Hier soir sur France 2, 2 comédiens intermittents expliquaient qu'ils recevaient chaque mois des fiches de paie, sans versement d'aucun salaire. Les fiches de paie n'étant délivrées que pour permettre de justifier d'heures afin de toucher les allocations chômage.
Un autre, cameraman, montrait un mail pour un contrat de 1 mois dont seulement 10 jours lui étaient payés, le reste toujours versé par les allocations chômage.
Ces mêmes intermittents expliquaient qu'ils n'avaient pas le choix car refuser ce mode de paiement, c'est risquer de ne pas pouvoir cumuler suffisamment d'heures et donc ne pas recevoir de salaire.
Actuellement, un intermittent qui a atteint son quota d'heures est en mesure de négocier. Avec les nouvelles propositions du gouvernement, il lui sera plus difficile d'atteindre son quota, ce qui donnera à l'employeur un moyen de pression plus fort sur les intermittents.
Mais le système profite aussi aux intermittents. En effet, une fois le quota en heures atteint, l'intermittent peut exiger des compensations salariales à son employeur, compensations évidemment non déclarées. Ainsi, certains intermittents touchent 2 salaires et ne payent pas d'impôts, et profitent des tarifs réservés aux chômeurs (musées, cinéma). Ils peuvent même bénéficier de la prime pour l'emploi ! Ceci dit, c'est un juste retour des choses vu que l'employeur est toujours le premier gagnant : absence de charges salariales et salaires peu élevés.
Ainsi, un grand nombre d'intermittents atteignent curieusement tout juste leur quota d'heures, et expliquent que les nouveaux quotas vont les mettre au chômage, en omettant bien sur de dire qu'il y a une différence entre nombre d'heures déclarées, et nombre d'heures effectuées...
Bref, le système actuel profite à tout le milieu, mais les intermittents ne sont pas opposés à une réforme pour plus de transparence. Ils jugent même la réforme nécessaire pour sauver leur statut et équilibrer les comptes de leur caisse d'assurance chômage.
Par contre, les mesures du gouvernement vont pénaliser les intermittents au profit des employeurs qui sont les premiers profiteurs du système. En augmentant les quotas, l'employeur continuera de payer les intermittents par le biais de l'assurance chômage, et pourra plus facilement trouver des salariés qu'il n'indemnisera plus. Du coup, les intermittents n'auront plus que leur assurance chômage pour vivre, les obligeant certainement à changer de métier.
En modifiant les quotas, le gouvernement tente de transformer une partie du travail non déclaré en heures déclarées. Cette mesure va donc diminuer les revenus des intermittents, déjà peu élevés pour certains, tout en privilégiant l'employeur qui versera un peu plus de charges, et un peu moins au 'black' (voire beaucoup moins)... Même si une réforme de ce système est nécessaire, on ne peut tout de même pas cautionner un tel système. Alors certes c'est regrettable que des festivals soient annulés cet été, mais si c'est le seul moyen d'obtenir une révision d'une réforme aussi injuste c'est un mal nécessaire.