Il y a message et … message.
L’artiste est avant tout un entertainer, qu’il soit bizarriste ou non. Il est là pour divertir, pour offrir un instant d’une qualité exceptionnelle à son public. Il n’a aucune prétention philosophique ou métaphysique et ne se pose ni en gourou ni en maître à penser, particulièrement pas dans ses spectacles. J’imagine mal un « spookie » ouvrir un club privé vaguement transformé en secte ou une Eglise à sa propre gloire et recueillir l’adulation de ses disciples et des zombies prêts à tout pour s’asseoir à la table de l’amphitryon.
Ceux que j’ai pu croiser sont plutôt du genre allumé et un peu fouteurs de souk…
Ceci dit, l’artiste, pourvu qu’il soit attentif et éveillé au monde qui l’entoure, est une émanation de sa société. En général, il prend le contrepied de certaines positions « officielles», particulièrement quand il se rend compte que ces mêmes positions sont un brin polluées (commerce écologique, panique « sécuritaire »…). Si c’est pour suivre le mouvement des masses (voir l’excellent film argentin « La Antena (Telepolis) de Esteban Sapir), il existe des artistes d’Etat, parmi lesquels certains sont prêts à toutes les bassesses pour une vague reconnaissance « officielle ». Et pas seulement dans l’ex-URSS…
L’artiste peut avoir une « vision » de l’état de son propre art, de ses travers, et désirer offrir des échappatoires. En prenant son art comme point de départ, il parle également de la société dans laquelle il vit. Cette vision nourrira son travail et rayonnera dans ses spectacles. En ça, il fait de la politique, il prend position. Encore doit-il le faire très finement pour ne pas tomber dans la caricature (voir Avatar de James Cameron, indigeste série de clichés formatés pour plaire à la masse).
L’artiste peut aborder des thèmes « tabous » comme la mort, la sexualité, la magie. Il a pu découvrir durant son exploration, une Terra Incognita qu’il a envie de partager avec son public. Au travers de son art il peut montrer d’autres interprétations de la soi-disant réalité, et avoir envie d’éveiller l’autre. Eveiller mais ne jamais imposer. Pour ce faire, la fiction et le roman sont des formes traditionnelles d’écriture.
L’artiste peut se poser en chantre d’une contreculture, il peut se lancer en politique et utiliser son « aura » médiatique comme arme, mais ça concerne plutôt sa personnalité que son art.
Personnellement, je pense que la magie est du domaine du poétique, et que cette position suffit amplement.
Voilà, c’est juste une opinion.