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Philippe Fialho

Chers tous…

Le mois dernier, il y eu sur Virtual un post d'Emmanuel, demandant des infos à propos de Philippe Fialho…Il y eu quelques réponses, plutôt brèves, et puis celle de Dominique Duvivier, qui fut pour moi comme un appel du pied… connaissant mon Dominique, son laconique « Je laisse la place à d’autres pour mieux vous en parler » sonnait comme une invite imparable, alors donc j’y vais….

J’espère juste, en vous le faisant mieux connaître, vous donner un petit regret de n’avoir jamais rencontré ni connu l’incroyable personnage que fut Philippe Fialho…

Mais par ou commencer…

Le problème majeur est que Philippe était un être complexe, et qu’il fallait le prendre ou le laisser, et il était le premier à faire de même….vous adopter, ou vous laisser…

Au départ, par goût, Philippe aurait voulu être médecin, et il a toujours eu une admiration sans bornes pour ces hommes de l’art…et il comptait plusieurs éminents praticiens parmi ses amis les plus chers…

La guerre pointant son vilain nez lui fit arrêter ses études, et il reprit l’affaire familiale, une boutique de « bondieuseries », à Lourdes, qu’il fit prospérer au delà de tout espoir…un vrai miracle en somme…

Avec le temps, faire tourner l’affaire lui prenait, selon ses dires, trois mois pleins…avec le reste de l’année beaucoup plus libre, pour pouvoir se consacrer en grande partie à la Magie et aux magiciens…

Son premier Professeur fut effectivement Freddy Fah, et bientôt, il devint l’ami des plus grands de son temps…Vernon, Slydini, Garcia, Kaps, Elmsley, Brother Hamman, Ken Brooke….Son livre d’or est un véritable Who’s who Magique et tous les commentaires sont dithyrambiques quant à leur séjour passé chez leur amphitryon et Ann, sa femme et muse magique…

Fait assez rare chez les femmes de Magicien, Ann adore vraiment la belle magie, et elle mettait toujours les petits plats dans les grands pour que tout le monde soit à son aise…

Ces séjours , véritables petits congrès au sommet, se passaient dans une merveilleuse propriété sur les hauts d’Aspremont…un vrai petit Paradis…avec vue imprenable sur la vallée, piscine et tout le reste….

Et moi, comment je l’ai rencontré ??? Très simple, c’est Freddy qui nous a présenté, et je crois aussi que D.D. l’a rencontré de cette façon…

Entre nous deux, ce fut un flash, une rencontre « évidente », et ça remonte à environ trente ans…J’avais même pas vingt ans, mais mes idées loufoques firent mouche…

Très vite, Je devins sa « petite merveille », surnom dont il m’affubla tout le reste de nos vies…

Chacun de ses amis proches avaient de tels surnoms…Freddy, c’était « Le Sphinx », Kaps c’était « Le grand », Brother Hamman, « Le curé à roulettes » etc., etc.…

Ce qui est sûr, c’est que Philippe adorait la Magie, et côtoyant intimement les plus grands, les plus secrets aussi, et ayant leur confiance, il avait appris d’eux leur répertoire qu’il savait faire à merveille…

Dans les clubs, on a pu lui reprocher de n’être pas « prêteur », de garder pour lui ces secrets, mais je pense différemment….Tous ces monstres sacrés se livraient à lui car ils savaient bien qu’avec Philippe leur secrets étaient sûrs d’être bien gardés…

Philippe a également été un précurseur en matière de vidéo, à une époque ou personne ou presque n’avait de magnétoscope, et encore moins de caméra…Il a vite, ainsi, constitué une vidéothèque inestimable….

Bien sur, cela peut sembler bizarre, ou égocentrique, spécialement à notre époque d’Internet, où tout semble si facilement accessible….

Et c’est vrai, et c’est bien, que l’accès à la connaissance soit de plus en plus « démocratique »,

Mais Je dois faire ici une digression :

Si aujourd’hui, tous les secrets sont censés être facilement atteignables, Les grands, les vrais initiés, (et ne voyez ici aucune appartenance à aucune secte ou loge secrète) peuvent, et le font tout naturellement lorsqu’ils se sentent entre eux ,échanger des détails, des finesses qui n’ont jamais et ne seront jamais imprimés…Cette transmission orale est peut-être le dernier « jardin secret », mais je pense qu’il est salutaire qu’il existe, car ce jardin là, seule l’expérience et le temps passé à aimer et respecter notre Art peuvent en ouvrir la porte, le moment venu, et seulement à ce moment là…Il faut juste accepter de donner le temps au temps…pour employer une tournure désormais célèbre…

Revenons maintenant à Philippe…

Pour avoir une meilleure, et plus complète idée du personnage, laissez moi seulement vous dire qu’il fût sans nul doute l’un des hommes les plus drôles que j’ai jamais rencontré…

S’il ne fréquentait que rarement les congrès français, c’était un habitué des congrès anglais et américains, dans lesquels il jouait à merveille un personnage de « frenchie » irrésistible…genre béret basque et baguette sous le bras….il fallait le voir pour le croire.

Philippe avait un sens inné pour la comédie, il adorait l’humour anglo-saxon, c’est également lui qui, pour la première fois, m’a fait découvrir le merveilleux show-man qu’est Victor Borge, dont le génial Kaps s’inspira largement dans la création de ses textes de scène…Voilà encore un génie assez ignoré de la plupart des magiciens humoristes ( Borge), et c’est bien dommage, tant son timing est exceptionnel…

Vers la fin des années 70, Philippe m’invita à passer plusieurs semaines de vacances durant l’été, dans sa superbe villa d’Aspremont…Cette année là, l’autre invité permanent était Ken Brooke….Ken était non seulement le meilleur marchand de trucs du monde, ses routines, sa façon de faire sont restées sans égal à ce jour, mais c’était aussi un magicien –comédien hors normes…avec comme disciples directs Paul Daniels et plus tard Wayne Dobson, entre autres…

Cela dit, Ken ne fut jamais milliardaire, et ces vacances furent pour lui les plus heureuses de sa vie…il en parla toujours après avec des larmes de bonheur dans les yeux…

« Gaëtan, jamais je n’ai été aussi heureux », s’il ne me l’a pas dit vingt fois il ne me l’a jamais dit…Ken avait toujours gardé un coté « petit garçon », avec un sourire de môme émerveillé, et je le revois toujours assis au bord de la piscine, battant des pieds dans l’eau, tout en me faisant sa fameuse routine de jeu nudiste…un vrai moment de bonheur.

Pendant ce séjour, plusieurs invités passèrent, comme Kaps et Freddy et Yvette Fah, alors vous imaginez la fête…entre les moments de pure détente, piscine, barbecue etc., la Magie était reine…et nous étions les rois…

Il y a une vérité qu’il faut dire aujourd’hui, car j’ai plusieurs fois entendu dire que Philippe payait des vacances de rêve à ces top-gun de la Magie pour, en fait, leur extirper leurs secrets…

Rien n’est plus faux…Ken ,Fred, Freddy, Vernon, Moi, et les autres privilégiés ont vraiment passé grâce à Philippe de vrais grands moments de bonheur, et la magie, notre passion commune était simplement présente à tous moment, naturellement…

C’est au cours de ces soirées que j’ai vu Philippe faire quelques unes de ses routines, comme son interprétation des gobelets de Dai Vernon, magistralement exécutée sur un air du grand Orchestre de Count Basie…durant le routine, la baguette magique devenait queue de billard, pour envoyer les boules sous les gobelets, chaque mouvement était super calculé, un peu comme Jerry Lewis dans ses meilleurs sketches musicaux…et la dérision entre les petits objets employés et l’ampleur de l’orchestration était purement géniale, jusqu’à la production finale des grosses charges…un chef d’œuvre !!!

Un autre soir, il fit « chinka-chinka », à sa façon, avec de grosses pièces chinoises trouées…

Les pièces étaient mises aux quatre coins de la table, et Philippe fit d’abord un effet « matrix » plutôt classique…sur une musique orientale ; Les pièces replacées à leur point de départ, Philippe s’apprêta à refaire le tour, mais avant qu’il ait pu couvrir les deux premières pièces, la première pièce rejoignit la seconde visiblement, à sa grande surprise…Sa réaction de magicien dépassé par sa propre magie était irrésistible…s’apprêtant à couvrir la troisième pièce, celle-ci, à son tour commença à se déplacer vers les deux autres…sans attendre la fin du trajet, son regard se porta sur la quatrième pièce, genre « toi , tu m’auras pas !!! », et sortant aussitôt de sous la table un gros clou et un marteau, il planta aussitôt le clou au centre de la dernière pièce, en la fixant intensément, sûr de l’impossibilité de ce dernier voyage…Toute l’attention rivée sur cette pièce, il me fallu un petit moment pour réaliser que cette pièce ne bougeait pas….mais que les trois autres, insensiblement, irrésistiblement, se déplaçaient toutes ensemble, et traversaient diagonalement la table pour rejoindre la pièce captive…Quel effet génial !!!!

Philippe avait également conçu une conférence pour magiciens, qu’il appelait « Peebles »…

Il fit cette conf. dans plusieurs congrès …mais j’en eu la primeur à Aspremont…

Il adoptait pour ce faire l’attitude très sérieuse d’un Professeur de magie, essayant de faire une conférence sur la magie de Slydini, l’art du lapping, les balles lancées au dessus de la tête, « Flying paper balls over the head », avec la disparition de la petite cage au tirage à la manche en final…Rien de comique la-dedans au départ, me direz-vous ; non, rien, sauf que toutes ces démonstrations étaient faites en utilisant des pavés, oui, des vrais pavés de pierre, ou des gros cailloux…et là, tout devenait délire…

Imaginez les pièces à travers la table…au moment où il « lappait » la pièce sur ses genoux, le cri de douleur contenu, la voix fluette qui s’ensuivait, etc. etc. avec toujours le ton doctoral…

Pour les balles lancées au dessus de la tête, il tournait le spectateur de telle sorte que le pavé lancé allait invariablement aller dans le public…pavé en mousse, changé au dernier moment, mais quel bonheur pour tous les magiciens…

Quant au final avec la cage, devenue pavé, c’était la chemise de Philippe qui finissait par sortir de sa manche, dans une apothéose de rire…

Cette pseudo conférence, je l’ai vu en condition réelle une seule fois, au congrès de Vegas, en 1981…Ce fut pour moi un congrès inoubliable, et ma première visite aux states…

Philippe devait faire sa conférence, mais bien sur, il était venu sans ses vrais pavés, indispensables…mais trop lourds pour l’avion…

La veille de la conférence, nous demandâmes à Daniel Cros, magicien français établi à Vegas depuis déjà de nombreuses années, de nous indiquer ou nous pourrions trouver quelques grosses pierres…Il nous indiqua un nouvel hôtel en construction, ou nous trouverions à coup sûr notre bonheur dans le chantier…Il était plus de minuit lorsque nous arrivâmes sur le site…Philippe s’était muni d’un cabas, pour le remplir de pierres…

Je garderai toujours cette image surréaliste en tête…D’où J’étais, je voyais très bien Végas illuminé, au loin, avec au premier plan mon Philippe, avec un imperméable digne de Colombo, en train de faire sa cueillette dans son cabas….

Le sac était déjà bien rempli quand l’inévitable arriva….Sortis de nulle part, deux flics nous braquèrent avec d’impressionnantes lampes de poche….Je vous laisse imaginer la suite…eux très sérieux et plutôt agressifs, en fait, des flics, quoi…et nous deux, partagés entre une énorme envie de rire, et la peur de le faire pour ne pas aggraver notre cas…

Nos explications, dans notre anglais approximatif, furent longues et laborieuses, avant que les flics eux-mêmes furent soulagés et pris de rire, après avoir tellement pensé que nous étions des terroristes français en puissance…

Le lendemain, Philippe fit « Peebles », et reçu une standing Ovation, doublement méritée…

De tels souvenirs, j’en ai des brouettes pleines, avec Philippe….

Un soir également, avec Ken, Philippe me parla du Mythique José Vergas, pour la première fois…Ken et lui avaient les larmes aux yeux, rien qu’à évoquer le nom….Il faut dire que c’était le début d’une grande aventure, mais c’est une autre histoire…

Je vous l’ai peut-être déjà dit, mais je le répète, la plupart de ces soirées uniques étaient souvent enregistrées, et constituent une mine pour tout amoureux de notre art, de rares magiciens se livrant entièrement, intimement…et pas pour faire du show-off, juste pour partager…

Et puis il y eu des années plus noires…le décès de Ken fut, je crois le premier coup de semonce…tant pour Philippe que pour moi, d’ailleurs, et depuis ce mauvais jour, nos visites se firent plus rares en Angleterre….

Cela dit, Philippe n’oubliait pas sa passion, et devint même le magicien préféré du Prince Rainier, Il était son invité « spécial », lors de nombreux dîners privés, et fut au départ des rencontres magiques de Monaco, dont il fut toujours l’un des conseillers privés les plus importants…

Puis vint le coup fatal, la mort de Kaps…

Ce funeste jour cassa complètement l’engouement de Philippe pour la magie…

J’ai entendu dire qu’à ce moment, Philippe détruisit la plupart de ses précieux enregistrements…Le fait est que , lorsqu’il m’appelait, il me disait souvent : « Tu sais, à qui veux-tu que je parles, maintenant… » et puisqu’on en est aux confidences, il faut que vous sachiez une chose...

Fred Kaps avait peu de vrais amis, je l’ai rencontré plusieurs fois chez Freddy sur la fin de sa vie…Il était plutôt taciturne, un peu désabusé, même s’il pouvait toujours s’enflammer à la vue d’une finesse ou d’un nouvel effet…Cette saloperie de cancer le bouffait déjà…

Mais Kaps avait un courage fou, et sa fierté ; Il continua jusqu’au bout à signer et honorer tous ses contrats…

Son dernier fut un engagement d’un mois au « Loewe’s », à Monaco ;

Il était vraiment au bout du rouleau…Ce que peu de gens savent, c’est que c’est Philippe qui non seulement l’hébergeait, mais l’amenait chaque soir sur son lieu de travail…son état empirant de jour en jour, Philippe finit même par préparer lui-même le matériel pour chaque performance, puis par habiller Kaps avant le numéro…Philippe me dit plus tard que tout cela fait, Kaps entrait sur scène, oubliait tout, retrouvait sourire, forces et charisme…et triomphait !!!

Ensuite il le déshabillait, puis le ramenait, épuisé…

Kaps ne pu finir son contrat, la dernière semaine fut annulée, et Kaps eut juste le temps de rentrer en Hollande en avion pour mourir chez lui…

Les années suivantes, Philippe se fit beaucoup plus rare, quelques coups de fil, et, à chaque visite à Paris, une petite visite, pour « Le Sphinx » et pour moi…

Je sais par contre qu’il continuait assez régulièrement à entretenir une relation avec « Le curé à roulettes » et ce , jusqu’au bout…

Un jour, il m’apprit qu’il avait même vendu la superbe propriété d’Aspremont….et qu’il vivait définitivement à Lourdes…

Et le temps passait…lorsque je fus engagé au Crazy, il m’appela, pour me féliciter, vint plusieurs fois me voir, en notant les progrès ça et là…Je lui montrais les dernières trouvailles, et son œil s’allumait, le moteur redémarrait…

Un soir, passant par Paris, avec Ann, ils poussèrent jusqu’à ma maison de St-Ouen…mon fils Julien , était là, il avait huit ou neuf ans à l’époque…pour fêter ça, nous fîmes un gueuleton au « Coq de la maison blanche », le meilleur restaurant du coin…Pendant le repas, Julien tomba sous le charme…depuis Julien me parle souvent de la belle dame Anglaise, devenue sa copine, et du Monsieur rigolo, qui faisait rire papa…

Le temps passait toujours…Freddy, à son tour passa de l’autre coté…autre coup dur…plus de « Sphinx »…restait Yvette, Madame Fah, et nous la chérissons toujours…

Au risque de digresser à nouveau, si Freddy n’as pas toujours paru irréprochable aux yeux de tous, Yvette est à mes yeux une « Sainte », et elle est devenue à coup sûr notre grand-mère « adoptée »…plus une fête sans Yvette !!!

En 1999, je décidais enfin à me marier, et naturellement, j’invitais Philippe, sans trop y croire…

Il me répondit aussitôt pour m’annoncer sa présence….Joie, joie, joie…

Ce fameux 4 septembre, il débarqua donc à St-Ouen, avec un étrange paquet sous le bras…son cadeau de mariage…Je fus tout de suite prévenu….Philippe était hilare…il me dit : « Je ne voulais pas venir les mains vides, mais ce que je t’offre, c’est vraiment rien, et tu pourras dire que je ne t’ai rien offert pour ton mariage… » Interloqué devant cette énigme, j’ouvris fébrilement le paquet…A l’intérieur, une œuvre d’art …le mot « Rien » écrit en fer forgé, trônant sur un petit socle. C’était tout Philippe…drôle, unique, et dérisoire…

Pendant le spectacle du soir, magistralement orchestré par Dominique Duvivier, et pendant lequel de nombreux copains me firent le don de leur présence, (dont Kevin James, spécialement venu de Végas pour être mon témoin…si,si !)... Philippe improvisa un numéro avec Claude Rix…A eux deux ce fut le Muppet Show….

Ce fut aussi malheureusement la dernière fois que je vis Philippe…J’appris plus tard qu’il était déjà malade à ce moment, mais sur le coup, circulez…Y avait rien à voir !!!…la classe, quoi !!!

A quelques temps de là, il y eu sur le « net » une rumeur, comme quoi Philippe était mort….j’appelai aussitôt, tombais sur Ann, qui me rassura, et du coup, Je mis un post pour démentir…Ce que Je ne savais pas, c’est que Philippe, déjà bien malade à ce moment, fut assez choqué par ce faux bruit, et que cela ne l’aida pas à garder le beau fixe….mais comment en aurait-il pu être autrement…

On se parla un peu, il promit une prochaine visite à Paris, me dit aussi de m’attendre à une surprise si de mon coté je passais par Lourdes….

Puis vint la vraie mauvaise nouvelle….Philippe était parti retrouver ses vieux potes, et pour de bon cette fois…

Je fis le voyage jusqu’à Lourdes, pour l’enterrement….

Le fils de Philippe m’attendait à l’aéroport, « Philippe Junior »…

Si l’ambiance n’était pas à la rigolade, Junior, que j’avais connu ado, était maintenant un homme jeune, robuste, avec à ses cotés une femme enjouée, attendant leur futur bébé…Le contact fut immédiat…Il me mirent à l’aise tout de suite, content de retrouver un des copains du papa…

La messe fut impressionnante, le « tout Lourdes » était là, et je me rendis compte à quel point « l’autre Philippe » était aussi quelqu’un de reconnu dans son autre domaine…

Mais ce « Monsieur Fialho » là, ce n’était pas le mien, pas mon Fifi à moi…

Les cérémonies terminées, Junior me ramena dans leur maison, pour un petit pot d’amitié…

C’était la première fois que je découvris la maison, n’ayant jamais mis les pieds à Lourdes auparavant…

Fifi m’avait sans le savoir préparé une dernière surprise, géniale autant qu’inoubliable…en arrivant devant la propriété, je me frottais les yeux…

La maison et le jardin qui s’offraient à ma vue étaient la réplique exacte de la maison d’Aspremont, reconstruite à L’IDENTIQUE….

Cette maison, lieu de tant de hauts faits magiques, de tant de souvenirs inoubliables était là, devant moi, comme un retour vers le futur manifeste…

Et pas seulement l’extérieur…à l’intérieur, idem, chaque tapis, chaque table , chaque bouquet de fleurs, tout avait retrouvé la même place qu’à Aspremont…

Ann me fit les honneurs de la demeure, maîtresse de maison oblige….

Après le repas, elle me prit à part, et me fit visiter l’étage…seule partie de la maison différente de celle d’Aspremont…Je me retrouvais devant une bibliothèque imposante ;

Après avoir prononcé la formule magique, et sur un clin d’œil d’Ann, le mur s’ouvrit,(comme au « Magic Castle » pour découvrir un véritable donjon magique…

Une grande pièce ronde, avec sous le toit, un chef d’œuvre de charpente apparente…

C’était la pièce de travail de Philippe, une pièce à l’ambiance digne d’Harry Potter ;

Je retrouvais la table de bridge, autour de laquelle tant de magiciens célèbres s’étaient accoudés, des livres, des vidéos, et une multitude de trucs sur lesquels Philippe travaillait…Toute la pièce respirait Philippe, et j’étais autant ému que content à l’idée que la Magie l’avait enfin retrouvé…

Il me fallu un moment pour remarquer quelques photos de magiciens, cinq exactement, chacune joliment encadrée, chacune avec, au bas, une petite plaque cuivrée portant une légende gravée….

Les photos en format 18/24, étaient soigneusement alignées le long du mur…

La première, celle de Freddy Fah, avec en légende « Mon Maître »,

ensuite Dai Vernon, « Mon Idole »,

puis Brother John Hamman, « Mon Frère »,

et Fred Kaps « Mon Ami »,

et enfin la mienne, « Ma petite merveille »….

Et croyez moi, jamais reconnaissance ne me fit autant plaisir…

Voilà, c’est ce que j’avais à vous dire sur Monsieur Fialho ; L’histoire n’est pas finie, la vie continue, et Ann est maintenant la gardienne des clefs d’un domaine aussi intime et intense, que privilégié…

Quant à moi ce fut un plaisir de vous faire partager ces quelques anecdotes…

Aujourd’hui, peu de jours passent sans que j’ai Philippe en tête, mais c’est toujours avec le rire, et même le fou-rire à l’esprit…

En tous cas, vous saurez maintenant, que parfois, un petit « RIEN » peut vouloir dire beaucoup…

Bien à vous

Gaëtan .

  • Merci 2
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Citation:

Quant à moi ce fut un plaisir de vous faire partager ces quelques anecdotes…

Le partage quel plaisir pour nous aussi.

Merci Gaëtan.

Amitiés magiques

Kozou

L'illusion de la Vie... la Vie de l'illusion

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Merveilleux !

Sérieusement, à quand une (auto) biographie Gaëtan ?

Je suis sûr que nous en apprendrions beaucoup sur le milieu de la Magie à travers toutes ces anecdotes !!!

[ 07 Janvier 2003, 13:58: Message édité par : Marty ]

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    • Je reviens au sujet du livre, car c'est ce que j'ai choisi comme lecture récréative pour les vacances. La citation de Pierre Etaix sur la 4e de couverture a failli me faire passer pour un intellectuel auprès de mes beaux-parents (chez qui je passe une partie desdites vacances) parce qu'ils sont très... "Télérama". Mais j'ai senti à la tête de belle-Maman quand elle a vu la couverture (pourtant dudit Pierre Etaix) et à l'attitude de beau-Papa quand il a feuilleté le livre que leur furtif espoir de s'être trompés sur le compte du zigoto choisi par leur fille pour leur faire des petits-enfants avait encore été déçu.  J'en suis à la page 183, ça se lit agréablement. C'est étonnamment bien écrit pour quelqu'un qui a appris le français en écoutant Coluche. Je me suis marré plusieurs fois à voix haute et j'ai été étonné d'y trouver quelques remarques qui m'ont fait réfléchir sur la construction d'un numéro (dans le chapitre consacré au Champion de l'élégance). Par contre, je ne regarderai plus jamais les saucisses de Strasbourg de la même manière.  Une remarque négative, cependant, à @Otto WESSELY : pourquoi ne pas avoir mis la photo de la page 174 EN COULEURS, vu que tu dis qu'elle est belle en couleurs ?! Quelle frustration ! (Les autres, je vous entends penser "Frustration totale !", je lis dans vos pensées, je suis le plus grand des mentalistes). Je la trouve super, j'aimerais l'avoir en haute résolution pour l'imprimer en poster. Merci d'avance. Bisous. Un admirateur  (Je n'ai pas le courage de me taper les 36 pages du sujet pour voir si la question de ladite photo a déjà été soulevée)
    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?   
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
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