J’ai connu le nom d’Andrew MAYNE sur des forums américains où tout le monde le voit déjà comme un grand créateur qui apporte un véritable renouveau à la magie actuelle. Son style un peu trash et son humour noir font également beaucoup parler de lui. Mais ce qui fait sa véritable différence, c’est sa réputation de « Mac-Gyver » de la magie, avec ses livres, vidéos ou booklets aux prix raisonnables, mais aux effets fantastiques et faciles à construire : Avec Andrew MAYNE, la magie de scène devient abordable à tous si vous avez un Bricorama près de chez vous !
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FRANFRAN : Pourrais tu te présenter brièvement ?
ANDREW : Je m’appelle Andrew MAYNE, j’ai 29 ans et j’habite actuellement en Floride.
FRANFRAN : Marié ?
ANDREW : Non pas encore, mais je reste ouvert à toute proposition.
FRANFRAN : Ok, parlons bien, parlons magie. Par quoi as-tu donc commencé ?
ANDREW : Mon père et mon grand père me montraient des tours quand j’étais gamin. Mon intérêt pour la magie s’est vraiment développé à ce moment là, même si j’étais alors tout jeune.
Plus tard j’ai commencé à faire des spectacles dans mon école, mais c’est quand j’ai vu un spectacle de David COPPERFIELD que je me suis dis que je voulais faire de la magie mon métier.
FRANFRAN : As-tu commencé par des choses traditionnelles en magie, ou as-tu commencé dès le début à ne pas faire comme tout le monde ?
ANDREW : J’ai commencé avec des tours de cartes tout simples. je n’avais que 5 ans, le reste était donc encore assez peu atteignable. Et je suis d’ailleurs resté en cartomagie à des choses très simples.
FRANFRAN : Parlons un peu de tes influences maintenant.
ANDREW : David COPPERFIELD est le premier à m’avoir vraiment influencé. Et puis quand j’ai découvert les différentes autres facettes de la magie je suis devenu un grand fan de Steve MARTIN . En devenant un peu plus vieux j’ai commencé à suivre de près des artistes comme Joël HODGSON du «Mystery Science Theatre 3000». Ce type faisait des spectacles de magie comique fabuleux à vous tailler des tablettes de chocolat au niveau des abdos juste avec la rigolade ! C’était un véritable génie, et les personnages qu’il créait étaient encore plus importants que sa magie.
FRANFRAN : Sais-tu ce qui a été le grand déclic pour toi, ce qui à conduit à changer ta magie pour faire de toi un magicien si spécial ?
ANDREW : Je pense que ce déclic est survenu lorsque je travaillais avec Penn & Teller. J’ai réalisé quelque chose de vraiment important à ce moment-là. On finissait alors une grande tournée au Japon où l’on avait réalisé plus de 300 shows en 6 mois. Je les regardais en coulisse faire leur partie du spectacle, et ces gars-là tenaient en haleine un public de 3000 personnes avec un matériel qui pouvait tenir dans une poche.
J’ai réalisé que je m’étais enfermé dans une recherche perpétuelle d’illusions ou de tours toujours plus grands, en délaissant le coté humain de ma magie et la façon de la vivre sur scène. J’oubliais totalement de créer des personnages sur scène, et j’ai eu l’impression à cet instant que l’on aurait pu mettre n’importe qui à ma place sur scène, ça n’aurait pas changé grand-chose.
FRANFRAN : C’est donc à ce moment là que tu es devenu plus mature dans ta magie ?
ANDREW : Ce changement de fond m’a rendu peut-être plus mature, mais je ne sais pas si l’on peut qualifier ma magie de «mature» ! ;-)
FRANFRAN : Héhé, mais c’est ce qui fait ton charme, les magiciens français s’en rendront vite compte en découvrant certains de tes tours !
ANDREW : J’ai donc décidé de ne pas refaire de magie avant de savoir qui était vraiment Andrew MAYNE. J’ai refusé alors pas mal de très bonnes propositions pour lesquelles beaucoup auraient tué.
J’ai rencontré durant cette période un groupe de comédiens et je me suis mis alors à la comédie pour essayer de développer ce côté théâtral qui me manquait tant à mon avis.
FRANFRAN : Ca a dû être vraiment difficile au début ?
ANDREW : Oh oui ! Je faisais tout de même un peu de magie de théâtre, mais je devais surtout jouer, faire l’acteur. Le plus dur était de combattre au fond de moi cette volonté d’être le magicien sophistiqué que j’avais toujours cherché à être. Rester sérieux tout au long des représentations a été dur pour moi car j’ai toujours eu un humour très noir, et jouer la comédie sur du Phil Collins avec des danseurs tout autour de toi, c’était un peu comme essayer de garder l’attention d’un gamin incontrôlable 4 heures de suite sur Guerre et Paix de Tolstoï !
Mais j’ai réussi cependant à m’impliquer véritablement dans la comédie, et j’en ai tiré beaucoup de choses, aussi bien au niveau personnel, que professionnel.
FRANFRAN : Et quels ont été tes meilleurs et pires souvenirs de cette époque ?
ANDREW : Le truc sympa de cette époque c’est que les petits tours que je faisais étaient tous dans le style de ma cassette Shock-FX : je commençais par me planter des clous dans la tête. Après ça tu comprends, les gens ne me cherchaient pas des noises… Ils devaient vraiment me prendre pour une sorte de sadique !
FRANFRAN : Mais. es-tu véritablement ce «sadique» en dehors de ta magie ?
ANDREW : Pas du tout ! J’adore la violence dans les dessins animés, mais ma magie est pleine de contraste.
FRANFRAN : Tu me fais une transition parfaite pour ma prochaine question. Ta magie est vraiment bourrée d’humour noir, je ne te qualifierai tout de même pas de «sadique», mais il faut cependant avouer que tu n’es pas un magicien tout à fait comme les autres.
ANDREW : Tu sais, je suis le genre de type que tu peux croiser à tous les coins de rue. Mais il vrai que sur scène, je peux arriver déguisé en enfant de cour ou en scout et faire des choses «horribles», tout en m’excusant devant le public !
FRANFRAN : Donc, tu ne manges pas de bougies allumées ou de clous pour ton petit déj comme dans ta cassette Shock-FX ?
ANDREW : Et non ! Aujourd’hui c’était des Frosties pour moi ce matin !
C’est marrant de voir à quel point j’ai cette réputation de mec extravagant dans le milieu de la magie. Mais je comprends pourquoi et je l’assume. Je me souviens d’une fois où je faisais une conférence, et un magicien très connu m’a dit : «J’adore ce que tu fais, mais t’es vraiment un malade !», et ce type avait la réputation d’être un taré, alors tu comprends !
Mais dans ma cassette «Wizzard School» qui traite de la magie pour enfant sur le thème de Harry Potter, une image de moi complètement différente ressort de la vidéo. En gros, le même mec, mais avec moins de sang !
FRANFRAN : Mais ce genre de question montre que ton style est véritablement unique, et que ça marche.
ANDREW : C’est vrai que j’adore être visuel dans ma magie, voir un peu «rentre-dedans».
FRANFRAN : Parle nous maintenant un peu de tes projets à court et moyen termes.
ANDREW : Ma toute dernière cassette «Wizzard School» vient tout juste de sortir, et ça marche vraiment bien. J’ai vendu tellement que tout mon stock est parti en moins d’une semaine. Je dois d’ailleurs faire sa promotion à la télévision américaine : je veux en effet mieux la présenter pour que les magiciens ne s’attendent pas à la suite de Shock-FX. Je réaliserai des tours de la cassette en direct, et j’en dévoilerai un.
FRANFRAN : A qui s’adresse donc cette nouvelle cassette ?
ANDREW : Elle est destinée aux magiciens qui veulent pratiquer une magie dans le style de Harry Potter, ou pour des personnes débutantes en magie qui seraient fan des livres.
FRANFRAN : Alors, tu es un grand fan de Harry ?
ANDREW : Oh oui, je possède tous les bouquins et tous les films. Je suis d’ailleurs invité à une grande convention sur Harry Potter pour la promotion de la cassette.
J’ai également plein d’autres projets en tête, mais la seule chose qui me manque, c’est le temps.
FRANFRAN : Bon, avant de parler de ta seconde grand passion, le cinéma, finissons-en avec la magie. Connais-tu des magiciens français ?
ANDREW : Je dirais que Robert-Houdin est mon magicien préféré. Pour moi il est l’un des trois hommes à avoir apporté énormément à la magie avec Houdini et Copperfield .
FRANFRAN : Et pour les magiciens un peu plus récents ?
ANDREW : Euh. Est ce que les Québécois comptent ?
FRANFRAN : Non, tu ne vas pas t’en tirer si facilement !
ANDREW : Ouch !
FRANFRAN : Je vais te donner 3 noms et tu me diras si tu les connais. Le premier Dominique Duvivier .
ANDREW : Héhé mon pote Lee Asher est sorti avec sa fille ! Pour ce qui est du père, Dominique est très respecté ici au niveau de son professionnalisme.
FRANFRAN : Gaétan Bloom ?
ANDREW : Je le vois et le considère comme un génie un peu fou.
FRANFRAN : Et pour finir, David Stone .
ANDREW : Je ne l’ai jamais vu sur scène, mais j’ai vu ses créations. Tu sais je suis un peu en dehors de ce genre de magie, je ne le connais en fait pas très bien. J’ai été un peu en dehors du business magique récemment.
FRANFRAN : Je voudrais que l’on parle un peu maintenant un peu de ta spécialité.
ANDREW : Je pensais que ce n’était que mes ex qui la connaissaient.
FRANFRAN : Je voulais plutôt parler de ta réputation de «Mac Gyver» de la magie, le fait que tu sortes régulièrement des illusions de qualité, abordables au niveau du prix et peu chères à fabriquer.
ANDREW : Ah tu voulais parler de ça ! ;) Bah écoute je suis un grand fan de Mac Gyver, je trouve que c’est un mec plutôt cool.
En fait j’adore être créatif, et j’adore aussi me faire surprendre par la créativité des autres. Ca serait vraiment frustrant pour moi de ne pouvoir matérialiser toute cette énergie créatrice en moi. Quand j’étais gamin, je rêvais devant mes bouquins de grandes illusions en imaginant à quel point ça aurait été cool de pouvoir posséder certains de ces joujoux. J’ai eu cependant la chance d’avoir un père bricoleur qui m’aidait dans la construction d’illusions.
J’ai donc toujours été obsédé par rendre les choses plus faciles en magie. Je passais énormément de temps à essayer de comprendre le fonctionnement de certaines illusions et ensuite comment je pourrai simplifier leur utilisation et leur fabrication.
FRANFRAN : C’est ce qui t’as rendu en partie connu aux Etats-Unis, et sur les forums de magie sur Internet.
ANDREW : Les forums m’ont en effet pas mal aidé à mieux cerner mon public. Tu sais, j’écris tout d’abord mes livres pour moi, j’aurais tué plus jeune pour les avoir entre les mains quand j’ai commencé dans le magie de moyenne et grande illusions.
FRANFRAN : Sur quoi portera ta prochaine création ?
ANDREW : Elle portera sur des illusions pour 2 personnes. Une fois de plus le livre sera abordable pour tous les portefeuilles, sûrement moins de 50 dollars. En continuant ces séries de livres à prix réduits, je veux essayer de rendre la magie de scène plus accessible et élargir l’horizon magique des magiciens dont le budget est réduit.
Comme d’habitude j’essaierais de ne pas faire des «box-tricks», mais de vrais petits miracles. Certaines des choses seront simples mais auront l’impact sur le public d’un matériel valant 30 000 $. Je m’excuse de ne pas être très modeste, mais j’ai tellement de trucs géniaux à sortir et à partager avec les gens, et si peu de temps pour m’en occuper.
FRANFRAN : Quand prévois tu de le sortir ?
ANDREW : J’ai déjà commencé les photos et la rédaction, peut-être dans un ou deux mois avec de la chance. Mais tu sais, c’est la période d’expérimentation qui est vraiment longue. Le développement de Bisection (faire disparaître la moitié supérieure de son corps en un instant presque de manière impromptue, critique à venir. Merci qui ???), m’a prit une année entière. Quand les gens lisent la méthode, ils doivent s’imaginer que le tout s’est fait et développé en quelques jours. L’idée peut-être, mais ensuite trouver une solution élégante, c’est autrement plus long !
FRANFRAN : J’ai maintenant une question à laquelle tu n’es pas obligé de répondre, libre à toi.
ANDREW : Vas-y toujours.
FRANFRAN : Arrives-tu à vivre de ta magie, de tes différents produits largement vendus sur le net et de plus en plus à l’étranger ?
ANDREW : Tout dépend de ce que tu veux dire par «vivre».
FRANFRAN : Je veux dire un mec de 29 ans habitant en Floride en 2003 (et non pas sortir avec Claudia.)
ANDREW : J’ai des goûts plutôt simples, donc je peux vivre avec ma magie. Mais un peu plus de liquidités ne seraient pas malvenues ! J’ai arrêté mes études de cinéma juste avant d’obtenir mon diplôme universitaire, mais j’y retourne progressivement, pour peut-être un jour vivre de ça.
FRANFRAN : Ce qui nous amène vers ta seconde grande passion, le cinéma, ou plutôt la réalisation.
ANDREW : Tu sais la magie n’occupe que 20% de mon temps, le reste je l’occupe en effet à rêver devant des photos de Virginie Ledoyen ! Pourrais tu me la présenter ?
FRANFRAN : Euh. non, si seulement.
ANDREW : Mouais. Sniff. Plus sérieusement cette passion m’a piqué durant l’adolescence et ne m’a jamais quitté.
FRANFRAN : Pourrais-tu présenter ton livre sur le cinéma aux magiciens français, peut-être révèleras-tu le nouveau Spielberg français (pour enfin des bons films ???).
ANDREW : Le livre s’appelle «Faites un film d’action pour 99$». Je l’ai écrit après avoir réalisé mon second film, qui a été d’ailleurs primé à un festival américain de cinéma. Ce film avait en effet été réalisé avec un budget total de 99$. Si ce livre vous intéresse, je ne le vends pas sur mon site Internet dédié à la magie (www.weirdthings.com), mais il est disponible sur Amazon.
FRANFRAN : Bon et pour finir, la grande question qui a fâché tant de magiciens, que penses-tu de David BLAINE ?
ANDREW : Je pense qu’il a fait quelque chose de fabuleux pour la magie. Je crois qu’il y a deux camps, ceux qui ont compris ça et ceux qui ne l’ont pas pigé. Il a réussi à rendre les gens fous de magie.
FRANFRAN : Aurais-tu voulu être à sa place ? Aurais tu voulu être le magicien mis en avant médiatiquement comme il l’a été, avec toute la liberté qu’il a eue dans la réalisation de ses shows, et la diffusion sur les plus grosses chaînes de télévision américaines.
ANDREW : Je pense qu’il a eu une très bonne idée et que ça a très bien marché pour lui. Il y a des tas de magiciens meilleurs performeurs que lui qui ont tenté leur chance, mais ils se sont tous plantés, car BLAINE a été le premier à le faire. De plus le succès de son show n’a pas été du fait de ses qualités techniques de magicien, mais plutôt au niveau de son contact avec la rue, et surtout de la réaction des gens.
FRANFRAN : Avant de nous quitter, deux dernières questions. Pour la première, je voudrais que tu nous donnes ta citation préférée, celle à laquelle tu te réfères dans la vie de tous les jours.
ANDREW : « Il n’y a qu’un pas entre le sublime et le ridicule », certains disent que c’est une phrase de Napoléon.
FRANFRAN : Et la dernière, aura-t-on le plaisir de te voir en France pour une conférence ou en tournée ?
ANDREW : Avec plaisir si j’ai le droit de continuer à faire des blagues sur Jacques Chirac ! Pour la tournée, je ne sais pas encore, dès que j’en sais plus, je t’enverrai une date.
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