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Les Signes de l'Existence de la Réalité


Patrick FROMENT

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Certaines thèses de philosophie sont un vrai régal pour l’illusionniste (en tout cas pour l’illusionniste qui considère que l’illusion n’est pas que divertissante mais qu’elle dit beaucoup sur notre rapport au réel) :


Réalité illusoire et illusion réelle. Double monde et monde du double par FRANÇOISE COIGNET
 

L'objet de cette thèse est de remettre en question la singularité du réel et de l'appréhender a partir de l'illusion, a laquelle on l'oppose généralement. Il n'y a pas une réalité, mais des manifestations illusoires, c'est-a-dire des apparences qui sont nos réalités. Il s'agit donc d'évoquer les réels qui se manifestent incessamment mais aussi ceux que nous élaborons grâce au langage. Il s'en suit qu'il y a autant de réels que de discours portes sur le monde. Un autre aspect de ce travail privilégie le thème du double, c’est à dire l'altérité, le reflet, l'ombre ou le spectre. Ainsi, nous réactivons la prépondérance des illusions dans les constructions des réels que nous conquérons. En outre, nous avons pris le parti de réhabiliter les apparences et les fantasmes. Nous avons cheminé contre la philosophie et la science dont le travers commun est de ratiociner, de tout sacrifier a l'intelligence et au désir de vérité. Nous avons voulu exalter l'illusion nécessaire et bienfaisante par où la vie croit et se propage, et proclamer que vivre vaut mieux que comprendre.

 

Le travail de Françoise Coignet semble reprendre une vieille idée philosophique (il n’y a pas de "réalité", la "réalité" c'est les apparences) ainsi que le vieux projet des surréalistes de reconnecter l’Homme à son intériorité par l’exaltation des "réalités" que sont les fantasmes et le monde onirique.

Le projet me fait quelque peu penser à celui de Mona Chollet dans son ouvrage La tyrannie de la réalité :

Dans ce livre mordant et salutaire, Mona Chollet met à nu l'idéologie implicite de certains " réalistes ", elle ouvre aussi joyeusement un chemin de traverse. Elle nous rappelle les bienfaits de l'imagination et du rêve, non pas pour " fuir la réalité ", mais au contraire pour se donner une chance de l'habiter pleinement.

Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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  • 2 weeks plus tard...
Le 07/08/2017 à 20:01, Christian GIRARD a dit :

Retourner la réalité physique comme une chaussette pour en faire une illusion générée par la conscience (ce qu'elle est en partie, je ne le nie pas)

En fait comme l'explique Michel Bitbol (philosophe, physicien et médecin) dans la vidéo ci dessous (entre 4:55 et 6:33) ce "retournement de chaussette" n'est pas donné à tout le monde. Il s'agit d'une commotion (...cérébrale ?), une révélation, une conversion qui n'est donnée qu'à certains êtres "sur - sensibles". 😀😂🤣

 

Citation

La conscience est le fait de tous les faits. Elle est le fait que présuppose tous les faits qui se manifestent puisque c’est en elle que chaque fait se manifeste (…) Or la conscience est habituellement négligée, minimisée, parfois oubliée. On voit tout au travers de la conscience mais on oublie la conscience elle-même. (…) Afin que la conscience éclate comme ce qu’elle est c’est à dire comme l’éclat même de tout ce qui est, il faut donc que le sujet conscient subisse une commotion, une révélation, une conversion. Aux yeux d’un sujet « converti » (c’est à dire « sur-sensible ») le rapport entre la conscience et les choses dont il a conscience s’inversent… ou plutôt se redressent. Ce sujet met en cause une cosmologie purement objectiviste qui n’inclut la phénoménologie que comme un envers caché des processus matériels et il la remplace par une « cosmo-phénoménologie » c’est à dire une cosmologie marquée par la phénoménologie dans laquelle la conscience est le véritable endroit de la substance du monde.

 

Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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Il y a 4 heures, Patrick FROMENT a dit :

En fait comme l'explique Michel Bitbol (philosophe, physicien et médecin) dans la vidéo ci dessous (entre 4:55 et 6:33) ce "retournement de chaussette" n'est pas donné à tout le monde. Il s'agit d'une commotion (...cérébrale ?), une révélation, une conversion qui n'est donnée qu'à certains êtres "sur - sensibles". 😀😂🤣

Merci, je visionnerai la vidéo plus tard. En attendant, tu m'as entraîné dans une bien étrange recherche dans VM, qui associe les mots "chaussette" et "conscience"  😆, et j'ai trouvé ceci :

Si la matière est bien première, et que la conscience est bien un phénomène émergent, cette conscience génère une "vision" du réel chargée de subjectivité, et cet univers pensé et senti s'ajoute au réel en une couche supplémentaire. Je rappelle l'image que j'avais mise en lien dans le message auquel tu faisais référence de ton côté :

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Hergé crée un personnage, Tintin, et un univers en BD propre à ce personnage. L'interaction de la BD avec les lecteurs de la planère entière fait que le dessinateur Hergé est également et d'une certaine façon créé à leurs yeux au sens qu'il n'existerait pas dans l'esprit de chacun s'il n'avait pas lui-même créé son petit personnage imaginaire. Sans Tintin, Hergé disparaît même s'il reste George Remi.

Dans mon exemple, si Tintin "crée" Hergé (d'une certaine façon puisque sans Tintin, Hergé n'existerait pas pour ses lecteurs) c'est bien Hergé qui à la base et de façon première a créé Tintin (et de plus plus on évoque deux "créations" non superposables en essence, mais des créations quand même). 

Oui, c'est une sorte d'analogie 😉 : l'Univers réel crée un être pensant qui à son tour crée une vision propre de cet Univers, forcément réductrice mais néanmoins créatrice. Par un effet de feedback, cette pensée affecte le Réel en l'augmentant par de l'imaginaire. L'Univers est donc en expansion également pour ce qui concerne la qualité et la complexité de son contenu.  

Modifié par Christian GIRARD
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J'aime bien les sites conçus comme des plates formes collaboratives sur lesquels on peut soumettre des questions à la sagacité d'autres internautes (de la question la plus "scientifique" à la plus "loufoque").

J'ai déjà évoqué Quora

Récemment j'ai découvert https://askfrance.me/

On peut y poser des questions de cuisine :

Comment hacher des oignons sans pleurer?

ou des questions plus scientifiques :

Une planète entièrement constituée d'eau pourrait-elle exister?

Il y a aussi toute une partie philosophique et métaphysique avec des questions en lien direct avec le sujet qui nous intéresse ici :

Peut-on connaître la nature fondamentale de l'espace et du temps?

L'hypothèse de simulation est-elle en dehors de la science?

Quelles sont les hypothèses les plus élémentaires que l'on doit faire pour faire de la science?

C'est plutôt d'un très bon niveau (en ce qui concerne la philo en tout cas). J'aime bien le côté collaboratif et contradictoire. Notamment toute la partie qui consiste à interroger la question elle-même pour voir si elle a du sens et s'il n'est pas possible de formuler la question autrement.

Les annotations sont souvent riches et pertinentes.

Il manque quand même un outil du style moteur de recherche à ce site.

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Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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Une vision zen de l'argument du bâton* (extrait de Sagesses et malices du zen de Marc de Smedt et Jochen Gerner) :

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Notons que la question très précise du moine "D'où vient ta douleur, d'où vient ta colère ?" est censée répondre à la question "Qu'est ce qui existe ?" 🙂

... Moi, comme ça, je serais tenté de répondre au moine : "Ma douleur et ma colère et viennent de mon esprit"

 

 

* On appelle l’argument du bâton, l’irruption passablement brutale de la sensation physique (le coup de bâton) chez celui qui serait tenté de mettre en doute la réalité objective des choses.

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Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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Il y a 1 heure, Patrick FROMENT a dit :

... Moi, comme ça, je serais tenté de répondre au moine : "Ma douleur et ma colère et viennent de mon esprit"

Avant le coup, il n’y avait ni douleur ni colère. 
Les coups génèrent un ensemble de phénomènes physiques et psychiques qu’on traduit en ces termes : douleur et colère. Les uns  ne vont pas sans les autres. 

Le bâton n’est porteur ni de douleur, ni de colère. Mais sans le coup l’esprit n’aurait généré ni douleur ni colère. 
 

C’est bizarre cette façon que tu as de cloisonner. Que tu le veuilles ou non, les autres agissent sur toi, avec ou sans bâton. 
 

Que seraient ta conscience, ta colère, tes joies et tes peines sans cette interaction depuis ta conception entre elles et ce qu’il faut bien nommer le réel (donc les autres, qui en font partie) ? 
 

Je suis intimement persuadé que tu es si attaché au réel que tu refuserais de te prêter à une expérience qui te priverait de ton rapport à lui.
 

Qu’est-ce que vivre si ce n’est justement l’expérience de cette « confrontation » avec le réel ? 

Modifié par Christian GIRARD
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