Éditeur : Editions Georges Proust
Année : 2015
Pages : 344 pages
Format : 140 x 225 mm
Prix : 30€
Ce livre est un texte original d’un auteur anonyme du XVIIeme siècle (1643-1654), transcrit et annoté par Philippe SAINT-LAURENT.
C’est chronologiquement le troisième livre consacré à la magie en France, depuis le début de l’imprimerie, après le Prévost (1584) et le Leurochon (1626). Il a été écrit entre 1643 et 1654.
C’est un élément essentiel pour l’histoire de la magie et pour la connaissance des techniques, par sa qualité et ses informations.
Philippe Saint-Laurent l’a transcrit, annoté et a fait une recherche sur son auteur.
En fait Il s’agit de la découverte d’un manuscrit en 2004, puis sa numérisation par une université américaine en 2014, ce qui à permis à Philippe Saint-Laurent de le commenter et de le traduire en Français lisible, il vient de le sortir en août 2015.
Philippe Saint-Laurent en plus de le rendre lisible en Français contemporain sans en dénaturer le texte, y ajoute une recherche très intéressante sur l’auteur (anonyme), il semble qu’il soit plausible que celui-ci soit GASSENDI, un illustre savant du XVIIe siècle.
La lecture de ce document est un peu ardue mais donne une bonne idée de l’ambiance des bateleurs aux abords du Pont Neuf.
On se plonge dans ces films historiques où l’on voit la cour des miracles et ses bateleurs autour de Notre-Dame, ce sont les années MAZARIN après la mort de Richelieu en 1642.
C’est aussi un témoignage contemporain à MOLIERE, lui-même pourrait avoir été inspiré par la lecture de ce manuscrit (MOLIERE et GASSENDI se sont connus et respectés).
En exemple, dans “Les Fâcheux de Molière” première comédie-ballet qu’il a écrite en 1661 on retrouve les personnages du manuscrit : on ne saura jamais si Molière a lu le manuscrit mais, Alidor correspond à Alcidor, Célimène à Clymène et Phyllis à Filinte.
Enfin le personnage essentiel est Nicaise (anagramme de « ce niais ») que l’on retrouve dans tout le théâtre sous le nom de Dandin. Dandin est dans les anciens dictionnaires une sorte de sot et de niais qui regarde de ça et de là.
La lignée Nicaise-Dandin-Candide traverse les pièces de théâtre de toute cette époque. Chez Rabelais (le Tiers-Livre), Racine (Les Plaideurs), Molière (George Dandin), La Fontaine (l’huître et les plaideurs) pour finir en Candide chez Voltaire.
Le récit met en scène ”Nicaise” arrivé à Paris de sa campagne, qui se promène le long du Pont Neuf et qui découvre les Bateleurs, dans un premier temps il se fait escroquer gentiment sous les regards amusés de ses guides « Alidor et Philidam », il est tellement niais qu’il prend pour argent comptant tous les « miracles » auxquels il assiste, il se fait proprement dépouiller de tout son argent.
Et puis il cherche, grâce à des « devins », à retrouver ses escrocs et se fait encore plus dépouiller.
Donc on assiste à toutes les représentations de l’époque et aussi à tout un tas d’escroqueries ce qui permet à l’auteur d’en décrire les artifices et les méthodes.
Bien qu’à cette époque sûrement beaucoup de public devait encore ”croire” aux miracles, on retrouve toutes les ficelles que l’on utilise aujourd’hui en spectacle magique.
Comme quoi le cerveau humain n’a pas beaucoup changé, et je suis sûr que les écrits à l’époque des pharaons ne devaient pas être si différents, sauf qu’il ne sont pas parvenus jusqu’à nous, mais ce genre de bateleurs on en voit apparaître sur les bas reliefs des Pyramides et on devine qu’ils devaient avoir les mêmes buts.
On retrouve dans ce récit les ventriloques, l’homme volcan, les 3 bagues enfilées (Himber ring), la misdirection, la baguette magique, les pièces à travers la table, les gobelets, la gibecière, la poudre magique, le livre qui s’écrit (Color book), le sac à l’œuf, les paris impossibles, la corde coupée et raccommodée, l’horoscope et la divination (effet Barnum), l’astrologie, la pierre philosophale (argent en or), le change de couleur, le fakirisme, les divinations et nombres pensés, les tricheries , les anneaux, les esprits, les drogues, etc….
Suit une parfaite description des tours de ces charlatans. A l’époque ces bateleurs annonçaient posséder un pouvoir et il ne devait pas être si évident pour les parisiens de s’apercevoir qu’il s’agissait de duperies. La grande majorité du public venait se divertir et une partie pouvait s’y laisser prendre.
Je pense que ce manuscrit était réservé aux érudits pour les avertir et leur expliquer les différents pièges à éviter et ainsi ne pas se faire posséder.
Evidemment le plus gros de la population n’était pas dupe mais ignorait encore les procédés employés. Il n’existait pas encore Youtube pour faire des recherches quand on soupçonnait quelque chose et ce manuscrit était réservé à une élite.
Les bateleurs eux devaient se transmettre ces ‘trucs’ par oral.
Conclusion
Un magicien un peu confirmé n’apprendra pas grand chose des descriptions de l’époque, mais c’est un élément essentiel pour l’histoire de la magie, et pour certains qui font de la magie en costume cela peut renforcer la crédibilité de leurs représentations.
C’est un livre à posséder dans sa bibliothèque pour tout passionné de magie, afin de connaître les racines de chaque tour, en retrouver l’origine, puis comparer avec ce qu’il en reste aujourd’hui, la simplification nous permet de comprendre où se situe l’âme de ces tours.
Pour une fois que l’on peu posséder un des premiers livre français imprimé sur la magie, pour un prix plus que raisonnable, c’est assez jouissif.
En plus l’histoire sous forme de roman est amusante et pleine d’enseignements sur une époque qui, bien que 350 ans en arrière, ressemble beaucoup à la nôtre.
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