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[Réflexion] Dons de Magie ou Chance


Spadra

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Bonjour Serialseb

Merci pour votre contribution.

« Tour de force » de Daniel Rhod figure également dans « Secrets virtuels » ainsi que dans Imagik n° 13. Ce tour ne répond pas vraiment au cadre proposé plus haut puisqu’il repose sur une méthode de forçage psychologique. Comme je l’ai écrit « un simple forçage (efficace et insoupçonnable) suffirait à générer le trouble du spectateur, mais ce n’est pas l’objet de cette réflexion ». Chercher des voies plutôt psychologiques permettant de donner l’impression d’un choix libre (mais qui n’est libre qu’en apparence) reste une piste à défricher qui mériterait de ne se pencher que sur cette seule approche. Je me souviens avoir débattu avec Rhod, à l’époque où fut publié « Tour de force », d’une idée fascinante qui diverge de celle des sorties multiples si prisées en magie, il s’agit des sorties à tiroirs. L’objectif est de pouvoir réagir face à un échec lorsque cela arrive si l’on use d’un forçage psychologique, même idyllique (pour reprendre la terminologie de Rhod). Ainsi, une seconde sortie convaincante mais tout aussi «idyllique » peut être envisagée ; si cette dernière échoue aussi, ça peut ouvrir la porte à une troisième tout aussi convaincante et ainsi de suite. Je ne sais pas si des textes furent publiés à ce sujet dans la littérature magique. Le paradoxe est que le tiroir du troisième degré peut se révéler d’un impact magique supérieur à celui du premier degré ! Ainsi se présente une situation tout à fait inhabituelle pour le magicien, consistant à trouver des méthodes pour faire échouer les sorties de degré un et deux ! Intéressant n’est-ce pas ?

Marlo use lui aussi d’un stratagème redoutable de simplicité dans Fifty-fifty, tour auquel vous faites référence. Là encore, il y a quand même une préparation, un travail en amont. Le magicien contrôle parfaitement la situation des cartes dans le jeu et il existe une double sortie (l’une des deux plus nette que l’autre). En tout cas, on est dans le cadre des probabilités débattues dans les messages précédents. Avec ce tour de Marlo, on peut tirer cette conclusion riche d’enseignement : même lorsque la probabilité donne seulement une chance sur deux au spectateur de faire échouer le magicien, ça reste suffisant pour générer un effet magique ! On est loin d’une chance sur cinquante…

Je n’ai pas le temps de poursuivre mon intervention plus avant aujourd’hui, je vais donc terminer en illustrant un paradoxe qui découle en partie du principe de raison insuffisante (Robert Musil, L’homme sans qualité).

Trois cartes sont posées sur la table, alignées et face en l’air. Le spectateur pense à l’une de ces trois cartes. Le magicien a donc une chance sur trois de découvrir par hasard laquelle est la carte pensée.

Si le magicien sépare mentalement les cartes par une ligne imaginaire isolant une carte « à gauche » et « deux cartes à droite », il y a alors une chance sur deux pour que la carte choisie soit « à gauche » ou « à droite ». Abordée selon cet angle, la carte de gauche, isolée, a donc une chance sur deux d’être la carte choisie ! Je vous laisse vous débattre avec ce paradoxe qui fait que l’on passe d’une probabilité de un tiers à un demi par ce biais conceptuel.

En lien connexe, je vous renvoie au livre de Martin Gardner « le Paradoxe du pendu » (Éditions Dunod 1971) qui présente d’autres paradoxes logiques du même ordre.

C.G.

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  • 2 années plus tard...

Salut à tous ! Et merci par avance à ceux qui apporteront leur contribution à cette réflexion.

C.G.

Merci donc à Serialseb :).

[...] je vais donc terminer en illustrant un paradoxe qui découle en partie du principe de raison insuffisante (Robert Musil, L’Homme sans qualité).

Trois cartes sont posées sur la table, alignées et face en l’air. Le spectateur pense à l’une de ces trois cartes. Le magicien a donc une chance sur trois de découvrir par hasard laquelle est la carte pensée.

Si le magicien sépare mentalement les cartes par une ligne imaginaire isolant « une carte à gauche » et « deux cartes à droite », il y a alors une chance sur deux pour que la carte choisie soit « à gauche » ou « à droite ». Abordée selon cet angle, la carte de gauche, isolée, a donc une chance sur deux d’être la carte choisie ! Je vous laisse vous débattre avec ce paradoxe qui fait que l’on passe d’une probabilité d'un tiers à un demi par ce biais conceptuel.

En lien connexe, je vous renvoie au livre de Martin Gardner Le Paradoxe du pendu (Éditions Dunod 1971) qui présente d’autres paradoxes logiques du même ordre.

Une autre version de ce biais est de répartir les magiciens en deux catégories : les "anti-Untel" et les "pro-Untel". Via cette dichotomie à l’emporte-pièce, on gomme ainsi toutes les nuances, toutes les finesses, toutes les contradictions (qui pourtant peuvent cohabiter), toute la diversité, toutes les différences, toutes les singularités. « Deux blocs, seulement deux blocs »... C’est là où ça débloque :crazy: ! Pour revenir à l’exemple ci-dessus, c’est comme si un jeu n’était pas composé de cinquante-deux cartes mais plutôt d’UN TAS (d’une carte) d’un côté et d’UN SECOND TAS (de cinquante et une cartes) de l’autre. Amusant, mais encore faut-il ne pas être dupe de la méthode… :D;) !

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Tiens, sur ce sujet je vais vous raconter une petite expérience.

Un jour où un tour catastrophique s'est transformé en tour de force...

Je faisais un tour à une fille qui avait un peu bu (et mois aussi, mais juste de quoi être un peu "pompette") et qui avait pas mal de tempérament. Il me semble que c'était un tour du monde des mélanges ou une carte ambitieuse. Toujours est-il que je n'ai pas réagi assez vite lorsqu'elle m'a arraché les cartes des mains, j'ai eu à peine le temps de faire un très (trop) léger crimp...

Son mélange n'était pas très compliqué, et se faisait surtout par gros paquets de cartes (par contre elle avait eu l'idée de tordre le jeu entier, adieu mon crimp). Ainsi j'avais une vague idée de l'emplacement de sa carte, mais c'est tout.

Bref, mon tour était raté, mais avant d'avoir recours à un cull, j'ai tenté ma chance : j'ai étalé le jeu, repéré une carte qui me semblait un tout petit peu plus tordue et qui se trouvait dans la zone où je savais que la carte était (je ne sais pas si je l'ai imaginé, c'était très subtil cette torsion). Bref j'ai mis en scène la "recherche", puis j'ai sorti cette carte. C'était la bonne.

Je crois que ça fait partie d'un des plus beaux tours que j'ai réussi (enfin, plutôt un des plus marquants). Cette fille ne m'a plus jamais embêté et n'a plus jamais tenté de m'arracher mon jeu (et j'ai aussi appris à gérer ce genre de spectateurs...).

En tout cas, la chance m'a souri ce jour-là. Le dieu des magiciens est bienveillant semblerait-il :)

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La chance se provoque !

Suffit juste d'avoir prévu à l'avance quoi faire si la situation idylique arrive et quoi faire si elle n'arrive pas.

Il faut aussi savoir s'arréter juste après, même si l'on se sent pousser des ailes, pour rester sur quelque chose de vraiment impossible et irremontable.

https://www.fabienarcole.fr

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  • 1 month plus tard...

Je fais remonter ce sujet pour mettre en évidence un passage pour Patrick Froment qui vient de rejoindre le forum. Je suis sûr que ça va t'intéresser. :D

Trois cartes sont posées sur la table, alignées et face en l’air. Le spectateur pense à l’une de ces trois cartes. Le magicien a donc une chance sur trois de découvrir par hasard laquelle est la carte pensée.

Si le magicien sépare mentalement les cartes par une ligne imaginaire isolant une carte « à gauche » et « deux cartes à droite », il y a alors une chance sur deux pour que la carte choisie soit « à gauche » ou « à droite ». Abordée selon cet angle, la carte de gauche, isolée, a donc une chance sur deux d’être la carte choisie ! Je vous laisse vous débattre avec ce paradoxe qui fait que l’on passe d’une probabilité de un tiers à un demi par ce biais conceptuel.

C.G.

Pour revenir à l’exemple ci-dessus, c’est comme si un jeu n’était pas composé de cinquante-deux cartes mais plutôt d’UN TAS (d’une carte) d’un côté et d’UN SECOND TAS (de cinquante et une cartes) de l’autre. Amusant, mais encore faut-il ne pas être dupe de la méthode… :D;) !

J'ajoute deux citations parmi bien d'autres en relation avec le principe de raison insuffisante qui devrait susciter un peu d'intérêt me semble-t-il :

Le principe de raison insuffisante imposerait en effet l’attribution de probabilités égales à chacune des conséquences possibles.

On peut faire deux objections distinctes à cette procédure. En premier lieu, elle dépend, de manière arbitraire, de la partition de l’espace des états du monde possibles. En deuxième lieu, elle dépend, de manière également arbitraire, de la conceptualisation de ces mêmes états.

L'article complet ici (mais vous pourrez glaner de nombreuses autres données via saint Google) :

http://www.college-de-france.fr/media/rat_soc/UPL64658_24_janvier__2_.pdf

Christian Girard

Modifié par Christian Girard
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