Éditeur : Editions Georges Proust
Année : 2016
Format : 188 x 252 mm
Pages : 276 – cahier cousu, dos carré, couverture cartonnée
Prix : 65€
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Encore un bouquin de tours de cartes me suis-je écrié in petto et en latin en recevant le beau livre à couverture cartonné “La Magie des Cartes pour le Salon et la Scène” de Roberto GIOBBI.
Il m’adressait par photo interposée un sourire tentateur accompagné de son doux regard de myope, allais-je résister ?
Un kilo de savoir
Comme chacun ne le sait pas, si je ne propose en public que trois expériences cartomagiques, j’expérimente dans le secret de mon alcôve toutes sortes de trucs tordus avec des bicycles plus ou moins malmenées.
C’est pourquoi je m’autorise à vous causer de ce pavé de savoir magique qui pèse tout juste un kilogramme et mesure 19 X 21 cm pour une épaisseur de 2,5 cm (ceci précisé à l’intention des malveillants qui mettent en doute une objectivité que je voudrais croire légendaire).
Un menu alléchant
Ayant surmonté la peur respectueuse que m’inspirait cet imposant ouvrage, j’ai commencé par une lecture rapide de la table des matières, qui s’est révélée alléchante. Jugez plutôt : quatre grandes parties divisent les 258 pages d’un texte facile à lire bien que rigoureux.
En effet, Roberto GIOBBI en bon professeur, à défaut d’être un gros rigolo, a une pensée claire qui n’omet aucun détail, ce qui rend très confortable ses écrits.
D’abord la théorie
Les deux premières parties du livre occupent 33 pages et doivent être absolument lues et relues car elles contiennent tout ce qu’il faut savoir pour présenter une bonne magie des cartes. Résistez à la tentations de vous précipiter pour découvrir les tours (excellents) qui terminent la seconde et dernière partie du livre.
Les premières pages sont essentielles, elles nous ouvrent les portes du succès, nous y apprenons comment choisir nos tours, comment organiser notre spectacle, et surtout comment choisir, gérer nos partenaires (j’allais dire nos victimes) et nos spectateurs pour les amener à déclencher le tonnerre d’applaudissements que mérite nos prestations (et peut-être notre talent).
Une pépite
Soit dit en passant attardez vous sur la page 21 : elle est consacrée au texte qui devrait accompagner chacun de nos tours et contient des conseils qu’il faut mettre à profit sans réserve.
Les techniques nécessaires
Voilà, on arrive enfin à l’endroit du livre où l’on commence à tripoter nos chers bouts de cartons bordurés de blanc, mais là aussi la rigueur s’impose !
En cinq mini-chapitres (60 pages) prof. Roberto nous rappelle avec force détails toutes les techniques qui sont nécessaires à la réussite de nos prétendus miracles.
L’arsenal des techniques
20 pages sur des coupes et mélanges vrais et faux, 12 pages sur les contrôles d’une ou plusieurs cartes, 7 pages sur les forçages, 7 pages sur les empalmages (y compris de précieux conseils signés Vernon ou Leipzig) concernent les changements de couleur.
Le dernier volet de cette partie technique est intitulé filages et il comporte 14 pages.
Ces dernières se divisent pour décrire glissages, levées doubles (comment les retourner et les replacer), fausses donnes (en second pour forcer), et aussi donnes du dessous pour faire bonne mesure, ces dernières étant détaillées en une page et demie).
Le chapitre technique se termine par une excellente description du filage du dessus accompagnée luxueusement de 8 photos.
Le spectacle commence
O joie ! voici le chapitre que nous attendions tous (esquissons un petit pas de danse) avant d’aller découvrir les tours de “La Magie des Cartes pour le Salon et la Scène” choisis et détaillés par l’auteur.
Pour parler crûment il ne s’est pas f… de notre gueule !
Pas moins de 144 pages pour 13 tours dont le moindre est garanti avoir un gros impact sur le public (quand ce n’est pas sur les magiciens !).
Chaque tour est suivi d’un addenda, claire référence aux “afterthoughts” chers à Harry Lorayne et que malicieusement Roberto nomme : “Ah! j ‘allais oublier !” Tout cela permet de retrouver les sources des différentes versions de chaque tour.
La touche du pro
En plus l’auteur partage avec la générosité qu’on lui connaît les”bits of business” qui donnent un fini pro à chaque tour.
Soixante Six Pages Précieuses
Pour en finir avec les généralités concernant cet énorme chapitre dont les 144 pages occupent la moitié du livre, ne négligeons pas l’ appendice de 66 pages qui suit.
Ces pages contiennent des références bibliographique précises, permettant de retrouver les écrits fondamentaux des meilleurs magiciens anciens et modernes.
Parmi les trop nombreux auteurs, je ne citerai que les plus connus :
- Jules Dhotel,
- Henri Decremps,
- Erdnase,
- O. Fischer,
- Lewis Ganson,
- Camille Gaultier (à lire, gratuitement, sur Gallica),
- John Hilliard,
- Jean Hugard,
- Paul Le Paul,
- l’incontournable Edward Marlo,
- Jean-Eugène (French dépoussiéreux),
- puis Sharpe,
- suivi de JuanTamariz qui précède Tarbell,
- sans oublier “le professeur” sans qui la cartomagie ne serait pas ce qu’elle est, l’immense Dai VERNON.
Aux ouvrages cités s’ajoute une liste de 10 magazines dont certains sont téléchargeables pour une somme modiques sur Library.com de Wasshüber.
Puis, muscade sur le tapis (!), il y a en plus les références de 4 notes de conférences et de 5 liens vers des démos cartomagiques à visionner sur le vaste internet.
Les 13 Tours
En ce qui me concerne, outre trois tours de fou (de l’avis des experts qui ont lu avant moi le bouquin), j’ai retenu l’incontournable “carte dans le citron” (page 199 à 210) accompagnée de 28 images (dessins et photos).
C’est une des meilleures descriptions que j’ai jamais lues.
Après, j’ajouterai “Le Poker Suisse” dans lequel un spectateur nomme une carte qui se matérialise magiquement dans la cigarette qu’il a choisi librement parmi les 20 cigarettes d’un paquet. (15 pages pour 17 illustrations et l’ombre de génie de Fred KAPS).
Et voici le menu complet
L’appel des cartes
11 pages et 14 illustrations + un bonus de Patrick PAGE.
Effet
Le jeu est mélangé par plusieurs spectateurs, l’un d’eux prend 10 cartes, le magicien en devine 9, quant à la dernière..elle se révèle avoir été prédite.
Ce que j’en pense
Beaucoup d’effet pour un procédé facilement maîtrisable.
Comme souvent dans le livre tout est dans la mise en scène et chaque mot compte, la surprise finale vaut le détour.
Et pourtant la voilà
6 pages et 7 illustrations.
Effet
Révélation d’une carte choisie aussi incroyable qu’amusante car le magicien dupe à la fois le spectateur qui a choisi la carte et le public en feignant une erreur qui se transforme en triomphe.
Ce que j’en pense
Un filage, facilité par la présentation et le plaisir de proposer un jeu de dupes, font la valeur du tour.
La métamorphose du fou
9 pages et 14 illustrations.
Effet
Un spectateur annonce une carte, celle-ci “remonte” invisiblement d’un jeu de cartes placé dans un verre, puis dans un second temps placée sous le verre permute mystérieusement avec un joker mis dans le verre.
Ce que j’en pense
C’est le seul tour de l’ouvrage qui convient plus au salon qu’à la scène.
Il demande un peu de subtilité dans la présentation de la première partie. Par contre la permutation ne devrait pas poser de problème même s’il faut faire une seule donne en second car l’attention du public est distraite, juste quand il faut, par une astuce de présentation.
Vice versa
6 pages et 5 illustrations.
Effet
Deux spectateurs choisissent chacun une carte. Perdues dans le jeu, elles se retrouvent quasi instantanément au bout des doigts du magicien.
Mais voilà, les cartes ne correspondent pas, alors pour rétablir la situation il faut qu’elles changent magiquement de côté.
Ce que j’en pense
Pas de difficulté notoire. La double révélation spectaculaire dépend d’un principe connu sans doute par beaucoup d’entre nous.
La comédie des erreurs
10 pages et 15 illustrations.
Effet
Quatre dames se transforment en cartes quelconques avant d’être retrouvées dans les différentes poches du magicien.
Ce que j’en pense
L’ombre de Dai VERNON plane sur cette routine qui donne aux cartomanes tout loisir de montrer leur habileté.
La présentation suggérée par Roberto permet de surmonter les quelques difficultés rencontrées.
Une prédiction risquée
9 pages et 9 illustrations.
Effet
Un spectateur prend une carte dans un jeu bleu mélangé, le magicien fait de même mais dans un jeu rouge. Première surprise les cartes correspondent, en plus la carte avait été prédite.
Cette prédiction se trouve dans une des 4 enveloppes choisie par le spectateur. Heureusement pour l’artiste car les autres enveloppes contiennent des billets de banque ! C’est fou non ?
Ce que j’en pense
C’est l’occasion de sortir de son tiroir notre Himbert wallet et de montrer quelques gros billets de banque.
Le texte nous guide pas à pas. Techniquement ce n’est pas difficile. Petit bonus : une solution sans portefeuille à échange nous est donné par dessus le marché.
Les trois roses
10 pages et 16 illustrations.
Effet
Une carte à dos rouge que personne ne connaît est placée dans un jeu bleu isolé dans un verre. Trois spectatrices sont désignées par une roses lancée au hasard. Chacune de ces personne contribue à définir un nom de carte : miracle ce sera celui de la carte insérée dans le jeu.
Ce que j’en pense
Une idée poétique et beaucoup de subtilité dans le maniement des spectatrices pour un tour dont le succès qui ne s’est pas démenti depuis le temps où Hofzinser offrait des fleurs aux dames.
A ce propos Roberto fait une digression intéressante sur l’adaptation de ce tour (et d’autres) à la magie destinées aux entreprises.
La triple prédiction d’Hofzinser
7 pages et 15 illustrations.
Effet
Trois cartes (prédiction) sont placées dans un mouchoir confié à une dame.
Trois spectateurs prennent chacun une carte, la signe puis les cartes sont perdues das le jeu. Tonnerre de Brest et d’applaudissements, les cartes dans le foulard sont les cartes signées !
Ce que j’en pense
C’est l’occasion de réviser le contrôle multiple de Dai Vernon décrit à la page 61.
Le messager du diable
7 pages et 8 illustrations.
Effet
Trois cartes sont choisies et signées respectivement par trois spectateurs puis elles sont perdues dans le jeu.
Coup de théâtre, arrive du fond de la salle un messager portant une enveloppe cachetée expédiée par “le Diable” ! Dans l’enveloppe on trouve les 3 cartes signées !
Ce que j’en pense
Voilà un tour qui nous permet de faire montre de nos talents de comédien. Son exécution demande plus d’aplomb que de techniques : 3 forçages et un contrôle multiple suffisent. Un tour à la gloire de Fedex !
Le poker suisse
15 pages et 29 illustrations (cf ci-dessus).
La carte dans le citron
12 pages et 28 illustrations (cf ci-dessus).
Le jeu de Napoléon
13 pages et 12 illustrations.
Effet
Le magicien dirige à distance une partie de “Nap” et fait gagner contre toute attente la joueuse qui semblait avoir le plus mauvais jeu.
Ce que j’en pense
Roberto nous offre une leçon de manipulation de… spectateurs !
C’est l’occasion d’une vraie comédie où le magicien peut jouer à être le maître d’un jeu qui se termine par une surprise finale de taille.
La carte poignardée
Effet
19 pages et 39 illustrations pour laquelle j’ai la tendresse qui convient à ce tour terrifiant (pour ne pas dire spectaculaire) qui consiste à poignarder la carte choisie perdue dans l’étalement entre deux feuilles de journal.
Ce que j’en pense
C’est sans doute le tour le plus spectaculaire de l’ouvrage.
Sa préparation demande un peu de soin. Son succès ne se dément pas et cela depuis le XVIIème siècle.
Techniquement très abordable c’est en dramatisant avec humour ce tour qu’on obtiendra des applaudissements mérités (et puis c’est l’occasion de se procurer le couteau à cran d’arrêt dont on rêvait enfant en lisant en cachette Fantomas !).
Conclusion
C’est un ouvrage de référence : tout ce qu’il faut pour une magie des cartes spectaculaire.
Traduit de l’anglais par deux spécialistes :
- Abdul ALAFREZ est le magicien auxquels les plus grands metteurs en scène n’hésitent pas à faire appel. Créateur d’illusions adaptées au théâtre, sa culture magique et sa formation artistique lui font aborder avec succès tous les domaines de la magie spectaculaire.
- Dominique PESCHARD est un collectionneur passionné, servi par une myopie à laquelle aucun détail n’échappe, il met au service de la magie son érudition et son savoir d’universitaire de professeur de faculté.
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