Alors là, préparez-vous.
Je le dis sans détour, sans ambages, sans retenue : ce livre est une bombe. Ceux qui ont parcouru les forums ces derniers temps ont déjà eu vent de ce qui s’annonce, d'après moi, comme le livre-événement de la rentrée magique.
En rupture depuis belle lurette chez l’éditeur britannique (après deux publications limitées), il est en passe de devenir (ne l’est-il pas déjà ?) un classique du mentalisme. Certains, qui voulaient garder ce savoir pour eux-mêmes, sont d’ailleurs très contrariés (euphémisme) par la sortie de The Mental Mysteries of Hector Chadwick en français…
Hector Chadwick est un personnage mystérieux, inconnu en France, quasi inconnu outre-Manche et outre-Atlantique, dont on ne trouve nulle part photos ou vidéos (en tout cas, mes recherches n’ont rien donné). C’est un ami proche de Derren Brown, ce dernier ayant d’ailleurs rédigé la préface de l’ouvrage.
Lors de la dernière FISM à Blackpool, j’ai abordé quelques grands noms de la magie… puis, au fil de la conversation, je leur ai posé la question qui me brûle les lèvres depuis plusieurs semaines : « Qui est Hector Chadwick ? » : ils m’ont tous fourni la même réponse, avec un regard malicieux et un sourire en coin : « Hm, I am not allowed to say ! »
Je ne sais rien de la personne ni du passé du sieur Chadwick, mais si l’on me demandait de deviner son bagage universitaire ou sa profession, je dirais sans hésiter : docteur en psychologie.
Ce qu’il nous propose dans cet ouvrage, c’est du mentalisme à l’état pur, avec un minimum d’accessoires (voire pas du tout), souvent impromptu, exploitant la double réalité, le conditionnement verbal, les forçages psychologiques, les subtilités linguistiques, le recadrage et la requalification de l’information (ce qu’il appelle la « cimentation »), l’ancrage, et surtout le principe de l’équivoque qui, dans cet ouvrage, est poussé dans ces « derniers » retranchements.
Au moins une cinquantaine de pages se rapportent d’ailleurs au principe de l'équivoque (routines, techniques et réflexions théoriques). Chadwick développe de brillantes idées sur ce principe, sur le choix des objets à forcer, sur la manière de rendre la procédure de sélection plus crédible et naturelle, sur le langage à adopter, sur les erreurs grossières que nous commettons habituellement.
À l’instar de Derren Brown, Hector Chadwick est un partisan convaincu de la prise de risque. Un risque savamment calculé, et qui ne donne pas lieu à un échec total lorsqu’il se réalise. Un risque minime au regard de l’impact dévastateur produit par l’effet quand les chances sont de votre côté.
Et ce qui frappe, c’est son souci du détail. Chadwick justifie par le menu chacun de ses choix : pourquoi tel mot, pourquoi telle pause, pourquoi tel contexte, pourquoi un spectateur et non une spectatrice dans un cas précis, pourquoi tel accessoire. Si cet homme de l’ombre ne laisse rien dans l’ombre, il ne mâche pas pour autant notre travail. Ce livre est un catalyseur d’idées, un stimulateur de neurones qui dopera votre réflexion, et vous fera prendre davantage conscience de chacun de vos mots, de vos gestes dans l'élaboration ou la répétition d'une routine.
Sans oublier cet humour et cette fine ironie qu’il distille au fil des pages, qui donne une tonalité plaisante à l’ouvrage : l’auteur ne se prend pas au sérieux… mais il le pourrait !
C’est la première fois, depuis que je travaille pour CC Éditions, que je prends l’initiative d’un CR au sujet d’une publication à laquelle j’ai participé. J’ai toujours voulu garder une certaine distance (ne pas être juge et partie) et ne pas donner aux éternels détracteurs l'occasion de crier à la publicité déguisée. Mais là, je ne peux pas me taire, tant ce livre m’a marqué, inspiré, transcendé. C’est de loin mon livre de magie préféré. Celui qui me donne envie d’étudier le mentalisme, n’ayant jusqu’à présent touché qu’à la prestidigitation.
Vous n’imaginez pas le plaisir que j’ai eu à le traduire. Vous n’imaginez pas le plaisir que j’ai à tenir l’édition française entre les mains.
Bien que mon affirmation soit une absurdité mathématique, je la lance quand même : il est impossible de ne pas aimer ce livre. À moins d’avoir Alzheimer, d’être de mauvaise foi, d’être férocement réfractaire au mentalisme ou bien de ne pas aimer lire 200 pages composées de mots formant des phrases, formant elles-mêmes des paragraphes riches de sens, de détails et de subtilités.
Pour faire court, si vous aimez le mentalisme direct et tout en subtilités, foncez ! Laissez "Mystère Chadwick" vous embarquer dans les méandres de sa pensée subtile et si particulière. Vous enrichirez forcément votre répertoire et apporterez des améliorations à ce que vous présentez déjà.
Et si vous n’aimez pas le mentalisme, soyez prêt à changer d’avis.