Ce livre contient des merveilles : les tours sont bons et biens décrits, les idées de Nelson sur la magie son brillantes, et les sources citées forment une bibliographie très sympathique (GoldsteinSkinnerJenningsMaskelyne & DevantPaul HarrisBrother John Hamman, MarloKrenzel, etc.).

Editeur : Magix Unlimited
Traduction : Richard Vollmer
Pages : 115 pages avec environ 300 dessins
Année : ?
Langue : français
Prix : 35 Euros

Je trouve donc très dommage que cet ouvrage n’ait pas bénéficié d’une édition de meilleure qualité. Si vous achetez ce livre, et que vous le lisez et l’étudiez vraiment pendant plusieurs années (plutôt que l’observer sur l’étagère en espérant qu’un mystérieux phénomène transfère le savoir dans votre cerveau, comme dirait Davide Costi), alors votre livre ressemblera probablement au mien.

L’art du Close-up d'Earl NELSONLa couverture s’arrache, les pages ne tiennent en place que par un élastique. Dans ma toute petite bibliothèque, j’ai deux catégories de livres : ceux que j’accepte de prêter à des amis magiciens, et ceux que je ne prête jamais (même pas à ceux en qui j’ai totalement confiance).

« L’art du close-up » fait partie des livres que je ne prête JAMAIS, mais pas parce que je n’aimerais pas le prêter ; au contraire, j’adorerais le faire circuler pour que chacun y lise les tours géniaux qui y sont décrits.

Mais c’est impossible, car la mauvaise qualité du contenant a changé le livre en lambeaux. Dommage, dommage.

Un dernier mot, sur le contenu cette fois.
Je me rappelle que ce livre est le deuxième ou troisième ouvrage vraiment sérieux que j’ai acheté. Je suis passé des livres de vulgarisation des bibliothèques municipales à ce livre de Earl Nelson. Evidemment, ça fait un fossé à franchir. Je lisais « Elmsley », « break », « filage », et je ne comprenais strictement rien. Je ne connaissais pas non plus les inconnus cités dans le livre, tels que GoldsteinMarloHamman, etc.

Puis j’ai étudié, étudié, et étudié encore. Maintenant, à chaque fois que je relis ce livre, je me rends compte à quel point il a formé ma façon de penser et de faire la magie. C’est seulement maintenant que je me rends compte de la chance que j’ai eu d’avoir ce livre dès le début.

Mais je suis sûr qu’il vous fera le même effet, même si c’est le 108ième livre que vous achetez.

Dans ma présentation du livre de Nelson, je parle surtout des tours que j’ai travaillés et présentés en conditions réelles. J’ai étudié tous les effets proposés, mais il y en a toujours que l’on préfère à d’autres. Sachant que j’ai ce livre depuis presque 10 ans, et que j’ai pratiqué ses tours pendant quasiment autant de temps, j’espère que ce qui suit vous sera utile.

Sommaire

Avant-propos
Préface
Introduction

Chapitre I – Cartes
Reset-reset
Envol
Le filage dessus au ralenti
Le jeu qui change de couleur
Le jeu hanté
Les as explosifs
Et un sandwich, un !
Le sandwich sous-marin
Révolution ! (Frank Simon)
Les as à la manche

Chapitre II – Cartes et Pièces
Passage de pièces d’une main dans l’autre
La pièce chercheuse
Trois pièces-cuisine
Quatre pièces avec fenêtre sur cour
Quatre pièces avec vue sur la mer

Chapitre III – Bagues
La routine de Clifton
La routine d’Earl

Chapitre IV – Encore des cartes !
Hit and run aces
Changement à vue

Postface

Extrait de l’avant-propos de l’éditeur américain, Mark Wilson.

[…]
Earl est l’un de ces rares magiciens capables de mettre une dextérité exceptionnelle au service d’une présentation parfaitement naturelle, apparemment dénuée de tout artifice et de tout effort […]
(Los Angeles, 1er juin 1979)

Extrait de la préface, par Dai Vernon

[…] C’est non seulement un magicien exceptionnellement habile, mais sa manière de présenter est particulièrement agréable et reflète ses qualités de gentleman. Pas de remarques stupides ou de jeux de mots idiots censés faire rire les spectateurs, mais une présentation divertissante guidée par la logique.
[…]
(1978)

Extrait de l’introduction, par l’auteur, Earl Nelson.

[…] De nos jours, on a l’impression qu’il y a une tendance générale à « inventer » une manipulation ou une routine dans le seul but d’avoir quelque chose à publier, mais pas vraiment pour s’en servir. Je voulais à tout prix éviter de tomber dans ce piège. […]
(1979)

Chapitre I – Cartes

Reset-reset

Le magicien montre quatre rois et quatre as. Il pose les rois à l’écart, faces en bas sur la table. Les as changent en rois l’un après l’autre, avant de se transformer à nouveau, d’un coup d’un seul, en as.

Pour ouvrir le livre, Nelson nous explique sa version de l’effet Reset dePaul Harris, effet lui-même inspiré du Underground Transposition deBrother John Hamman.
La description de ce tour est caractéristique du rythme que l’on découvre dans ce livre : historique de l’effet et de sa création (où Nelsonnomme les différentes personnes et sources l’ayant inspiré, ainsi que les magiciens ayant travaillé avec lui sur l’effet présenté), effet, description détaillée (beaucoup de dessins, réalisés par Julia Laughlin), et quelques réflexions finales.

J’ai travaillé cet effet, l’ai présenté quelques fois, mais il ne fait pas vraiment partie de mon répertoire.

Envol

Le magicien montre les quatre as qu’il confie à un spectateur. Celui-ci les garde entre les paumes de ses mains. Puis il choisit librement une carte dans le restant du jeu, et cette carte est également placée entre ses paumes. Lorsque le spectateur est invité à retirer la carte choisie d’entre les as, il constate qu’elle a disparu, ne laissant que les quatre as. Le jeu est alors étalé, révélant la carte choisie retournée au milieu du ruban.

Effet très puissant, très propre, et facile à faire (contrairement à ce qui a été dit dans le sujet fermé). Ce tour est de mes favoris dans ce livre, et toujours dans mon répertoire. L’impact sur les spectateurs est incroyable, car ils voient vraiment les 4 as entre les paumes du spectateur, puis voient vraiment que la carte choisie (elle peut même être signée) est ajoutée au lot. Une fois la carte choisie rajoutée parmi les as (et ce du bout des doigts), vous posez le jeu et ne touchez plus jamais rien. Le spectateur ouvre ses mains, voit qu’il manque une carte, et que la carte manquante est sa carte, puisqu’il ne lui reste que quatre as. Il étale lui-même le jeu pour découvrir, au milieu, face en l’air, sa carte.

Pas d’empalmage, pas de faux comptage, pas de saut de coupe, pas de forçage, tout peut être examiné avant, pendant et après. Parfait.

Le filage dessus au ralenti

Le jeu qui change de couleur

Un jeu, que le magicien a déjà utilisé pour faire plusieurs tours, est posé faces en bas au milieu de la table. Le magicien fait une passe magique au-dessus du jeu, et les dos des cartes changent de couleur à vue ! Le jeu peut-être utilisé pour faire d’autres tours.

Ce tour est le prétexte de Nelson pour expliquer une technique de change de jeu qui a de multiples applications.

 Le jeu hanté

Une carte choisie est perdue dans le jeu. Celui-ci est posé sur la table et coupé. La carte choisie émerge mystérieusement du milieu du jeu, face en haut.

Très jolie technique de production, réalisable sans préparation, avec un jeu normal.
Je l’avais beaucoup travaillé sans jamais trouver une utilisation dans mon répertoire, mais elle vaut le coup de l’étudier.

 Les as explosifs

Le jeu est posé face en bas sur la table, et les quatre as sont produits de manière visuelle et spectaculaire.

Une bonne façon d’amener les quatre as avant de s’en servir pour un autre tour. Le dernier as est produit avec la technique du Jeu Hanté.

Et un sandwich, un !
Le sandwich sous-marin
Révolution ! (Frank Simon)

Les as à la manche

Le jeu est coupé en deux portions et la face de chacun des paquets est montrée : deux cartes quelconques. En frottant chaque paquet sur sa manche, le magicien transforme les cartes quelconques en as rouges. Ceux-ci sont à leur tour frottés sur la table, et se transforment en as noirs, qui sont jetés sur la table ; les as rouges apparaissent, sur la face de chacune des moitiés.

Voici une production très visuelle des quatre as, que j’ai longtemps utilisée pour ouvrir une séquence d’effets avec les as. Maintenant je l’utilise au début de ma routine de triche. Elle a vraiment un bon impact.

Chapitre II – Cartes et Pièces

Passage de pièces d’une main dans l’autre

La pièce chercheuse

Une carte est choisie, puis perdue dans le jeu. Le magicien montre une pièce, qu’il pose sur le jeu. La pièce disparaît soudain, et le jeu est coupé, révélant la pièce au milieu de celui-ci, sur la carte choisie.

La version de Nelson d’un effet de Larry Jennings, Coin Cut. Comme les autres tours du livre, une méthode très propre et directe.

Trois pièces-cuisine

Sur la table se trouvent trois pièces. En se servant d’une carte à jouer comme d’une pelle, le magicien les ramasse l’une après l’autre, et les fait disparaître. Toutes les trois pièces réapparaissent sous la carte à jouer.

Quand Nelson combine cartes et pièces, les doigts tricotent beaucoup. Mais l’effet vaut le coup.

Quatre pièces avec fenêtre sur cour
Quatre pièces avec vue sur la mer

Chapitre III – Bagues

La routine de Clifton

Une chevalière empruntée est enfilée sur une cordelette de velours. La main se referme sur la bague, et les extrémités de la cordelette sont croisées autour de la main. La main est ouverte : la chevalière a disparu. Elle réapparaît sur le petit doigt de l’autre main.

Un mouvement classique, qui, combiné avec la routine d’Earl, forme ma routine de bague et lacet. Je l’utilise régulièrement en table à table, et obtient un fort impact. Réalisable avec du matériel emprunté.

La routine d’Earl

Le magicien tient une chevalière empruntée dans sa main gauche. Une cordelette est lentement passée dans l’anneau de la bague. Celle-ci est montrée, enfilée au milieu de la cordelette, dont elle se libère pourtant instantanément.

C’est ma phase préférée. On voit vraiment la bague enclavée sur le milieu de la cordelette, et pourtant elle se libère quasiment à vue, de manière incompréhensible.

Chapitre IV – Encore des cartes !

Hit and run aces

Earl Nelson explique sa version de l’effet classique « Roll over aces ».

Changement à vue

Une pièce est posée sur la face du jeu. Une passe magique, et la carte sous la pièce change à vue.

Un mélange du Winter Change de John Cornelius, et du change connu sous le nom du Change Erdnase.

Postface (extraits)

[…] Mon ami T.A. Waters m’a fait remarquer que le nombre de livres consacrés à la magie est supérieur au nombre d’ouvrages traitants de n’importe quelle autre forme d’art. Intéressant. Comment se fait-il alors qu’un si grand nombre de magiciens fassent les mêmes tours ? […] Il y a quelques années, Mike Skinner a fait une petite expérience au Magic Castle. Il a fait des tours pendant toute une semaine, à raison de trois ou quatre spectacles tous les soirs, sans refaire une seule fois le même tour. Voilà une prouesse qui n’est pas à la portée de tout le monde, mais elle prouve que la matière est là, disponible pour qui veut bien se donner la peine de l’étudier. […]

[…]
Je pense que l’une des attitudes les plus dangereuses actuellement en vogue est celle du magicien qui se vante de son manque d’adresse. Combien de fois n’avons-nous pas entendu : « Je n’essaye pas de les étonner, je leur fais passer un bon moment » ? « … leur faire passer un bon moment… », voilà qui justifie les piètres prestations de certains magiciens. Ou encore : « Ce n’est pas très bon, mais les profanes adorent ça ! » Il m’arrive de penser que certains magiciens se font une image du profane qui ressemble à celle d’un imbécile à peine capable de s’asseoir à une table. Je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’un magicien doit divertir son public. Mais nous sommes avant tout des magiciens. Nous divertissons grâce à des effets magiques. […]

[…]
Une autre stratégie assez répandue consiste à forcer le spectateur à se soumettre au magicien à coups d’insultes. Certains magiciens appellent cela de la « comédie ». En demandant à un spectateur de répondre à des questions du genre : « La balle se trouve-t-elle dans ma main, sous le gobelet, ou dans ma poche ? », le magicien est en position de lui dire : « Non, elle n’est pas dans ma main (espèce d’imbécile) ; tout le monde sait qu’elle est sous le gobelet. » Et le magicien de croire que, pare qu’il n’a pas pu répondre correctement, le spectateur est mystifié. […]

[…] si un magicien n’est pas parvenu à un certain degré de compétence dans la réalisation de ses tours, à quel titre se trouve-t-il devant le public ? […]

Et pour finir :

[…]
Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Rares sont ceux parmi nous qui gagnent leur vie grâce à la magie ; il faut donc qu’il y ait une autre raison qui nous pousse à persévérer dans notre art. Cette raison, pour la plupart d’entre nous, c’est le plaisir qu’il nous procure. Je pense que ce plaisir peut être accru par l’étude de la théorie et des techniques magiques, et l’étude de la magie en tant qu’art du spectacle.
[…]

Merci à Michel FONTAINE pour la relecture.

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