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Publié le

Adieu jean mon ami ... ; j'espère que là haut aussi tu joueras au "pique-assiette" au grand buffet du ciel !

Un grand de plus qui nous quitte ! Allez Jean; bluffe-les aussi là haut avec ton "american accent".

3 bises !!!

Christopher

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Publié le

J'ai rencontré Jean à l'occasion des journées Pavel, un très bon souvenir que ce grand monsieur et son immense talent, il nous avaient complétement bluffé lors de sa conférence! et quant on débute forcément ça laisse des traces...R.I.P

Zéb ? parce que c'est bien !

Publié le

Message de Claude Rix, un grand ami de Ludow

"J'ai connu Ludow lorsque je suis rentré à l'AFAP . Il faisait partie des "grands" de cette époque et j'admirais déjà son travail ; mais ce n'est que quelques années plus tard que je suis devenu son ami à l'occasion de sa venue à Reims pour une compétition de tir. Durant plus de cinquante ans, il fut, pour moi, un conseillé magique, discret et efficace. Nous pouvions parler magie pendant des heures, mais aussi d'autres sujets car c'était un homme d'une grande culture. Il fut souvent mon initiateur… c'est lui qui m'a fait acheter mon premier revolver, par la suite il m'en offrit un autre pour le tir sportif. C'est encore lui qui m'introduisit dans le circuit artistique du Paquebot France. Que de souvenirs !

Depuis quelques années, il s'était retiré à Nice et le club Magica l'avait naturellement accueilli et adopté. Lors de mes nombreux séjours à Menton, je le voyais longuement, toujours avec une grande joie. Mais hélas depuis quatre ans, la vieillesse l'avait rattrapé…souvent il me disait "jusqu'à 90 ans, ça allait… mais maintenant, il est temps que ça s'arrête". Il est mort comme il le désirait, sans souffrir. Je suis, à la fois content de cette mort qu'il souhaitait et triste de ne plus pouvoir rencontrer mon parrain. Il reste vivant dans mon cœur.

Claude RIX."

Publié le

Mes sincéres condoléances à ces proches.

J'ai connu Jean quand j'étais en France, le premier spectacle que j'ai vu c'était à Trappes dans les années 70. Mad Magic lui a consacré un petit Numéro.

Publié le

Cher Paluche, et tous les autres…

Jean était un vrai grand, et un vrai sympa, tjrs prêt à partager avec les p’tits jeunes des anecdotes, et c’était tjrs étonnant…

A la grande époque des débuts du close-up de soirée, avec Merlin, Switon, Proust, et quelques autres, il fallait tjrs suivre Jean…Jean “les bons plans”….Sa haute silhouette, sa fine moustache et son oeil pétillant fleuraient bon “le Magicien”, entre Arsène Lupin et Mandrake…L’élégance et le savoir-vivre…Un prince noctambule…Sur scène, son pseudo accent américain lui collait bien, et lui donnait un air exotique en plus de sa classe naturelle…Mais en close-up, il n’en avait nul besoin…

Dans les années 70, donc, (et Merlin avait été le premier à me le dire), il fallait suivre Jean…Normalement, le boûlot terminé, on avait droit à un vague plateau-repas, servi à la sauvette dans une arrière-salle salle…Alors que nous venions de travailler plusieurs heures devant des centaines de petits-fours haut de gamme, de chez Potel&Chabaud, ou autres grands traiteurs… .Jean, le sourire en coin, regardait dédaigneusement le plateau blafard, assorti d’une improbable piquette, et nous intimait gentiment le conseil de le suivre…

Il retournait alors en salle, se plantait devant un des buffets, et là, à chaque fois, un des maîtres d’hôtel le reconnaissait toujours, “oh, Monsieur Ludow!!! Quel plaisir…depuis le temps!!!” et Jean d’enchaîner: “Ecoutez, mon bon Maurice, (il les connaissait tous par leur prénom!”), nous n’avons pas eu le temps de nous restaurer, mes amis et moi-même…Vous n’auriez pas….”Ne bougez pas, je m’occupe de tout” était toujours la réponse …et deux minutes plus tard, le meilleur champagne nous était servi, assorti d’un plateau digne d’un roi… .Cher Jean, combien de bons gueuletons avons-nous ainsi fait, grâce à toi…Un vrai bonheur!

Jean était une véritable “fine gueule” et un connaisseur…Il participait également à une “lettre gastronomique”, et il était très souvent invité, dans les meilleurs restaurants, pour découvrir “la nouvelle carte”…Je me souviens de journées passées chez lui, ou le téléphone sonnait plusieurs fois pour “le” réserver: “Ah non, après-demain, j’ai déjà un déjeuner au Dodin Bouffant, mais samedi, c’est possible…”

En close-up, il m’a étonné, …non pas forcément par l’originalité, mais par la classe, toujours…

Lorsque vint l’heure des “gros close-up”, il adopta une formule étonnante…Alors que nous faisions tous nos petits tours, de table en table, il choisit une approche différente…

La première fois, je fus surpris: “Tu leur fais quoi, ce soir?”

“Les anneaux…!” “Ah bon, les petits anneaux, comme Duraty?”- « Non, les grands…tu verras » et j’ai vu…et il ne fit que les anneaux…

A chaque table, il faisait la routine, genre Vernon, et il fallait voir les convives s’acharner sur les différentes chaînes de deux ou trois données à leur examen…Le truc était que la routine était faite juste pour leur table, mais que les autres entendaient le bruit des anneaux, et n’avaient de cesse de voir “le miracle” de près…Il faisait aussi à chaque table une routine plus courte que la normale…et commençait par les tables extérieures…Quant venait le moment de faire la dernière table, la plus centrale possible, là, il sortait le grand jeu, et faisait la grande routine…Les autres tables, qui avaient déjà vu, en redemandaient, mais suivaient, même de loin…Jean enflait alors sa voix, belle et forte, et terminait ainsi pour toute la salle… .Toute l’attention était sur lui, et l’on ne voyait que lui…(pas la peine, à ce moment d’essayer de finir un tour de cartes de son côté…) C’était une superbe montée chromatique, toute en finesse et en force contenue, autant qu’une belle leçon de magie, pour nous , les petits copains….

On pouvait ranger nos brèmes….Le champagne n’était plus loin!

Lorsque Jean a quitté Paris, ce fut un crève-coeur, pour lui et pour nous…il l’a fait pour que sa femme souffrante, Billie, puisse avoir un meilleur climat que celui Parisien…À ce moment, il se sépara de Presque toute sa bibliothèque, et Merlin moi-même et quelques autres lui achetèrent nombre de ces ouvrages…Les prix demandés étaient ridiculement bas, et tous ses livres étaient annotés de précieuses remarques…je les relis aujourd’hui avec plaisir et respect, comme s’il me soufflait ses conseils à l’oreille…

Jean avait connu tous les grands, de Himber à Cardini, et avait été aussi un des premiers à être bluffé par Channing Pollock, lors de son séjour parisien…Il n’avait pas vu venir la “première colombe”…regarda mieux…et ne vit pas plus toutes les suivantes!!!

Mais au-delà de la maîtrise impeccable de Channing, ce qui l’avait scotché, c’était la réaction épidermique de tout le public, à l’entrée en scène de Channing…une espèce de clameur extasiée, comme si le “roi du monde” était apparu sur scène…Tant le charisme émanant du bonhomme était grand…juste par sa présence révélée…

Il fallait voir Jean raconter ce moment, et bien plus tard, en rencontrant Channing Pollock, j’ai eu le même frisson…

Une des plus belles anecdotes, que Jean aimait à raconter, est la suivante, et je laisse ses mots me revenir:

“C’était à l’époque, cher Gaetan, ou j’avais table ouverte chez Maxim’s…il y a longtemps…Un soir, une femme élégante s’approche de moi, me dévisage quelques instants, et puis me dit: “Je vous reconnais…Vous êtes le Magicien! !!...Si, si, il y a deux ans, vous m’avez fait un tour, que depuis je raconte à tout le monde…J’avais choisi une carte dans un jeu, d’ailleurs c’était l’as de carreau, et vous avez retrouvé ma carte dans votre portefeuille…! !!Vous pourriez le refaire, là, tout de suite….

Bien sûr, Gaetan, je n’avais même pas de jeu sur moi…mais en revanche, je me souvins en un éclair que j’avais dans mon portefeuille les trois as double face utilisés pour faire “ mac-donald aces”, routine que je travaillais à l’époque…J’essayais juste alors de contenir ma jubilation naissante…Je demandais juste alors une nouvelle fois à la dame le nom de sa carte…choisie librement deux ans auparavant, tout en sortant nonchalamment mon portefeuille… AS de carreau!

En une fraction de seconde, je localisais l’as, en le dégageant de la poche intérieure….“Madame, vos désirs sont des ordres…”

“Mais c’est impossible” fut la réponse éberluée de la Dame, “et si je vous avais dit 7 de pique???”

Crois-moi, Gaetan, ce fut le moment le plus magique de ma vie…En regardant la carte que j’avais en main, je vis que l’autre coté de la double face était le 7de pique!!!!

Je pris alors mon temps, et je dis: “Dans ce cas-là, chère Madame, j’aurais fait ceci…et d’une pichenette je n’ai eu qu’à” amener l’autre face de la carte en vue….”

C’est sûr, pour cette dame, ce fut le plus grand tour de magie de sa vie...et pour moi aussi!!!

Cher Jean, tu avais tjrs dans tes tiroirs des routines futées, autant que d’étonnants gimmicks….Un jour, tu m’empruntas un billet, en fis une boulette, et tu déposas le billet au sol…Tu étais accroupi, ta main droite recouvrant la boulette…ton autre main également au sol, à quarante centimètres de la première…Ta main vide fit eut un petit mouvement, comme pour appeler le billet vers elle…et la boulette, lentement, se déplaça d’une main à l’autre, avec un mouvement rampant aussi vivant que magique…Tu me rendis aussitôt le billet…rien à voir!!!

Devant mon incompréhension visible, tu devins sérieux …Tes yeux plantés dans les miens, tu dis juste:” Tiens, ce sera ton héritage…Je ne te le donne pas maintenant, mais ce sera pour toi…Promis”

Tu me montras le gimmick: C’était une montre barillet, fabriquée par Cardini…un petit bijou de mécanique.

Ces dernières années, nous nous parlions de temps en temps au téléphone, tu étais fatigué, avec un vrai ras-le-bol d’être là, et lors de ma dernière conf. dans le coin, Gérald Mainard t’avait décidé à venir, mais au dernier moment, tu as renoncé…Mauvais signe, toi qui aimais tant mes petites bêtise…Tu m’a encore reparlé de la montre, quelquefois, et toujours je te disais: “le plus tard possible mon Jean, c’est mon voeu le plus cher!”…

Aujourd’hui, il n’y a plus d’urgence, mais si vous me voyez un jour faire crapahuter un billet d’une main à l’autre, vous pourrez avoir un clin d’œil pour Jean, la montre qui n’a jamais donné l’heure aura trouvé son chemin, pour encore donner du plaisir…

A ta santé, mon Jean, et du grand cru….Noblesse oblige!!!!

Gaetan

Publié le

Ludow travaillait régulièrement avec la petite équipe de Bernard Andréi, de Nice.

Pôl, qui fait depuis de nombreuses années, partie de ce petit groupe m'a souvent parlé de lui, puisse-t-il apporter son témoignage...

Effets spéciaux pour le spectacle

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    • Je reviens au sujet du livre, car c'est ce que j'ai choisi comme lecture récréative pour les vacances. La citation de Pierre Etaix sur la 4e de couverture a failli me faire passer pour un intellectuel auprès de mes beaux-parents (chez qui je passe une partie desdites vacances) parce qu'ils sont très... "Télérama". Mais j'ai senti à la tête de belle-Maman quand elle a vu la couverture (pourtant dudit Pierre Etaix) et à l'attitude de beau-Papa quand il a feuilleté le livre que leur furtif espoir de s'être trompés sur le compte du zigoto choisi par leur fille pour leur faire des petits-enfants avait encore été déçu.  J'en suis à la page 183, ça se lit agréablement. C'est étonnamment bien écrit pour quelqu'un qui a appris le français en écoutant Coluche. Je me suis marré plusieurs fois à voix haute et j'ai été étonné d'y trouver quelques remarques qui m'ont fait réfléchir sur la construction d'un numéro (dans le chapitre consacré au Champion de l'élégance). Par contre, je ne regarderai plus jamais les saucisses de Strasbourg de la même manière.  Une remarque négative, cependant, à @Otto WESSELY : pourquoi ne pas avoir mis la photo de la page 174 EN COULEURS, vu que tu dis qu'elle est belle en couleurs ?! Quelle frustration ! (Les autres, je vous entends penser "Frustration totale !", je lis dans vos pensées, je suis le plus grand des mentalistes). Je la trouve super, j'aimerais l'avoir en haute résolution pour l'imprimer en poster. Merci d'avance. Bisous. Un admirateur  (Je n'ai pas le courage de me taper les 36 pages du sujet pour voir si la question de ladite photo a déjà été soulevée)
    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?   
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
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