelle, comme celle où CC - ben oui t'es marrant, c'est l'un des rares qui publient des trucs sur Youtube qui se tiennent et qui illustrent mon propos. Et puis c'est un de nos camarades alors je profite :) - présente son premier jeu de cartes, expliquant que lorsqu'il était jeune il voulait être James Bond. Tout y est : les manipulations illustrent le propos sans s'y substituer, l'histoire est intéressante et à l'issue, la conclusion de la propre histoire du magicien se confond avec celle du spectateur. En d'autres termes, la conclusion de l'histoire que raconte le magicien, qui lui est donc arrivée, se révèle être finalement un effet magique pour le spectateur.

Bref, je ne sais pas si je suis très clair mais dans le premier cas oui à la scénarisation, dans le second non, je n'aime pas du tout les "histoires" où les cartes, par exemple, jouent le rôle de personnages. Du coup, je préfère dans ce cas, privilégier le visuel (tout en assurant quand même le minimum syndical concernant la présentation :D ).

Les sources des exemples que j'ai cités :

- "Four Pence" ("Hauntics : The Bizarre Magic of Christian Chelman", p. 18).

[video:youtube]

[video:youtube]

[video:youtube]

( Et pour être honnête, j'ai repris presque dans son intégralité le scénario de cette dernière routine - Capharnaum - pour la présentation de ma routine de jeu qui change de couleur. Un succès à chaque présentation :) ).

My2Cents

:cool:

Woody

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Le titre de la question me semble un peu imprécis :

Car ce n’est pas, dans ce que je comprends de ton interrogation, le scénario qui est en cause, mais ton adhésion à une histoire, et les degrés de « mise en histoire » d’un tour.

Tous les tours ont (ou devraient avoir…) un scénario, dans le sens ou simplement lister les différentes étapes d’un tour, y mettre les interactions que l’on compte faire, et y prévoir les réactions souhaitée (ou celles qui ne sont pas souhaitée) du public, c’est déjà scénariser.

Si la question est bien sur « l’histoire » intégrée au tour, c’est déjà un vaste sujet…

En fait, on n’a pas des catégories fixes et tranchées de tours avec histoires :

On peut essayer de définir des catégories, mais ensuite, dans les cas concrets, on a des interprétations qui vont tendre plus ou moins vers des catégories, mais jamais complétement, car le réel est bien souvent différent des constructions idéales que peuvent avoir les théories…

Je croirais donc plus à un continuum plutôt qu’a des tranches bien séparées.

Par exemple, le tour qui te débecte, des voleurs poursuivis dans le jeu de carte, après le cambriolage.

Je suis bien d’accord que ce tour, tel qu’on le voit présenté par des amateurs ou même par les plus grands (il me semble en avoir vu une version de Tamariz), ne fait pas la part belle à l’histoire.

L’histoire est, au mieux, un prétexte à faire le tour, et présenté comme tel :

L’interprète ne se donne donc pas beaucoup de mal avec l’histoire, elle est juste la pour justifier les manips, et le fait de faire le tour lui-même.

Si on raconte l’histoire seule, sans le tour, cela n’a aucun intérêt, tel que c’est fait en général.

Mais ce n’est pas la faute de l’histoire des voleurs…

C’est la faute de ceux qui souhaite la raconter comme une fioriture sur le tour.

Si tu conçois une histoire sur le thème des voleurs, adaptée au tour, mais qui comporte des éléments intéressants, et qui soit racontée d’une manière prenante, alors avec la même structure d’histoire, tu peux avoir un intérêt.

Pour moi, c’est la façon dont on va dire l’histoire, et la façon dont on la développe qui en font « juste un texte sur le tour » ou « un univers ou faire voyager le public »

C’est donc l’intention (et aussi le talent de conteur) de l’interprète qui va être déterminante dans l’utilisation de l’histoire avec le tour.

Par exemple, le tour des as cannibales de CC, est présenté avec un format de blague :

Accent rigolo, délire sur les tournages de films, Derrick en invité surprise à la fin, jusqu’à la petite culotte de Barbie qui est un gag….

Ce type de présentation n’a pas du tout pour vocation d’être une immersion dans un univers, mais juste ce que c’est, c’est-à-dire un divertissement.

La même histoire, racontée avec l’intention de faire du merveilleux, aurait donné autre chose.

Et raconté avec une intention fantastique, encore autre chose.

Et c’est vrai que c’est bien, quand on veut mettre une histoire, de savoir quel est notre objectif.

-Gag, histoire drôle : soit mettre des éléments drôles tout du long, soit commencer « sérieusement », et avoir une chute drôle.

-Merveilleux : on est dans un monde que les gens ne vont pas croire. Mais qu’ils aiment bien, parce que c’est une histoire intéressante, jolie, poétique ou rigolote. L’aspect rêveur peut être employé avec légèreté, ou les références à l’enfance…

-Fantastique : là, il y a un ancrage dans le réel plus fort : on n’est pas en train de parler de fées avec leurs baguettes qui se penchent sur un berceau, mais de créature lançant malédictions à des gens réels, ou donnant de la chance, mais avec une contrepartie… Le matérialiste ne croira pas à ces histoires. Quoique… il pourrait y avoir un doute, un fond de vérité… c’est souvent daté, précis, c’est arrivé à telle personne de tel endroit réel… et souvent, on ne donne pas explicitement d’explication :

Il se passe des choses étranges, mais le conteur ne donne pas de « solution », il donne des indices : c’est ce qui permet au fantastique d’être plus prenant, car les « explications » de l’histoire sont construites par le spectateur lui-même, dans son propre esprit…que l’on se contente d’alimenter en faits.

Ces trois catégories sont les plus employées dans les histoires de magie contée…

Il y en a d’autres, mais simplifions ;)

Et comme je l’ai dit, cela varie de façon continue, entre chaque catégorie…

On peut aussi avoir un changement de catégorie en cours de route : on commence comme une blague, et cela vire au fantastique en cour de route. Ou toute autre combinaison…

Donc, on a choisi un style d’histoire, que va définir ce qu’on veut faire passer au spectateur, depuis « un bon moment », jusqu’à « un frisson dans le dos ».

Ensuite, il y a le travail de l’histoire :

Le travail sur la structure, sur les différentes étapes, sur les personnages et leur approfondissement, sur les références historiques ou culturelles éventuelles, etc.

Cette partie est importante, c’est ce qui va faire que l’histoire soit crédible, efficace, jouable.

Enfin, la partie interprétation :

Il va être très varié, suivant le but à atteindre.

Cependant, on peut y appliquer les techniques du conteur, pour assurer une efficacité, même dans le cas d’un gag…

Donc, il y a du boulot.

Mais ce n’est pas l’histoire en elle-même qui est en cause, c’est le conteur/magicien…

Ensuite, les relations du conte et de la magie :

J’ai déjà écris pas mal dessus, mais c’est un domaine, là aussi, remplis de cas particuliers.

Dans l’idéal, il faut, comme je l’ai dit, que l’histoire seule soit assez intéressante, dans sa structure et son interprétation, pour être dite plus ou moins sans le tour.

Et que le tour soi bien aussi, au niveau de son ou ses effets magiques et de la façon de les amener dans l’esprit du spectateur.

Quand on mélange les deux, on constate que l’on a le meilleur résultat quand un équilibre se forme :

La magie n’écrase pas l’histoire, qui se trouverait alors réduite à l’état de prétexte.

L’histoire n’empêche pas de profiter de l’instant magique.

Et au contraire, les deux vont se compléter et s’enrichir :

La magie va encrer encore plus l’histoire dans le réel, le fantastique ou le merveilleux.

Et l’histoire va motiver plein de chose du tour, à commencer par le tour lui-même.

On voit que cela peut aussi rater, si l’un prend le pas sur l’autre : l’histoire prétexte, ou le tour affaiblis catastrophiquement par l’histoire.

C’est pour cela qu’on ne peut pas simplement plaquer une histoire sur un tour, ou ajouter des effets dans une histoire, pour la simple raison qu’on sait faire de la magie ou des histoires :

Il doit y avoir une réelle fusion, pour que cela soit profitable…

Bon, je l’ai déjà dit ailleurs, mais si vous savez faire de la magie (ce qui semble probable vu le forum), n’hésitez pas à apprendre aussi le conte, il y a plein de choses à savoir, et cela peut enrichir votre façon de présenter même les tours sans histoires…

(non, c’est pas une pub pour un stage d’initiation à la magie contée, je n’en ai pas de programmé pour l’instant… d’ailleurs, je vais finir par en organiser un moi-même, vu que j’ai des demandes, et que personne ne se dévoue pour organiser ça ;) )

Je ne sais pas si cela répond à la question, vu que je ne sais plus quelle était la question, mais bon…

Gilbus

Modifié par Gilbus

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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Je maîtrise différents styles et différentes approches, et souvent même, je les mélange.

Il y a des moments où je plongerai plus dans le fantastique et d'autres où il est plus approprié de se décontracter. Il y a aussi les démos de tricherie qui mettent en scène mon perso à la "James Bond", de la magie absolument classique - que j'aime énormément - mais dans laquelle je pousse la réflexion un peu plus loin que ce qui a été fait avant (la Boîte de Magies), du mentalisme pur, mais scénarisé, etc.

Le scénario, la théâtralité et la technique pure s'associent pour créer l'illusion que je veux obtenir, C'est le sujet de mes livres d'ailleurs.

J'explore la magie en général et même si vous avez tendance à me cataloguer "magie bizarre", c'est loin d'être le seul domaine qui m'intéresse et que je maîtrise.

Pour moi, la magie est un tout et, avant toute autre chose, un acte théâtral.

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Alors pourquoi ? Pourquoi j'accroche d'un côté et pas de l'autre ?

Je pense qu'il y a autant de réponses que de personnalités ;)

C. Chelman travaille sur la perception qu'ont les spectateurs, des effets qu'il produit. Forcément, tout le monde n'a pas la même perception, il l'explique bien dans LU. Certains sont sensibles au texte, d'autres plutôt aux objets, d'autres encore aux odeurs etc. Ajoute à cela que cette sensibilité résonne avec le "background" de chacun (sa culture, son passé, le milieu dans lequel il vit), et tu comprendras que les variations sont infinies...

Alors oui, parfois on accroche, parfois moins, et pas toujours pour la même chose. Parfois j'accroche pour l'histoire, parfois pour le truc lui même, parfois pour les objets, et souvent pour un peu des 3 à la fois mais pas au même degré pour chaque.

Je te donne un exemple tout à fait personnel : la routine de gobelets de C. Chelman.

Je suis historien de formation. Le texte de cette routine me touche particulièrement, justement parce qu'il est en partie historique mais aussi parce qu'il place le magicien qui est en face de toi dans cette tradition, et on a l'impression que c'est le souffle de cette tradition qui anime le magicien. C'est l'effet que je ressens : des siècles de tradition qui prennent vie devant toi pendant quelques instants. Et je n'arrive pas à expliquer pourquoi mais, quand j'y assiste (en direct, pas sur Youtube) j'ai des frissons et je tremble, même encore aujourd'hui (je l'ai vue pour la première fois il y a une dizaine d'années !).

Si je n'avais pas fait quelques études d'histoire, cette routine ne me toucherait pas autant, c'est certain.

Donc voilà, il y autant de ressentis que d'individus et de situations. C'est ce qui fait la force de cette magie à histoires : l'effet est bien plus vaste que le simple truc et il n'est pas toujours descriptible, parfois il est intime. C'est exactement la définition que C. Chelman a donné à l'effet magique : l'émotion ressentie par le spectateur au cours d'un acte "magique" et sur lequel il ne peut mettre qu'un seul mot : "Magie". Tout le monde acquiesce quand on dit ou écrit que l'effet n'est pas le tour, mais je pense que peu de gens le comprennent réellement.

Voilà donc pour répondre à ta question : je pense que la réponse se trouve en toi ;)

Modifié par Invité
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Merci pour vos réponses; il y a tellement de points sur lesquels rebondir... Je prends le temps de digérer tout cela car :

- Gilbus , comme toujours, tu as développé ta réponse et m'a fait entrevoir un aspect intéressant de ce que je n'aime pas. J'y reviendrai. Par ailleurs, j'ai tenté de renommer le sujet ;) .

- Non Christian, contrairement peut-être à beaucoup de monde, je ne te catalogue pas comme Magicien Bizarre (encore que mdr;) ) mais effectivement comme un spécialiste de la magie en tant qu'acte théatral. J'y reviendrai aussi évidemment car j'aurais à dire mais je manque de temps, là tout de suite.

- Merci Gambit , une seule chose, je regarde de nouveau la routine de gobelets de Christian car je veux être bien sur que l'on parle bien de la même chose (même si cela me parait bien parti :) ).

- Une bise à Christopher.

A+

:cool:

Woody

Modifié par Woody
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Je suis complètement d'accord quant au fait que la difficulté réside dans l'équilibre entre un tour et l'histoire ou le boniment qui va avec comme le dit Gibus:

La magie n’écrase pas l’histoire, qui se trouverait alors réduite à l’état de prétexte.

L’histoire n’empêche pas de profiter de l’instant magique.

Et au contraire, les deux vont se compléter et s’enrichir

Si vous voulez travailler sur ce renforcement de l'effet magique par l'histoire, je vous conseille la conférence de Joshua Jay chez Penguinmagic (c'est le fait que Woody parle d'Hitchcock qui m'y a fait penser), où il traite très bien le sujet.

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Hello,

Je ne sais pas si cela répond à la question, vu que je ne sais plus quelle était la question, mais bon…

Hé ben non, tu n'as pas tout a fait répondu à la question; cela dit, il serait difficile de t'en vouloir car après m'être relu j'avoue que je n'ai pas été très clair non plus :) .

je reprends juste le point de départ - c'est cela qui n'était pas clair selon moi. Pour faire simple, Renard se demandait, dans un autre sujet, ce qui plaisait le plus aux spectateurs :

- balles mousses, un portefeuille en feu et une production de colombe.

ou

- « Paradise Lost » avec talent et conviction.

D'où mon avis actuel mais pouvant potentiellement évoluer au gré de nos échanges concernant les différentes façon de scénariser un effet :

1. Pas de scénario du tout, l'effet brut de pomme,

2. Une histoire que le magicien illustre à l'aide d'effets, comme peuvent le faire les effets spéciaux au cinéma,

3. Une histoire dans laquelle les objets que le magicien manipule représentent les personnages.

Ma préférence va aux deux premières catégories car, même si :

[...] ce n’est pas la faute de l’histoire des voleurs…

C’est la faute de ceux qui souhaite la raconter comme une fioriture sur le tour.

cela ne m'a jamais divertit et j'ai souvent eu l'impression - en m'y essayant -d'être un peu ridicule.

Si tu conçois une histoire sur le thème des voleurs, adaptée au tour, mais qui comporte des éléments intéressants, et qui soit racontée d’une manière prenante, alors avec la même structure d’histoire, tu peux avoir un intérêt.

Pour moi, c’est la façon dont on va dire l’histoire, et la façon dont on la développe qui en font « juste un texte sur le tour » ou « un univers ou faire voyager le public »

Oui cela semble évident car déjà, de base, tu parles d'histoire prenante mais perso, ce qui gâche tout, c'est que les voleurs, ce soient les as ou les demoiselles en détresse les dames.

C’est donc l’intention (et aussi le talent de conteur) de l’interprète qui va être déterminante dans l’utilisation de l’histoire avec le tour.

Par exemple, le tour des as cannibales de CC, est présenté avec un format de blague :

Accent rigolo, délire sur les tournages de films, Derrick en invité surprise à la fin, jusqu’à la petite culotte de Barbie qui est un gag….

Ici en revanche, tu marques un point car je n'avais pas vu cela sous cet angle. Effectivement, sous cet aspect "gaguesque" (beurk, quel vilain mot mdr ) assumé, cela fait sens. Il ne s'agit pas d'embarquer le spectateur dans un quelconque univers magique mais dans une histoire drôle qui ne se prend pas aux sérieux mais qui recèle néanmoins des passages étonnants.

Ce type de présentation n’a pas du tout pour vocation d’être une immersion dans un univers, mais juste ce que c’est, c’est-à-dire un divertissement.[...]

D'ac. J'achète :) . Il s'avère simplement que ce n'est pas ma tasse de thé en tant qu'interprète (il est fort à parier aussi que, outre une question de style, ce soit aussi une question d'un savoir-faire que je n'ai pas).

Pour revenir à ce que tu disais Gambit - j'ai (re)visionné la routine de gobelets de Christian - et nous sommes typiquement dans le cas où j'adhère. Outre l'intérêt immédiat suscité par l'accroche historique, nous sommes ici dans une démonstration ayant pour ambition de montrer ce qui se pratique / pratiquait dans le monde des bateleurs ou des tricheurs, deux visions pour un même jeu, celui des gobelets dont le magicien profite pour réaliser différents effets. Les muscades et les gobelets ne sont à aucun moment des personnages de l'histoire. Très bon (en outre le ton est léger, ce qui ne gâte rien :) ).

Enfin, effectivement ce que j'aime dans les livres de Christian - plus particulièrement dans Hauntics, d'ailleurs - ce sont les effets présentés comme des nouvelles. Déjà, rien que cela, change énormément de la sempiternelle structure :"effet /explication et si on a le temps on donne des conseils de présentation". Cette structure est très pratique lorsque l'on souahaite acquérir un recueil de nouveaux tours à mettre à son répertoire mais si l'on ambitionne de "lire" un livre de magie comme un livre et non un catalogue (ce qui n'enlève rien à la qualité des routines proposées entendons-nous), cela est laborieux.

Rien que cela donc, relève de l'acte théâtral selon moi.

Ensuite, il n'y a aucune magie - au sens effet du terme - lorsque Christian nous montre la mise en place du bureau d'Indiana Jones et pourtant, cela relève aussi de l'acte théâtral (décor).

De même, si l'on considère l'admiration vouée à Sherlock Holmes de par le monde (à travers les diiférents société holmesiennes, par exemple). Il ne s'agit pas de fans de Sir Arthur Conan Doyle mais bien de son personnage, Sherlock Holmes, dont je pense qu'il s'agit de l'un des plus grands "actes théâtraux" de la littérature. Pensez-donc, il a presque réussit à faire croire en l'existence de son détective !

La carte folle de Tommy Wonder, dont parlait R!chard récemment, relève aussi de l'acte théâtral et avec quelle maestria !

Voilà où va ma sensibilité et je pense que Gambit a donné une bonne réponse en concluant par "la réponse se trouve en toi". Le reste ne sont que des techniques de conteurs, de metteur en scène ou de magicien.

Merci à Quentin et Sam pour leurs suggestions.

My2Cents

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Woody

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… de base, tu parles d'histoire prenante mais perso, ce qui gâche tout, c'est que les voleurs, ce soient les as ou les demoiselles en détresse les dames.

….

Ce qui te gène, c’est donc de dire que les cartes sont des personnages.

Tu as tout à fait raison.

Présenté comme ça, personne ne peux y adhérer…

Sauf que…

En conte, on peut utiliser (et on utilise effectivement…) les objets réels de différentes façons.

Je ne parlerai pas des objets imaginaire ici, mais juste des objets réels…

Déjà, on peut les utiliser comme…ben, ce qu’ils sont : les objets eux même.

Si dans une histoire, un des personnages joue aux cartes, on peut sortir un jeu de carte pour illustrer…

S’il utilise une corde, on peut sortir une corde etc…

Dans ce cas, l’objet est pris au premier degré, et il a une fonction qui est la sienne dans le monde habituel.

Une autre façon : on investit l’objet d’une signification symbolique.

Par exemple, dans un tour que je pratique, un seau à champagne est « l’esprit » du héros : Solide et vide.

Puis on verse dedans des liquides, qui sont des connaissances que va acquérir le héros.

Tout cela est symbolique, les objets et matières manipulées n’ont aucun rapport avec les concepts qu'ils représente, si ce n'est symboliquement, pourtant, cela passe très bien, il n’y a surtout pas besoin de dire textuellement « bon, ceci est la tête de mon personnage, je verse dedans les connaissances »

Au contraire, l’aspect symbolique est induit par l’histoire, et ne pose de problème à aucun spectateur, et même aux enfants de plus de 7 ans.

Les enfants sont très forts pour faire des associations symboliques, quand ils jouent : un bout de bois peut être un bateau, une bille un personnage etc…

Et nous gardons cette possibilité d’abstraction en grandissant, heureusement :)

Encore une autre façon d’utiliser un objet, c’est le détournement :

On lui attribue une autre fonction, ou une autre utilité que ce qu’il est réellement.

Il faut alors que l’histoire nous permette d’assimiler l’objet à autre chose.

Cela donne souvent des choses amusantes.

Toujours une autre façon de faire, c’est effectivement de faire incarner des personnages par des objets.

Ce qui ne te branche pas, car j’imagine que tu n’as pas vu quelqu’un le faire avec à la fois conviction et talent…

Car c’est en fait un art qui peut se rapprocher de celui du marionnettiste, si on veut vraiment incarner les personnages avec des objets.

J’ai vu une conteuse raconter une histoire de loup, ou le loup est une pince à spaghettis.

Les « grandes dents » de la pince aidaient largement à l’identification, et on finit, comme pour les marionnettes, à ne plus suivre que le personnage incarné par a marionnette en oubliant celui qui l’anime et les limitations de l'objet…

Il y avait aussi un placard qui était une boite de biscuit, et une petite fille faite avec un tire-bouchon.

Et on peut y croire, quand c’est bien fait :

Là, on a la fameuse « suspension du refus de croire », qui joue en notre faveur…

Mais si on veut aller par la, le dernier tour que j’ai « habillé d’une histoire » utilise des cartes, et les cartes sont des personnages (c’est tout neuf, je le travaille depuis 3 semaines seulement…)

N’étant pas marionnettiste, j’ai contourné le problème...

Ça commence comme ça :

« C’est un pays ou un chapelier fou prend le thé à longueur de journée avec des amis…

Un pays ou un chat invisible laisse parfois apparaitre juste son sourire…

Un pays ou une reine rouge règne sur un jeu de carte… »

Et voilà, tu as justifié le fait que les cartes soient des personnages, simplement parce que tout le monde sait qu’au pays des merveilles d’Alice, les cartes sont des gens.

Le contexte peut donc donner vie à des objets, sans que cela pose problème aux spectateurs…

Et on ne leur demande même pas d’y croire, pas besoin, tout le monde sait que les cartes sont vivantes, au pays d’Alice… on n’y croit pas pour de vrai, mais on l’admet sans problème dans le contexte de l’histoire.

C’est bien sûr une histoire merveilleuse, pas fantastique, on n’y croit pas vraiment… mais on peut y adhérer en tant que spectateur, et en faire quelques chose…

Il y a aussi l’objet en tant que représentation consensuelle.

Dans une autre histoire, j’ai des poissons qui nagent dans un bassin.

Et je montre un plateau tournant, peint en bleu, sur lequel il y a des grosses boites d’allumettes (peinte en bleu aussi), ou sont collée des photos de poissons.

Bien entendu, je n’essaie pas de faire croire que ce sont réellement des poissons, et aucun spectateur n’y croit non plus :

Ce sont des poissons « bricolés », qui font une illustration : Personne n’est dupe, mais les poissons remplissent néanmoins leur fonction, sans problème, en « nageant en rond dans le bassin » quand je fais tourner le plateau tournant…

Tout comme en théâtre, une toile peinte d’un décor ne sera pas réellement prise pour ce qu’elle représente…

C’est une aide pour entrer dans l’histoire…

Il y a donc plein de façon d’utiliser les objets, du plus concret au plus symbolique…

Et toutes peuvent être convaincantes, si l’interprète donne au spectateur l’envie de se laisser convaincre… et s’il en a envie, il peut se convaincre lui-même de beaucoup de choses ;)

Dans le tour des voleurs, tel qu’on le voit souvent interprété, ça ne donne pas envie d’y croire.

Donc, on met de côté les délires sur les voleurs, qui sont en général à peine définis, puisque le but, ce n’est pas de faire de la magie contée, mais de juste chercher une excuse pour faire un tour de magie.

C’est un degré zéro de la magie contée, en quelque sorte, à éviter si l’on veut faire justement de la magie contée…

Si on veut faire un tour de carte avec un vague baratin, pourquoi pas… ;)

Ensuite, on peut aimer davantage un style qu’un autre, c’est normal…

Mais tous peuvent être convaincants :)

Rien que cela donc, relève de l'acte théâtral selon moi.

Ensuite, il n'y a aucune magie - au sens effet du terme - lorsque Christian nous montre la mise en place du bureau d'Indiana Jones et pourtant, cela relève aussi de l'acte théâtral (décor).

La carte folle de Tommy Wonder, dont parlait R!chard récemment, relève aussi de l'acte théâtral et avec quelle maestria !

Ben, en pratique, je dirais que ce type de magie est soit un « acte de conteur » soit un « acte théâtral », selon les cas… Les deux disciplines, même si elles ont beaucoup de point commun, ne sont pas à confondre…

Dans le numéro de Yann Frisch, je trouve qu’on voit du théâtre…

Dans les choses que je fais, du conte… je n’ai aucunement la prétention d’être acteur…

La différence : L’acteur montre. Le conteur dit.

C’est une différence fondamentale.

Bon ce n’est pas toujours aussi simple, puisque l’acteur à un texte et une histoire qui dit des choses, et que le conteur peut incarner des personnages…

Mais il y a quand même une grosse nuance, et ce ne sont pas toujours les mêmes techniques qui sont utilisées, au final… ;)

Gilbus

Modifié par Gilbus

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