Dates : du 8 mars au 1er avril 2017
Lieu : Charing Cross Theatre
The Arches, Villiers St
London WC2N 6NL
Royaume-Uni
Durée : 2h environ, en comptant un entre-acte d’une vingtaine de minutes
Tarifs : 50£ à 120£
Magic, suggestion, psychology, misdirection and showmanship: that’s my skillbase. And as part of that I give myself permission to be a bit dishonest with you if it makes things more effective… But I’m always honest about that dishonesty.
Ce qui pourrait se traduire par : « Magji, sugjerim, psikologji, devijim i vëmendjes dhe spektakël: kjo është skillbase im. Dhe si pjesë e që unë jap vetes leje të jetë pak e pandershme me ju, në qoftë se ajo i bën gjërat më efektive… Por unë jam gjithmonë i sinqertë në lidhje me atë pandershmërisë. »
… Encore faut-il maîtriser l’albanais.
Comment rédiger le compte-rendu d’un spectacle en préambule duquel l’artiste demande spécifiquement à l’assistance d’en taire la teneur, dans le but d’en préserver au mieux les mystères ?
Je me suis posé un long moment la question, et plutôt que de biffer bêtement les mots clés (« C’est alors qu’il a XXX le XXX de la spectatrice sans aucun XXX ! C’était complètement XX-XX-XX !!! »).
Je me suis dit que j’allais plutôt vous faire part d’un descriptif succinct et relativement général des effets présentés, plus orienté selon mon ressenti qu’au travers de détails révélateurs, par respect pour ce très honorable artiste.
De toute façon, il a lui-même annoncé avec le plus grand sérieux que les contrevenants périraient dans les flammes de l’Enfer…
Nous verrons bien !
Mais vous l’aurez compris, si vous craignez que cet humble compte-rendu ne s’apparente à une défloraison irrespectueuse de l’Art Magique (poil aux mains), ou si tout simplement vous préférez rester vierge de tout spoiler, je vous invite à en cesser ici la lecture et vous souhaite une bonne fin de journée.
Cet avertissement posé : il s’agit donc du 8ème spectacle scénique de Derren BROWN, co-écrit avec ses collaborateurs de longue date Andy NYMAN et Andrew O’CONNOR.
Et comme à son habitude, ce spectacle est interdit aux moins de 12 ans (comme il l’explique en interview, il justifie cela par la concentration qu’il exige de la part du public lors de son spectacle et le fait que les thèmes abordés ne sont tout simplement pas destinés aux jeunes enfants).
J’ajouterais que l’ambiance et les quelques blagues qui fusent sont parfois volontiers grivoises !
Le nom vient du théâtre « underground » de Charing Cross dans lequel il prend place, situé à la fois à quelques encablures à peine de Trafalgar Square, centre névralgique de Londres, mais dissimulé dans un obscur tunnel… bref : hidden on plain sight.
Ce théâtre se veut donc à la fois littéralement underground (des bruits réguliers de transports sur rails souterrains viendront interrompre la narration du monsieur), mais également par sa capacité : 265 sièges à peine, là où Derren BROWN a pour habitude de se produire sans rougir depuis plus de 10 ans maintenant dans les plus beaux et grands théâtres londoniens (Palace Theatre, Old Vic, Adelphi Theatre et j’en passe) allant d’une moyenne de 1000 à 1500 places.
S.E.C.R.E.T.
Ce spectacle, plus intimiste qu’à l’accoutumée donc, était effectivement placé sous le sceau du secret.
Autant de secrets qu’il y a de lettres dans ce mot allaient nous être présentés, chacun illustré par un effet de mentalisme (avec un soupçon de lecture à froid, une once d’hypnose, une touche de détournement d’attention et une généreuse lampée de suggestion), où les participations au hasard de membres du public étaient rois, l’ambiance décontractée et les effets, bien entendu, ravageurs…
Tout commence par une projection vidéo nous démontrant quelques mécanismes déceptifs bein cnonus de l’epsirt humian (tels ceux abordés régulièrement dans la très recommandable émission « Brain Game », du National Geographic Channel), comme par exemple le phénomène de cécité au changement*, aidé d’un habile détournement d’attention.
* ou change blindness, parce que ça sonne quand même sacrément mieux en anglais !
Puis, Derren attaque le vif du sujet en influençant l’esprit du public tout entier, puis d’une personne en particulier, lors d’un défi de pièce cachée dans une main, qu’il se propose de relever, en plusieurs manches.
Ensuite de quoi, il se livre à une version très vivante du jeu « Qui est-ce ? » (mais si, rappelez-vous : ce jeu de société avec des portraits à éliminer) avec 3 membres du public simultanément et où les portraits sont des instantanés de plusieurs spectateurs dans la salle !
Il effectue après cela un tour de prédiction à une spectatrice à l’impact émotionnel extraordinaire, en lui laissant un souvenir très personnel, lié à une proche disparue, qu’elle n’est à mon avis pas près d’oublier.
Avant l’entracte, il se plie à l’exercice de révélation d’une célébrité pensée en peinture (j’avoue ignorer qui a le premier popularisé cet effet, mais c’est assurément un classique de la scène), avec « l’aide » d’un spectateur mis sous hypnose… Car c’est tout de suite plus facile avec que sans !
S’ensuivit une longue séance de Q & A rondement menée, et prédiction de code PIN (les yeux bandés, siouplait !), avant le grand final…
Une prédiction à l’enveloppe (confiée au préalable à une personne du public) vertigineuse, à multiples niveaux, mêlant : différents choix aléatoires, réplication de dessin, détails sur une spectatrice sélectionnée, sans oublier démonstration d’influence de l’ensemble de l’assistance !
Mais surtout, et c’est tout ce qui fit le sel de ce show, au moment où l’on croit avoir tout vu et qu’on s’apprête à prendre son manteau parce que bon, hé ho, c’est pas tout ça mais y’a du chemin avant de rentrer, on est littéralement retourné comme des crêpes par une révélation finale (en chanson, je ne puis en dire plus), aussi hilarante qu’inattendue, où l’on réalise qu’il était prédit à l’avance bien plus que ce que l’on pouvait imaginer ; pour ainsi dire : l’intégralité du show, jusqu’au plus petit détail !
Les amateurs de Derren BROWN (en particulier ses TV specials) comprendront sans doute de quoi je parle, et reconnaîtront probablement sa patte, dans l’art consommé du « coup d’avance », ce Double Effet Kiss Cool si jouissif quand on le subit.
Et là, croyez moi, on se le prend en pleine face, imparable !
Apparemment, ce spectacle semble constituer le dernier de Derren BROWN avant d’entamer une « nouvelle phase », une sorte de tournant dans sa carrière sur scène, constitué de nouveaux défis, puisque pas plus tard que fin avril, il s’envolera afin de se produire pour la première fois outre-Atlantique, à New York, au Linda Gross Theater.
Ensuite, il entamera en septembre prochain une tournée un peu spéciale en province anglaise, afin de défendre « No tricks : an evening with Derren Brown », sorte de tournée promotionnelle de son dernier ouvrage, au titre évocateur : Happy (Why more or less everything is absolutely fine).
Toujours est-il que si vous avez un jour l’opportunité de voir cet artiste en live, un conseil de ma part, je pense que vous l’aurez compris :
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