Samedi 27 Juillet
Je passe une bonne partie de la journée chez EZ-Comsite, toujours dans ce quartier Pigalle de Yokohama.
Vous n’allez pas me croire, mais un ami programmeur que je connaissais depuis des années, en fait le gourou mondial de l’atelier de génie logiciel sur lequel je développe mes programmes informatiques, a créé une start-up il y a 2 ans en France et au Japon et sa filiale est justement implantée dans ce quartier !
C’est fort pratique pour y entreposer à demeure mon matériel de spectacle et venir le récupérer quand je veux car ces gens travaillent 7 jours sur 7 de 8 heures le matin à 22 heures le soir.
Jean-Pierre, le patron, était venu en avril dernier pour un mois, mais avec l’éclatement de la bulle internet et des actionnaires qui se défaussent les uns après les autres, il est coincé dans ce pays par de multiples rendez-vous depuis 5 mois ! Quand j’ai le temps, je viens ici surfer sur Internet et développer mes logiciels car il y règne un silence religieux.
Aujourd’hui, j’achève un article sur l’avion à bulles pour notre revue « L’illusionniste ».
L’après-midi, visite de courtoisie à l’Institut franco-japonais de Yokahama. Il est toujours bon de montrer que l’on est dans le coin. L’année dernière, le directeur m’avait enfin fait travailler pour la première fois après 10 ans de lobbying acharné. Le pauvre, il s’est fait taper sur les doigts par son supérieur à Tokyo sous le prétexte que la magie n’est pas un spectacle culturel !
Je revenais pourtant à dix fois moins cher sans frais d’avion, ni d’hôtel et sans accompagnatrice ou traductrice. Ah que je les hais ces expatriés arrivant ici en pays conquis sans parler un traître mot de la langue des «indigènes», pensant que la culture française est évidemment bien supérieure à toutes les autres.
Le soir, retour à Tokyo.
La fête du quartier bat son plein ce week-end. Défilés de danse aux rythmes des tambours toute la soirée. J’achète un éventail transparent qui possède un D-light à sa base. La lumière rouge irradie toute la surface via des nervures courant le long de la feuille plastifiée. Superbe ! Si j’étais marchand de trucs, j’en commanderais bien tout un lot pour ramener à Paris.
Dimanche 28 Juilllet
Aucune visite aujourd’hui, je peux profiter du studio que je loue au centre de Tokyo à Iidabashi, dans la petite France où l’on trouve en vrac l’institut Franco-japonais, le lycée français, le siège de Michelin, etc.
Un étranger sur deux dans la rue est un français car nombreux sont ceux qui habitent ici. C’est un quartier chic et cher. Le matin, je vais déjeuner au Canal Café, un endroit superbe (cf photos) : imaginez un canal calme sans péniche où l’on peut se promener en barque en famille, prendre un café sur le ponton, regarder les trains passer… et tout cela en plein Tokyo !
Je me plonge dans la revue Management de mai dernier que je n’avais pas eu le temps de lire. On y retrouve périodiquement les mêmes sujets. Ainsi tous ces cadres qui traversent la crise de la quarantaine et aimeraient faire enfin ce qu’ils aiment. J’ai résolu ce problème à 29 ans sans un regret : clown et magie pour vivre et l’informatique comme hobby.
Je ne possède aucune autorité naturelle mais comme je dirige un club de magie, j’y trouve des idées intéressantes.
Un exposé de Tim SANDERS, dirigeant de Yahoo, attire mon attention : aimer pour diriger en se basant sur le savoir, les réseaux et la sympathie.
Tim SANDERS ne garde aucun secret, il livre tout aux autres pour les aider sans attendre de retour et met ses relations à disposition. Voilà qui me conforte dans ma vision d’un club de magie : on se montre plein de tours, on assiste aux fêtes des autres clubs (le Camp de Poitiers, le congrès de l’AFAP, etc.).
J’ai donné mes meilleurs tours sur Internet et dans l’Illusionniste sans regret alors que la mode est au retour du secret. Malheureusement, je me rends compte qu’il s’agit parfois d’un alibi pour imposer la loi du silence concernant des activités moins louables.
L’après midi est consacrée à l’écriture de logiciels. Je suis malade si je passe une semaine sans écrire du code. Il s’agit d’un article pour «planète 4D», revue spécialisée sur cette base de données. Je suis aussi connu dans ce milieu que chez les magiciens, moins doué mais plus besogneux. Aujourd’hui, c’est la réalisation d’un module générique de structure virtuelle en client / serveur.
Ce soir, poursuis la lecture de Magicoulisse de Didier LAURINI. Tiens page 140, cela ne s’invente pas je lis “vouloir garder ses secrets, c’est tuer la magie”.
LAURINI dirige l’un des clubs de magie les plus dynamiques de France à Poitiers.
Lundi 29 Juillet
Pas de magie. Sur ma lancée, je continue à programmer toute la journée.
Modifier un logiciel de milliers de lignes est périlleux, quand on modifie quelque chose à un endroit il faut penser à faire une modification ailleurs. Une journée de pause et on oublie beaucoup de choses. En fin d’après midi, une pause pour acheter enfin un appareil photo numérique. Au Japon, aucun risque de se faire arnaquer : le vendeur me prévient que le manuel est en japonais. Il m’offre en prime une carte mémoire à 50 euros alors que je n’avais pas remarqué la promotion.
On comprendra pourquoi en France je pique des colères noires quand je vois comment on arnaque les touristes japonais. Notre pays a beaucoup à apprendre.
Mardi 30 Juillet
Comme chaque matin, j’étudie le japonais en prenant mon café au coin de la rue. Pour les agents je suis considéré comme un «artiste local» alors que j’habite en France. Les artistes américains qui vivent ici à longueur d’année maîtrisent parfaitement le japonais alors je compense par l’étude.
Comme chaque matin, j’étudie le japonais en prenant mon café au coin de la rue. Pour les agents je suis considéré comme un «artiste local» alors que j’habite en France. Les artistes américains qui vivent ici à longueur d’année maîtrisent parfaitement le japonais alors je compense par l’étude.
C’est un investissement que je n’ai jamais eu à regretter.
L’après-midi, je vais voir les examens d’autorisation pour faire de la rue à Tokyo.
C’est une grande première : la Mairie de Tokyo a décidé d’auditionner pas moins de 150 numéros visuels et 100 orchestres durant 5 jours afin d’obtenir un permis de travailler à la manche dans la ville ! Il y avait 500 demandes, seule une trentaine obtiendra le fameux césame. Cela se passe à Shinjuku sur une place publique. Peu de spectateurs hormis la presse, les amis et les artistes. Public étrange.
Les chaises des juges resteront vides, la plupart sont des agents et connaissent déjà tout le monde, ils se contentent de parader devant les caméras de télé omniprésentes. Pour moi, c’est surtout l’occasion de revoir une foule d’artistes de rue que je croise dans les festivals. Je connais environ un tiers des gens présents.
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