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Pour faire suite à l'actualité, voici un texte présentant cet artiste.

Vous pouvez contacter l'auteur pour obtenir le PDF avec les illustrations idoines (trop lourd pour le forum).

DAMAO

Appelez moi Maître !

Jean Piétri, allias “DAMAO”

est né le 23 Mai 1922, Rue des Ferrats, à Marseille,

à deux pas de la Place de Lenche, dans un des plus pittoresques

quartiers de Marseille : ” le Panier”.

Enfant réveur et sensible (qualités qui ne l’ont jamais quittées) il a une véritable

passion pour les camelots et bonimenteurs, nombreux à l’époque, qu’il observe

avec admiration. “C’est ça que je veux faire quand je serais grand”.

Nul doute qu’il y soit parvenu, Damao compte, en effet, parmi les plus grands

BONI-MENTEURS que nous ayons eu le plaisir d’applaudir.

Rapidement, il se met au gout du jour. La grande tendance de l’époque était la

voyance, les horoscopes... Les professeurs “machins”, docteurs “Tartempion” et

autres charlatans faisaient recettes, à cette époque ou nombreux avaient besoin

d’être rassurés.

Bonimenteur mais pas charlatan, Damao abandonna vite ses dons de voyance

plus lucratifs qu’efficaces, lorsqu’il constata que beaucoup de ses clients se

serraient véritablement la ceinture pour se payer les consultations.

A tromper ses semblables, il préféra le faire au grand jour, que dis je, en pleine

lumière, celle des projecteurs des scènes de France et de Navarre, sur lesquelles il

allait bientôt triompher avec un vrai numéro de scène et un slogan tout simple,

mais qui annonçait la couleur “le plus drôle des illusionnistes”.

Avant gardiste, dans son genre, il avait compris qu’il n’avait pas intérêt à faire

comme tous les autres magiciens qui ont longtemps présentés leur art sous des

titres pompeux voire majestueux, entourés de mystère, d’étrange ou de tragique.

Son physique Pagnolesque et son extraordinaire et inimitable bagout servi par

son accent plein de soleil, on rendut inoubliable ce personnage hors du commun.

La Place de Lenche en 1920

Mais revenons à son enfance. Son papa ayant obtenu un poste de concierge à la trésorerie

du 6e arrondissement de Marseille, voilà toute la famille Piétri qui quitte le Panier pour s’installer

dans la loge, non pas d’artiste, mais de concierge, rue saint Sébastien.

Enfant sage et gentil mais sans grand appétit pour les études, son papa dût envisager rapidement

de mettre son petit au travail, denrée encore courante à l’époque. Un haut fonctionnaire de la

trésorerie, ami du papa, eut tôt fait de régler la chose. De façon expéditive (selon Damao) il

engagea le petit Jean comme coursier de bureau au sein de la Grande Administration.

DAMAO, (MAUVAISE) GRAINE DE FONCTIONNAIRE

Coqueluche de dames (et oui, déjà !) Il nous a souvent confié qu’il

était un véritable coq dans le poulailler et que jeunes et moins

jeunes y étaient passées, notamment au sous sol, dans la petite

salle des archives ! Est ce l’usage de ses charmes qui lui firent

franchir quelques échelons ? Toujours est il que Jean se retrouve

assis derrière un bureau, dans une immense salle remplis de ces

fameux “ronds de cuir”.

Jean est tout ce qu’on voudra... Sauf un fonctionnaire dans l’âme !

Il racontait qu’à la Trésorerie, comme dans la plupart des autres administrations, tout était

hiérarchisé, avec une multitude de grands chefs, de chefs, de sous chefs, de sous-sous chefs... Et

tout était réglé comme une montre.

“Alors, à l’approche de l’heure de la sortie, il y avait une cloche qui sonnait une première fois. Là on avait le

droit de poser la plume et refermer les encriers. Ensuite, la cloche sonnait une deuxième fois et là on pouvait

quitter son poste”.

DAMAO chante “petit tambour”

C’est précisément entre ces deux sonneries de cloche, que Jean fit un

jour, quelque chose qui allait bouleverser son destin de

fonctionnaire.

“Alors, la cloche sonne pour la première fois, je pose ma plume, je ferme l’encrier... Et c’était l’époque

ou cette grande asperge de Nana Mouskouri chantait “petit tambour... Ran tan tan plan...” Bon.

Pas fort, je me met à chanter ça. Petit tambour, petit tambour...ran tan tan plan... Et je tapotais

doucement sur le bureau, et vas y... Ran tan tan plan... Monsieur Sinigalia, c’était le chef du service, il

enlève ses lunettes..., Il se lève..., s’approche de moi...

-ca ne va pas Monsieur Piétri ? Parce que si ça ne va pas il faut vous faire soigner !

de toi ! L’après midi j’arrive avec une heure de retard;

-Monsieur Pietri, vous avez vu l’heure ?

-Voui, j’arrive de chez le docteur.

-De chez le docteur ? Vous êtes malade ?

-non, mais c’est vous qui m’avez dit d’aller me faire soigner !

L’affaire est montée en haut lieu. Jean a senti une merveilleuse opportunité. Avec tout le talent

qu’on lui connaît, son état s’est rapidement aggravé et quelques mois plus tard il était en longue

maladie !

Appelez moi “Maître” !

C’était sa façon de saluer toutes les personnes qu’on lui présentait. Evidemment, les

réactions étaient diverses. Surpris d’abord, on cherchait à savoir si ce monsieur était

sérieux ou si c’était une blague.

“ tu comprends, quand je leur dit ça... Sérieusement et de façon condescendante, “appelez moi

Maître !” Ils se demandent si c’est du lard ou du cochon. S’ils me prennent au sérieux, c’est des

cons. Si ils ont compris que je rigole, on rigole !... Mais ils continuent quand même à m’appeler

“Maître” !”

Il y a tant de charlatans qui se font appeler “maître” dans

toutes sortes de professions, que personne n’a jamais vu

d’inconvénient à l’appeler ainsi.

Maître-Magicien, nul doute qu’il le fut, à en juger par la

quantité impressionnante de Diplômes, de Prix et de

médailles qu’il a obtenu durant toute sa carrière, en France et

à l’Etranger et qui couvrent les murs de son bureau.

Au milieu de tous ces prix magiques figurent aussi les

distinctions de “Chevalier des Arts et des Lettres” et

”Commandeur du Mérite Artistique et Social”.

DAMOA BALTHAZAR

“Quand j’étais petit je lisais une bande dessinée dont le héros était un petit

fakir qui s’appelait DAMOA BLATHAZAR.

Quand il m’a fallut trouver un nom de scène j’ai pensé à DAMOA mais ça

me plaisait guère...

Alors c’est devenu DAMAO !”

(Je crois que c’est notre ami JANTEL qui s’amusait parfois à l’appeler “Madame Ao “)

“Quand je pense à tous ces cons, “Quand je pense à tous ces cons,

qui arrivent avec un semi remorque de matériel, pour faire leur numéro !...

Moi, j’arrive avec une valise, et trois tours vieux comme le monde,

et je fais autant de succès... Si c’est pas plus !”

DAMAO

le plus drôle des illusionnistes

Vous fera-t-on l’injure de vous raconter son numéro ? Non bien sûr, d’autant qu’il est

quasiment inracontable, puisque tout était dans le personnage et le boniment.

Si malgré tout, vous n’avez jamais eu le bonheur d’assister à son numéro, en voici un bien

modeste résumé :

DAMAO entrait triomphalement en scène et expliquait qu’il était devenu lui même

magicien en voyant un magicien américain, qui venait de Gardanne, et qui présentait le tour

des 6 cartes. Il effectuait donc le comptage des 6 cartes, enlevait 3 cartes, et en recomptait

toujours 6. Il faisait cela quatre ou cinq fois.

Puis il présentait sa “grande illusion” : le sac et l’oeuf. C’est nul comme tour ! Mais présenté

par Damao, c’était un véritable chef d’oeuvre, cité en référence dans de nombreux ouvrages

magiques.

Il enchaînait ensuite avec le “beau dé” voyageur et le coffret en bois sacré des îles. Les bruits

de va et vient du dé dans le coffret abusaient le public qui pensait avoir compris le truc,

jusqu’au moment ou Damao ouvrait toutes les portes du coffret et le montrait vide.

C’était ensuite le fameux tour de “l’ombrelle japonaise” également appelée “le parapluie

chinois” (différence entre les deux : 5 francs), où le dessus de l’ombrelle échangeait sa place

avec des foulards de couleurs déposés dans un sac, qui n’avait pas de fond, mais qui, muni

d’une fermeture éclair, devenait un sac normalement constitué.

“Vous me suivez ?... Eh ben, vous n’irez pas loin !”

Damao annonçait ensuite qu’il allait endormir tout le monde. Là c’était du délire, car deux

silhouettes de lapin tantôt noire, tantôt blanche, voyageaient dans des étuis, en prétendant

changer de couleur, alors que Damao ne faisait que retourner les étuis. La foule criait à

l’escroquerie jusqu’au moment ou Damao faisait constater que les lapins n’étaient pas noir

et blanc, mais rouge et bleu !

Damao ajoutait souvent, entre chacun de ses tours, le leitmotiv de la cruche d’eau

éternellement remplie, qu’il vidait allègrement en disant “Gala Gala, c’est de l’eau sacrée du

Gange !”. Et c’est avec “ces tours vieux comme le monde” que Damao faisait s’exclafer de rire

un public qui, chaque fois, ovationnait littéralement le plus drôle des illusionnistes..

Notons que son public était souvent marqué par le “gala gala”. Damao nous racontait que

fréquemment, quelques jours, quelques mois, quelques années après l’avoir vu,

spectateurs ou organisateurs qui le reconnaissaient, le montrait du doigt en disant “gala

gala ?”. Damao acquiesçait en ajoutant, “oui c’est moi, mais appelez moi “Maître” !

Un moine-magicien

Pour coller aux couleurs de soirées médiévales au Palais

des Papes en Avignon, Francis Mondex avait demandé à

Damao s’il voulait bien s’habiller en moine pour faire

son tour. Damao accepta avec amusement, d’autant

qu’il conserva quelques temps ce personnage

de “moine-magicien” Sorte de Don

Camillo de la Magie, ajoutant

encore du comique à son numéro.

Aurait il prit goût aux habits

sacerdotaux ? aurait il raté une

vocation ? Toujours est il que Jo

Maldera nous a fait parvenir cette

photo (à droite) ou le moine Damao

semblait avoir prit du galon.

“ LE MÉTIER EST FOUTU ! ”

Nombre d’entre nous l’ont entendu dire “le

métier est foutu”. Personnellement j’ai entendu

ce refrain pendant plus de trente ans.

Nul doute que Damao comparait la grande

époque des non moins grands Magiciens qui

ont fait son admiration.

Il racontait combien il était impressionné par

les affiches, les parades, les baraques ou

chapiteaux qui se montaient... “BENEVOL”,

“KALANAG” et bien d’autres Professeurs,

Docteurs et Maîtres Magiciens....

Ma cruche, c’est la meilleure !

“Maintenant ils en font des cruches, elles ne sont

pas bien. C’est un filet d’eau qui tombe, c’est minable,

et tu peux la faire que trois ou quatre fois.

Tandis que la mienne, c’est la version de Kalanag,

ils n’en font plus. Là tu peux y aller,

elle verse des trombes d’eau, et là c’est drôle !”

“GALA, GALA... C’est de l’eau sacré du Gange!’

Kalanag (Helmut Schreiber, 1903-1963)

Alberto SITTA “CHUN CHI FU”

Dans un Grand Congrès Magique, Damao fait la

connaissance du magicien Italien Alberto SITTA.

Celui ci oublie une de ses valises. Damao fait le

voyage en Italie pour la lui rapporter. Ce sera le début

d’une longue amitié.

“Pauvre Sitta, tu te rends compte ! Sa télé a implosée, ça a

foutu le feu à tout son stock de papier éclair, il est mort brûlé

dans son appartement”

Damao racontait qu’à la veille d’un gala il avait fait

découvrir l’Armagnac à Sitta. Le lendemain, Sitta

souffrait d’un énorme mal de tête et il disait, avec son

fort accent italien “c’est la faute à Damao avec son

AMOUNIAQUE !”

Alberto SITTA - “Chun Chi Fu”

spécialités régionales.

En couverture, sur le Journal de la Prestidigitation

La cage aux fauves

Damao se retrouve à la soirée de Gala d’un congrès de

Magie, avec au programme un grand numéro de tigres etde panthères. À la fin de son numéro, l’artiste aux fauves,

va trouver Damao, et, pensant l’avoir impressionné, lui

demande ce qu’il en a pensé :

“Voui, c’était pas mal... Y’a rien à dire... Dommage simplement

que ça sente aussi fort le fauve, 20 minutes avant qu’ils

n’apparaissent !”

Un chat dans la gorge

Lors d’un petit Gala en matinée, du côté de Lodève, j’étais

le présentateur du spectacle. Vient le tour de Damao, et au

beau milieu de sa présentation, me voilà pris d’un violent

enrouement. Je me gratte la gorge, essaye de retrouver ma voix, tandis qu’en coulisses, Damao

s’impatiente très bruyamment. Rires du public. Je me tourne vers lui et lui dit :

-Damao, j’ai un chat dans la gorge !

Et là, Damao gueule de toute ses forces :

-fous toi une souris au cul... Il descendra !

Le fou rire fut général, le public se tordait, Josette Niery nous a confié qu’elle s’était pissée aux

brailles, Jean Rouvier le pianiste renâclait bruyamment, Damao avait du mal à reprendre son

souffle... Bref c’était du délire. Le mot était si bon, que je l’ai conservé et le fais dire à Alfred, le

corbeau marionnette de mon numéro de ventriloquie.

Damao était spécialiste pour taquiner et déstabiliser ses collègues en scène. Il le faisait toujours

avec beaucoup d’humour et sans aucune méchanceté. C’était un réel plaisir de travailler en sa

compagnie. En plus d’être un excellent artiste, c’était vraiment un merveilleux collègue.

Plus de 50 ans de carrière, sans permis !

Damao est un des rares artistes à n’avoir jamais eu de véhicule, et pour cause, il n’a jamais cherché

à passer son permis de conduire. D’après lui, c’était mieux pour les autres automobilistes.

Mis à part les fois où il se faisait conduire par les collègues (j’ai eu maintes fois le plaisir de le faire,

j’avais d’ailleurs l’impression d’être le chauffeur du Pape !) Il a fait toute sa carrière en train et en

autobus. Georges Delgard, admiratif, lui disait souvent “vous n’avez pas de voiture et je ne vous

ai jamais vu arriver en retard une seule fois sur un gala !”. Voyager était un plaisir pour Damao,

surtout à l’époque ou les trains possédaient un wagon restaurant, où l’on pouvait se régaler de

“ j’en aurai passé du temps dans les trains, avec ma pipe...

Tu parles, j’enfumais tout le compartiment,

comme ça on me foutait la paix !”

50 ans de carrière

le Jubilé de Damao

12 février 1989, tous les

collègues (les “joyeux cabots”)

se retrouvent une fois de plus

à table, pour fêter les 50 ans de

carrière de Damao. A cette

occasion, son vieil ami Jantel

lui adresse ce compliment :

Le TROPHÉE :

un magnifique clown

en tissu et porcelaine

Cher DAMAO, discrètement,

Tu nous a dit, l’autre semaine,

“Ce même jour, il y a 50 ans,

Je débutais sur une scène”.

Lors, je t’ai vu, gauche et tremblant,

Montrant au public ta baguette

Tu étais vraiment émouvant.

Tes longs cheveux mis en bouclettes

Et puis ton costume marin

Faisaient de toi, dans le spectacle,

Le plus jeune des magiciens

Et autres faiseurs de miracles.

Mais les ans s’étant écoulés,

Les spectateurs ont de la peine

À t’imaginer tout fluet

Surtout quand ils voient ta bedaine.

De tes cheveux frisés et blonds

Il reste deux mèches coquines

Conservées dans un médaillon,

Quand au costume de la Marine,

Il ne reste que le pompon.

Mais, m’a dit un’ de tes maîtresses

“Il lui faudrait de l’amidon

Pour qu’il retrouve sa jeunesse.”

Aimable mystificateur,

Tout au long de ta carrière,

Tu as su, par ta bonne humeur,

Distraire les plus réfractaires,

Grâce à tes dizaines de tours

Mais ceux là, il vaut mieux les taire.

Cher DAMAO, les joyeux cabots

Qui sont tes amis et tes frères

Veulent à présent sur ce plateau,

Souligner cet anniversaire

En espérant que très longtemps,

Tu continues à les distraire,

Par ton art et tes boniments.

Conserve ton bon caractère

Et ton surprenant appétit

Puis, prends, grand Maître des Fumistes

Ce souvenir que t’on choisi

Tes vieux amis les HUMORISTES

Pour t’assurer, sur un ton ferme,

Que, dans l’amitiè, les CABOTS

NON, jamais ne mettront un terme...au Maître

...LE GRAND DAMAO

Et puis aussi par d’autres tours...

Une partie des “Joyeux Cabots” : Yves FAVIER, JANTEL, DAMAO, Yolande MASSE, RINO DAX

Damao et les anecdotes

Invraisemblables et pourtant authentiques.

Il fallait les entendre racontées par Damao.

Avec le détail, la mimique, le mot choisi...

Ponctuées de son éternel “ !” Ce mot

qui, pour un vrai marseillais, n’est absolument

pas une grossièreté mais tout simplement une

pittoresque virgule ou un point d’exclamation.

Dit par Damao, ce même mot devenait une

véritable figure de style !

La robe “amidonnée”

C’était une époque ou l’on ne trouvait pas aisément toutes les denrées alimentaires, et Damao

présentait un tour qui nécessitait un énorme broc de lait. Il confectionnait ce “lait” avec de lagomme arabique et du blanc d’Espagne. À la fin d’un gala, Damao demande à Max Palay (je

crois) d’aller jeter cet étrange mélange. Ne trouvant pas de lavabo, celui ci vide

consciencieusement le broc sur le plancher, en fond de scène contre le mur. Précisons que les

“loges” se trouvaient sous la scène, et qu’une malheureuse chanteuse avait eu la non moins

malheureuse idée d’accrocher sa superbe robe de scène à un cintre contre ce même mur. La

robe s’est trouvée maculée de gomme arabico-espagnole.

“Tu l’aurai entendu gueuler, la pauvre ! Et quand elle est partie, elle avait sa robe sous le bras, la robe

était raide comme une morue sèche, qué rire !”

Le chanteur qui tombe dans la m....

Cette anecdote est tellement énorme, que j’avoue avoir cru que Damao l’avait exagérée,

jusqu’au jour où Fransined me la raconta dans les mêmes détails.

Le gala se passait en Camargue, dans une grange sommairement aménagée en théâtre pour

l’occasion. Parmi les artistes du programme, MENDEL, un chanteur de charme. Celui ci

demande à aller aux toilettes, mais en Camargue et à l’époque les toilettes étaient un cagadou

bien rustique, à quelques pas de là, trois planches bancales, surmontant la fosse à purin. Notre

chanteur était il meilleur interprète qu’acrobate ? Toujours est il qu’il perdit l’équilibre, et

plongea littéralement dans la fosse à purin. Revenu auprès des siens, il se “rince” comme il

peut dans un lavoir de fortune, chacun lui prête chemise, pantalon, veste pour lui permettre

de présenter son tour de chant. Mais le sort s’acharne : pour accéder à la scène il fallait monter

par une petite échelle et passer par une fenêtre (et dire qu’on se plaint de nos conditions

actuelles !) S’est il embronché, a-t-il raté un échelon ?...

“il s’est “espouti comme une merde en rentrant sur la scène ! Tout le monde rigolait. Il s’est relevé, il est

allé au micro, et il a dit “on m’avait dit que de marcher dans la merde ça portait bonheur. Moi j’y suis

tombé dedans jusqu’au cou... Et maintenant je me casse la gueule !...c’est à plus croire en rien !’

...Mais après, plus personne voulait le prendre dans la voiture, parce qu’il avait son sac avec ses habits

plein de merde, et ça puait !”

Un présentateur imperturbable

C’ést une histoire (connue) que Damao adorait raconter. Cela se passait à l’Alcazar de

Marseille, bien connu pour son public populaire, connaisseur mais intransigeant, qui n’hésitait

pas à balancer des insultes, des tomates ou des oeufs pourris sur l’artiste s’il n’était pas à son

goût. Ce jour là, le présentateur annonce une chanteuse. Il lui fait un superbe “chapeau”,

annonce le nom de la chanteuse et on entend la voix tonitruante d’un spectateur qui crit “C’EST

UNE PUTE !” Et le présentateur, imperturbable, enchaîne : “Pute... Ou pas pute, elle va chanter

quand même !”

Enchainement idéal, pour vous raconter l’anecdote suivante :

35, rue Bernard Dubois

Quel âge avait il alors ? Tout juste une douzaine d’années,

quand entraîné par ses copains plus âgés, le petit Jean allait

connaître les premiers frissons de l’amour, avec ces dames du

35, rue Bernard Dubois.

“ , je m’en rappellerai toute ma vie. Elle était grosse, mais brave... je me revois, j’étais là, elle était

énorme, j’étais pétrifié... Au bout d’un moment elle rigole et elle me dit “oh petit, bouge le cul, tié pas chez le

photographe !” Bon? Ça va bien. Mais quand on est ressorti, avec les collègues, ! J’ai oublié mon

caleçon chez la dame ! Et l’autre con qui me dit “tia qu’a dire à ta mère qu’on est allé au cinéma, et que tia

perdu le caleçon au cinéma !” Il est pas con lui ? Le caleçon au cinéma ! ma mère va me tuer. Alors on est

retourné au bordel chercher le caleçon, j’avais honte, toute les putes me regardaient, “vé, c’est le petit qui a

oublié son caleçon...” Qué rire ! Mais après ça, je connaissais la musique !

Coïncidence ou prémonition de Damao, c’est précisément la Cité de la Musique qui siège

maintenant, rue Bernard Dubois.

La veste de Merlin l’Enchanteur

Sur les étalages d’un grand magasin de tissus, rue de

Rome , Damao avait un jour repéré un coupon de tissu de

satin bleu décoré d’étoiles et de lunes jaune et fushia. Il

s’était mis dans l’idée que c’était le tissu de Merlin

l’Enchanteur, et décida d’aller acheter ce qu’il fallait pour

se faire confectionner une nouvelle veste de scène. Ainsi

fut fait. Elle a été sa dernière veste de scène, vous vous en

souvenez certainement.

Il faut préciser que la veste précédente était très belle

aussi, toutes en paillettes bleues. Figurez vous que cette

belle veste bleue a fait un vol plané par la fenêtre, un jour

où Damao avait eu la malencontreuses idée de la repasser.

Toutes les paillettes fondaient et se collaient sur le fer à

repasser. Vous qui connaissez la légendaire patience de

Damao, vous comprendrez aisément pourquoi la veste a

brusquement sautée du deuxième étage, par la fenêtre.

L’histoire ne dit pas si le fer à suivi le même chemin !

Vous parlez Anglais, Damao ?

“Alors, un jour y’a un agent qui m’appelle, il me dit :

-Vous parlez anglais, Damao ?

-ma foi, non, pourquoi ?

-parceque j’ai une affaire où il y aura pas mal d’étangers dans la

salle et il faudrait dire quelques mots en anglais pendant votre

numéro.

-qué Anglais, je vous le fait en Italien avec un peu d’Allemand si

vous voulez !

-non, non... Il faut vraiment parler anglais, tant pis.

Bon ! Peu de temps après, j’apprends que c’est ce con de (?) qui a eu l’affaire. Et tu sais quoi ? Il est

rentré sur scène... Il a dit :“thank you, verry verry well, thank you !”

Alors, la prochaine fois qu’on me demandera si je parle anglais, eh bè je répondrais oui !

Vous parlez Italien, Damao ?

“Là j’avais parlé un peu Italien, il y avait pratiquement que des italiens. C’était bien, ça rigolait, ça

rigolait même à des endroits ou il fallait pas rire. Ma foi ? Je vais voir Sitta et je lui demande

pourquoi ça rigolait alors que c’était pas drôle. Et Sitta me dit :

-quand tu leur demandais s’ils avaient compris, au lieu de leur dire (phonétiquement) avèté

capichato ? Tu leur disait “avété pichato”

-et ça veut dire quoi ?

-ça veut dire “vous avez pissé ?”

Une fois aussi, c’était au Casino de Bolsano. Le Directeur, il était beau, grand, élégant... Il m’avait

demandé de faire mon numéro avec un peu d’Allemand et un peu d’Italien. Bon !

A la fin, il vient me trouver et il me dit

-monsieur Damao, vous avez parlé français, c’est normal, c’est votre langue. Vous avez dit

quelques mots en Italien, c’était bien... Mais la troisième langue... C’était quoi ?

-comme ? C’était de l’Allemand !

-de l’Allemand !!! Mais d’où ?

-de la Bavière !

-ah, de la Bavière ?...de la BASSE Bavière alors !

Ceci dit, Damao avait le goût des langues

étrangères. Durant son séjour en Allemagne au titre

du Service du Travail Obligatoire, pendant la

guerre, il avait appris quelques mots. Il y a quelques

années encore, il étudiait, en dilettante, l’Allemand

avec des cassettes et une impressionante collection

de livres.

Il aimait aussi “baragouiner” un peu le Corse, un peu l’Italien, et à l’occasion des quelques

voyages à l’Etranger que nous avons effectués ensemble, j’avoue qu’il arrivait à se faire

comprendre. C’est vrai que nos besoins prioritaires d’alors étaient “tabaco”, “vino” et

“restaurante”, et de toutes façons on arrivait toujours à trouver tout ça sans l’aide de

quiconque, car il avait un flair terrible pour dégoter les petits troquets sympas.

L’assiette de charcuterie Corse

Il raconte qu’un jour, il jouait en Corse, au théatre de l’Emperi à Ajaccio. Il était en

compagnie d’autres artistes et de Jean Renzulli. Toute l’équipe se retrouve dans un

petit restaurant Corse typique. Damao marmonne quelques mots en Corse et

commande une assiette de charcuterie Corse. Renzulli trouve que c’est une excellente

idée et demande la même chose. Quelques minutes plus tard, la serveuse apporte à

Damao une extraordinaire assiette avec tout ce qui se peut faire de mieux en

charcuterie du Pays. Les yeux de Damao pétillent de gourmandise. Renzulli pense

qu’il a bien fait de commander la même chose...

“Alors quand elle lui a apporté son assiette, il avait deux tranches de jambon cru qui se

courraient après et une rondelle de lonzo. Tronche de Renzulli !

-madame, je vous ai commandé une assiette de charcuterie !

-eh bè, vous l’avez !

-(montrant celle de Damao) Mais, c’est pas la même que Monsieur ?

-eh non !

-je ne comprends pas, pourquoi ce n’est pas la même assiette que Monsieur?

-parce que “Monsieur”... Il est Corse !

-et qu’est ce que ça change ?

Et là la serveuse le regarde droit dans les yeux et d’un air féroce elle lui dit :

-ça change tout !

Ils sont cons ces Corses ! En attendant, je m’étais régalé !”

La joie de vivre

de Damao

Mille feuilles et Baba au rhum...

Fallait pas lui en promettre !

Mille feuilles et Baba au rhum...

Fallait pas lui en promettre !

C’était une expression qu’il employait souvent, pour souligner les innombrables bons

moments qui ponctuaient son quotidien ; bonnes compagnies, parties de rigolades...

et surtout ripailles et bonnes tables.

Gourmet et gourmand, Gastronome et Cordon Bleu, il appréciait la bonne chère et tout

ce qui va avec. Manger était un plaisir, manger au restaurant était une fête. Quelque soit le

restaurant, et même tout seul.

“Alors je les vois, moi, ces cons au restaurant, ils sont là, devant leur assiette, ils se regardent,

ils n’ont plus rien a se dire... Alors que moi, même tout seul, je rigole avec tout le monde... Je

fous la merde !”

“Je me rappelle en Italie, pendant le congrès de (?) Je retournais manger tous les jours dans la

même trattoria, au bout de 2 jours, quand je rentrais, le maître d’Hôtel se mettait au garde à

vous et il criait (phonétiquement) “équo commandatore !” Ça voulait dire “voici le

commandant”, tu parles...”

“..Du reste, un jour je mangeais des langoustines (?) J’y allais avec les doigts, parce que c’est

meilleur avec les doigts, le maître d’hôtel me regardait... Je lui dit “vous trouvez que je mange

comme un cochon ?” Oh non, qu’il me répond, c’est vous qui payez, vous mangez comme vous

voulez !” Et il avait raison, ce con !”

Le “métier” lui donnait fréquemment l’ occasion de manger au restaurant.

Il racontait qu’une année, alors qu’il avait été engagé pour une tournée d’été par Jean

Renzulli (un gros “tourneur”) celui ci lui avait dit de se débrouiller pour les repas,

qu’il aille au restaurant et qu’il lui ramène les additions...

“..Quand je lui ai ramené les notes de restaurant, il a failli tomber dans les pommes.

Damao ! Mais tu as vraiment mangé et bu tout ça ?... Du reste, l’année d’après il m’a dit “je

t’augmente le cachet mais je ne te rembourse plus le resto !”

Les bons repas étaient bien sûr l’occasion d’une bonne pipe et d’un armagnac (un Bas

Armagnac évidemment !). Et c’est là que, le verre à la main, il prononçait fièrement

cette fameuse phrase :

“ si on avait mis en fûts tout l’Armagnac que j’ai bu, ça ferai une drôle de cave !”

Damao était grand fumeur de pipe devant l’Eternel. Il fumait du gris, il avait l’air de

régaler, mais c’est vrai que ça ne sentait pas la rose.

Une partie de la collection de pipes

“Le meilleur c’est le scaferlatti... Le Caporal...

C’est du gris,... C’est du gros cul qu’on appelle !

Du reste, il pue, mais il est bon !”

“Pauvre Pierre BRAHMA !... je fumais ma pipe, tranquille dans un coin.

-“Ah, Monsieur Damao, c’est une bonne pipe que vous fumez là...”

-“Oui, c’est une bonne pipe, qu’il faut fumer tranquillement...”

-“Oh, excusez moi, je ne voulais pas vous déranger.” Et il s’en va.

Ce con, il croyait m’avoir dérangé, alors que je lui ai répondu sans aucune méchanceté.

J’ai été maladroit, mais il a été un peu con de croire qu’il m’avait dérangé.”

Il possédait une véritable collection de pipes,

plus d’une soixantaine, et il était fier de montrer

combien elles étaient culottées. Ses plus belles

pièces étaient deux pipes en écume de mer, une

magnifiquement sculptée qui représentait des

griffes d’aigle refermées sur un oeuf, et l’autre

plus simple mais énorme, que nous avions

achetée ensemble au Grand Bazar d’Istanbul

lors d’une mémorable croisière en Turquie.

Damao avait une véritable passion pour l’Orient. Cela venait il de son papa,

navigateur qui avait sillonné les mers du Monde et ramené de nombreux souvenirs

d’Orient ?

L’Orient n’est il pas aussi le berceau de la Magie ? Toujours est il que tout ça était un peu

le Jardin Secret de Damao. Les oeuvres de Pierre Loti, lui aussi passionné d’Orient, lui

étaient familières. J’ai eu le plaisir d’accompagner Damao sur quelques croisières en

Tunisie, puis en Turquie, à Istanbul. Il semblait se sentir chez lui, il aimait l’ambiance,

l’histoire, le folklore et la musique et bien sur la gastronomie locale...

La pipe du Grand Bazar d’Istanbul

Le café des nattes à Sidi Bou Said Pierre LOTI DAMAO

Les vacances

à Saint Maurice sur Eygues

Damao avait des amis partout, notamment dans la Drôme Provençale. Il était lié avec

“Gustave Charensol, négociant en huiles, à Saint Maurice sur Eygues, près Nyons”. Il aimait

aller passer quelques jours au vert et faire ripailles.

“Alors, avant il n’y avait que des betteraves, et maintenant ils font du vin... Et il est bon !

Du reste, on avait fait goûter le rosé à ce con de (?), Il n’y comprenait rien... Il le sent, il fait

tourner le verre, et le boit cul sec. Alors, Comment le trouvez vous ? Et l’autre con qui répond

“Frais, il est bon !”

Damao racontait qu’on lui avait proposé de prendre la direction de la Cave Vinicole de

Saint Maurice, il avait refusé. Il s’est d’ailleurs souvent demandé s’il avait pris la bonne

décision.

Je pense que oui, on aurait sans doute perdu de vue notre Damao, alors qu’en restant à

Marseille, dans son petit et coquet appartement de la Rue François Taddeï, dans le

quartier saint Victor, tous ses vieux amis et collègues pouvaient lui rendre visite,

évoquer le bon vieux temps, bien rigoler, manger et boire un bon coup. On arrivait vers

midi, on se levait de table vers 18 heures, et Damao disait “ne partez pas, c’est l’heure de

l’apéro...!”

Bref, Damao n’était plus sur scène (depuis 1995) mais il continuait à nous faire rire avec

sa verve inimitable et sa bonne humeur. Doté d’une mémoire extraordinaire, il nous

racontait le métier, Marseille, la vie...la joie de vivre ! Combien de fois l’a-t-on entendu

dire avec son petit sourire “ah, je suis content !” ou “j’aurais rigolé dans ma vie !”.

Il continuait à “bricoler” du petit matériel et des tours, il avait même commencé à

confectionner en miniature tous les accessoires de son numéro, pour faire une petite

vitrine magique.

Damao aura vécu paisible et heureux, avec ses amis, sa magie, et surtout ses

innombrables souvenirs. Puissions nous les évoquer et les partager encore longtemps

en sa mémoire.

ZZ

Damao aura gardé toute sa vie son âme d’enfant, rêveur et sensible.

Comment pourrait on oublier son sourire malicieux, son regard pétillant

et son éternelle bonne humeur ?

Il aura gardé toute sa vie une tendre nostalgie de son enfance.

Combien de fois m’a-t-il confié rêver souvent à de lointaines scènes,

quand il était enfant, dans son quartier du Panier...

Derrière ses airs bourrus et sa grande assurance,

se cachait un homme au grand coeur et un ami fidèle.

“J’aurais rigolé dans ma vie... Et c’est pas fini !”

Bien sûr que ce n’est pas fini, nul doute que maintenant

qu’il a retrouvé, là haut, tous les vieux collègues du métier,

il va s’en passer des parties de rigolade dans l’Olympe des Artistes !

Jean Piétri, allias “Damao”

nous a quitté dans la nuit du 30 au 31 janvier 2010

alors qu’il entrait dans sa 88ème année.

Si vous souhaitez corriger, ou compléter ce document,

si vous possédez des photos, des enregistrements, des témoignages,

ou si vous désirez laisser un message d’affection

Sur le Livre d’Or de notre ami DAMAO,

merci de nous envoyer un Email :

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Publié le

J'ai un superbe souvenir de Damao au Congrès d'ANNECY (il me semble que c'était le congrès d'Annecy) Il faisait un numéro habillé en moine et il faisait le sac à l'oeuf et bien d'autres choses... un humour détonnant et la salle était en éclat.

Il a maintenant retrouvé tous nos grands magiciens et j'imagine qu'il va les faire rire comme il sait si bien le faire.

Jean GARIN

Publié le

J'ai eu l'occasion de faire un gala avec le "Grand Damao" et d'autres artistes sur un podium extérieur, vers Avignon, dans les années 80.... J'étais un "jeune magicien" à l'époque et "le maître" avait fait un véritable "Carton" avec ses lapins qui changent de couleurs, son ombrelle et son dé baladeur....... Pour moi il restera une référence dans le monde de la magie.....

Bravo Damao pour ton humour et ton talent, tu vas bien les faire rigoler là-haut.

ARLEQUIN

Publié le

C'est avec tristesse que j'apprends le décès de Maître Damao, c'est un grand et fidèle ami du music hall qui nous a quittés, une haute figure de la magie et de l'humour méridionale. Maître Damao avait su gagner avec sa bonne humeur légendaire l'estime et le respect de l'ensemble de ses pairs. Dans ce moment de recueillement, j'adresse toute ma compassion et ma profonde sympathie à ses proches et en particulier à son fidèle ami Guy Bertrand. Salut l'ARTISTE !

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    • Je suis allé voir son spectacle avec ma compagne il y a quelques années. C'était très bien écrit, scénarisé et présenté. De l'humour sans tomber dans le lourd, de très belles routines et une bonne présence sur scène. Une personne qui cherche une prestation pour un anniversaire et qui voit cette vidéo peut se dire à tort que la prestation proposée est en dehors de son budget et ne franchira même pas le cap d'une demande de devis. Autrement dit, faire une vidéo dans un cadre luxueux permet de viser certains clients mais peut aussi priver d'autres clients. C'est un choix. Cela ne veut pas dire que c'est un bon ou un mauvais choix.
    • Je fais parti du Champagne Magic Club de Reims depuis  près de 18 ans (depuis 2007) et j'ai toujours connu les conférences à peu près au même prix (entre 350 et 450€), tout comme le prix d'entrée moyen (20€). Les choses que j'ai pu constatées en 18 ans, avec en moyenne 6 conférences par an de 2007 à 2017 environ (nous étions l'un des clubs qui en organisait le plus à cette époque) puis 4 jusqu'à nos jours : - le prix des hôtels a bien augmenté : avant une chambre correcte coûtait 60-70€ (Ibis rouge) et aujourd'hui cela coûte 120-130€. Une conférence coûte donc en moyenne entre 470 et 580€, hors repas. - le nombre de magiciens venant assistant aux conférences a baissé : avant, nous étions sur 20 à 30 en moyenne et aujourd'hui 10 à 20 à quelques exceptions près. Faites le calcul à 20€ en moyenne, le club éponge à chaque fois et ses seules sources sont les cotisations (55€ à l'année avec deux entrées aux conférences incluses) et un gala tous les 10 ans. Et les conférences ne sont pas les seuls frais du club bien entendu. - la qualité des conférences est très variable et le choix de ces dernière se fait sur la base d'une publicité qui présente toujours l'artiste comme le meilleur, avec une liste de points vaseux comme "vous aidera à améliorer votre magie", "effets visuels à fort impact", etc...mais pas de contenu précis. David Stone indique à chaque fois le contenu précis de sa conférence. Il fait parti des plus cher (450€+hôtel) mais on le prend à chaque fois parce qu'on sait quel est le menu, on sait qu'il ne va pas nous présenter la même conférence que celle 10 ans avant en faisant croire à une nouvelle et cet artiste fait toujours le plein (25-30 personnes en moyenne, c'est ça le plein pour nous). Il y a aussi le fait qu'il ne fait pas une tournée de conférence très souvent donc il y a une attente. Je pourrais dire la même chose de @Luc APERS : il indique bien le contenu de sa conférence et même si il n'est pas encore aussi connu des magiciens que David Stone, on sait qu'on peut prendre le risque de mettre un peu plus parce qu'on sait que cela va plaire au plus grand nombre et qu'on aura pas trop à éponger. Le fait qu'un conférencier présente une conférence très proche voire identique à celle qu'il avait présentée 10 ans avant n'est pas un problème en soi. Ce qui est mal perçu est le fait qu'on nous les présente comme des "nouvelles conférences". Revoir Michael Ammar présenter sa routine de gobelets, Juan Tamariz présenter sa "Triple coïncidence" ou @Gaëtan BLOOM présenter ses épingles est toujours un plaisir mais c'est en grande partie parce que l'on sait justement qu'il vont nous présenter ces routines que l'on aime revoir. D'une manière plus globale, ce sont les magiciens français qui indiquent le mieux (ou un minimum) le contenu de leur conférence. Peut-être parce qu'ils nous envoient leur proposition directement. Je n'accuse pas les autres d'être trop vaseux mais leur publicité (ou présentation de la conférence) l'est souvent (après, qui la rédige ? Nous ne le savons pas). Le choix se fait alors sur les bases de ceux qui connaissent l'artiste et son travail. Les conférences "marchands de trucs" (conférence ou chaque routine ou presque nécessite l'achat d'un gimmick ou d'une vidéo auprès du conférencier) ne sont également pas un problème tant que c'est dit dès le départ. Ce sont les déceptions suites à un manque d'information qui font que nous n'allons pas prendre tel ou tel artiste ou que nous ne mettrons pas 450€ plutôt que 350€. Ayant participé à l'organisation d'un congrès (planning, contact des artistes, gestion des entrées du public), je peux également dire que les prix sont les mêmes pour les conférences lors de congrès sauf que la conférence dure 1h et est souvent doublée au lieu d'une seule conférence de 2h en moyenne (avec une pause champagne chez nous) dans un club. Alors oui, une conférence est payée en moyenne 3 à 4 fois moins cher qu'un numéro de gala alors que l'artiste ne se contente pas de présenter des routines mais il les décrit pour que d'autres les présentent correctement à leur tour ou reprennent certaines idées pour en faire autre chose mais le public n'est pas le même (le nombre surtout) donc les moyens pour financer un tel évènement ne sont pas les mêmes. Nous avons fait le choix, pour continuer de recevoir des conférenciers sans être trop dans le rouge et sans augmenter nos prix d'entrée, de réduire le nombre de conférences à 4 au lieu de 6. Alors, on va me dire qu'il faut augmenter le prix d'entrée. Nous l'avons déjà fait un petit peu mais si nous allions au delà, nous aurions encore moins de monde. Ce n'est pas viable. Et croyez-moi, le club ne fait aucun bénéfice sur le dos des conférenciers, bien au contraire. Je parle pour le club de Reims en tout cas. Les problèmes majeurs par rapports aux conférences (et aux congrès d'ailleurs) sont deux : - le manque d'informations importantes précises et assez tôt : date, lieu, prix et surtout contenu (et pour un congrès, c'est le plateau qui devrait être annoncé complètement au moins 6 mois avant; c'est faisable, c'est un choix) - le fait que beaucoup de magiciens préfèrent aujourd'hui apprendre sur internet (avoir tout tout de suite et gratuitement) plutôt que d'aller sur des congrès et des conférences. Ils préfèrent acheter un tas de gimmick, de vidéos, etc...qui leur procure le sentiment de tout avoir plutôt que d'aller voir des spectacles, des conférences et des congrès (où il faut en plus s'organiser pour le transport, le logement, les repas). C'est un phénomène de société qui n'est pas propre à l'univers des illusionnistes mais que l'on retrouve dans toutes les associations : théâtre, danse, même les associations de musique et de sports commencent à voir la moyenne d'âge de leurs membres augmenter. On le voit aussi dès que l'on va voir le spectacle d'un artiste visuel (illusionniste, clown, jongleur, mime, etc...) ou une pièce de théâtre (même moderne) dans un théâtre : la moyenne d'âge est de plus en plus élevée. Les jeunes investissent dans leurs portables, dans leurs chaussures, leurs vêtements, dans certains concerts mais rarement dans les sorties spectacles voire dans les sorties tout court. On est dans le "paraître" avant tout, dans l'image. Les jeunes sont élevés ainsi aujourd'hui. Ce second point est donc insolvable à l'échelle de notre monde de magiciens car il touche à l'éducation. Et je ne parle pas de l'éducation nationale dont le rôle devrait uniquement être d'instruire et de former mais du rôle des parents. Trop de parents ne passent pas assez de temps avec leurs enfants aujourd'hui. Parfois par contrainte mais aussi plus souvent qu'on ne le croit par choix bien qu'ils le nient. On touche donc à un sujet bien plus complexe et plus vaste, la difficulté d'être parent aujourd'hui et d'élever des enfants. Le premier point en revanche peut être résolu à notre échelle : - pour les conférenciers, il s'agit de s'assurer que la présentation de leur conférence soit claire et précise même si, pour conserver l'effet de surprise de certaines routines, il est compréhensible que la présentation n'en dise pas trop non plus. Toute la subtilité est là : en dire suffisamment pour que l'on sache à quoi s'attendre sans en dire trop pour garder quelques surprises. - pour les congrès : c'est une histoire de prise de risque. La stratégie actuelle est d'attendre d'avoir des inscriptions (et donc des ressources financières) pour engager des artistes et si les organisateurs ne se rendent pas compte que cette stratégie ne fonctionne pas depuis des années, c'est qu'ils ont de la merde dans les yeux, je n'ai pas d'autre mot. Si le plateau est bien choisi, les gens s'inscrivent. C'est comme dans un restaurant : vous regarder le menu, les tarifs et si ça vous plaît, vous y aller. Pour aller voir un spectacle : vous consulter le site de la salle (théâtre, parc des expos, etc...) ou sa brochure papier, une affiche et si tel artiste vous plaît, vous réservez vos billets. Je n'ai jamais vu un évènement demander à régler avant en ne fournissant comme seules informations que le lieu, la date et le prix. Encore une fois c'est comme si on vous demandait de payer pour aller à un concert sans qu'on vous donne le nom de l'artiste, au cinéma sans annoncer le film que vous pourrez aller voir, au restaurant sans vous donner le menu, à un spectacle sans info sur son contenu autre que la date, la salle et le prix. Et cette histoire de prix progressif, c'est bien pour les avions et les trains (et encore) mais si certains croient qu'il y aura plus d'inscriptions au prix fort parce que les artistes auront été annoncés, et bien...vous voyez ce que ça donne depuis un moment. Pour revenir aux conférences : payer un conférencier au prix d'un numéro de gala (donc 1200-1500€ en moyenne, parlons concrètement) nécessiterait pour un club recevant disons 20 personnes : - soit d'augmenter l'entrée à 60-75€ et il n'y aura jamais 20 personnes à ce prix aujourd'hui à part pour quelques très grands noms qui ne viendrons jamais en conférence dans un club. - soit d'avoir 60 à 75 personnes en gardant le même tarif d'entrée (20€), ce qui est pire car non seulement réunir ce nombre de magiciens dans un petit club est très difficilement réalisable mais en plus ce serait une conférence dans des conditions défavorables aussi bien pour l'artiste que pour les magiciens spectateurs (en termes de visibilité et de son) ou alors il faudrait louer une salle plus grande, avoir un équipement (micro, sono, lumières voire vidéoprojection, comme pour les congrès). Il y a 30 ans, les magiciens pouvaient encore mettre une somme assez élevée pour aller voir un conférencier mais aujourd'hui, avec la "concurrence anarchique" de tout ce qui se trouve sur internet pour rien ou presque, comment réussir à vendre une conférence à 60-75€ l'entrée ? A moins que ce ne soit David Copperfield, Penn & Teller, Derren Brown ou des artistes de renom hyper médiatisés comme ça qui ne viendront jamais, je ne vois pas comment cela pourrait marcher. Après il y a les masterclass mais c'est autre chose (et à en croire un sujet sur ce forum, la notion de "masterclass" commence à faire débat parce que certains vendent leur conférence sous ce titre et provoque des déceptions). Alors comment faire en sorte qu'on ait envie de mettre le prix pour aller voir un conférencier ? Il faut que ça vaille plus le coup que d'aller sur internet pour avoir ce qui est recherché. Cela veut dire que le contenu d'une conférence ne doit pas se trouver sur internet. Il faut du nouveau, de l'original par rapport à tout ce qui est publié, par rapports aux autres conférenciers. Difficile aujourd'hui de faire une conférence sans "déjà vu". Cela veut dire redonner l'envie de découvrir un artiste en vrai, de le voir présenter ses routine en vrai, de pouvoir échanger quelques mots avec lui. Il faut retrouver ce plaisir là. Parce que lorsque je dis "Il faut que ça vaille plus le coup que d'aller sur internet pour avoir ce qui est recherché", il y a aussi le problème de ce qui est recherché et ce qui est recherché, c'est souvent l'explication d'une routine précise ou deux, souvent celles des routines présentes sur les vidéos youtube de l'artiste que chacun visionne pour compenser le manque d'information de la fiche de présentation de la conférence. Et si par malheur le conférencier ne décrit pas les routines trouvées sur youtube, on a à chaque fois des retours du type "mais ça il ne l'a pas fait". Oui mais il n'a jamais dit qu'il le ferait ! Voici l'essentiel pour ceux qui ne veulent pas passer 10min à lire tout  : - un club (en tout cas je parle pour le club de Reims) ne fait pas de bénéfices avec les conférences (et ce n'est pas le but). Si on rentre dans nos frais ou qu'on s'en tire avec 50€ sur les comptes du club, on est content. Si le club éponge de 300-350€ à chaque fois, ça n'est plus viable. - les conférencier doivent s'assurer que la fiche qui présente leur conférence soit claire et détaille un minimum son contenu. C'est une des raisons pour laquelle un club prendra le risque de mettre un peu plus, même si ce ne sera pas le prix d'un gala. - une conférence en français, même si on a des traducteurs, c'est toujours mieux - revenir à des secrets mieux préservés : moins de commercialisation à tout va de certaines routines permettrait de rendre les conférences et congrès plus attractifs. Il y a 30 ans et avant, les magiciens mettaient le prix plus facilement pour une conférence, un livre ou une vidéo (VHS) parce qu'il y en avait beaucoup moins qu'aujourd'hui et qu'il n'y avait pas tout sur internet. Si le prix pour les conférenciers tout comme pour les galas d'ailleurs a baissé à quelques exceptions près, c'est en partie parce que c'est moins rare. Il faut donc retrouver une certaine rareté. - pour les congrès, c'est comme pour les clubs : la prise de risque doit être pour les organisateurs. Si le choix du conférencier ou du plateau est bon, les inscriptions se font, les comptes s'équilibrent. Si on a des mauvaises surprises par manque d'information ou qu'on cherche à faire des économies sans que cela se voit et bien...ça finit toujours par se voir et ça conduit à faire couler le navire petit à petit.
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