Le Méga-Show “Steampunk” de Dani Lary
Passionné de magie, je suis aussi un grand lecteur et, comme Dani Lary, j’ai fait germer très tôt les graines de mon imagination, les nourrissant jusqu’à plus soif du contenu des extraordinaires aventures de Jules Vernes.
Autant dire que j’attendais de Rétro Temporis le meilleur… et je l’ai eu !
Rétro Temporis, le récit inédit de Jules Verne.
C’est à la version « théâtre » du spectacle que j’ai assisté le 05 avril 2015 au Corum de Montpellier.
L’épais rideau rouge de la scène se lève et laisse apparaître une affiche/écran « à l’ancienne ». Le ton est donné, nous sommes convié à remonter le temps : 1889, Exposition Universelle de la ville de Paris !
Pas le temps de s’attarder sur les détails, cet écran de soie est aspiré et disparaît en un clin d’œil dans les méandres du décor.
Le public applaudi, déjà conquis par ce premier effet scénique qui promet le meilleur…
Nous débarquons donc sur un quai de gare, en plein XIX siècle, au cœur d’une histoire inédite qui va nous être comptée par la voix de Jules Verne lui-même !
Le professeur Lary participe, cette année-là, au grand concours des inventeurs et après de multiples recherches sur des créations toutes plus loufoques et magiques les unes que les autres, va monter sur la première marche du podium grâce à sa Téléportation Electrique !
Voilà la trame de fond. Sur la forme, ce n’est pas aussi lisible que ça et s’il fallait améliorer quelque chose dans ce spectacle, il n’y aurait guère que ce point là. Mais, parlons plutôt des nombreux atouts de ce spectacle pour l’instant !
Décor et Accessoires : Gustave Eiffel !
Tout d’abord, et comme on en a l’habitude avec Dani, les décors sont subjuguant !
Un décor « théâtre à l’italienne » tout en peinture pour évoquer le quai d’une gare plus vraie que nature !
Simple mais efficace… On ne pouvait pas faire mieux.
Ce n’est plus à prouver, Maître Lary démontre encore son talent de concepteur. La qualité du décor n’a d’égale que la qualité de son matériel.
Chaque illusion semble tout droit sortie des carnets de Jules Vernes et nous vient, dirait-on, de cette époque surréaliste où l’industrie en plein essor, a laissé des joyaux encore visibles aujourd’hui dans la ville lumière…
Je rêve, sur mon fauteuil, que Dani a vraiment inventé la machine à remonter le temps et qu’il s’est associé de Gustave Eiffel pour inventer toutes ces folies !
De nombreuses téléportations, de multiples apparitions, une expérience participative de spiritisme et un numéro très efficace spécial « Pâques » structurerons les (presque) 2 heures de show.
Par ci, par là, de jolies trouvailles viennent s’ajouter à la magie du spectacle : Copin perd sa tête, Dani nous présente sa Demi-Sœur (femme-tronc promenée sur un vélo par des jambes qui pédalent seules) et un guéridon aux jambes humaines avance seul pour apporter les accessoires du tour suivant. Bref, on rêve et on se laisse porter sans effort dans ce tourbillon d’effets spéciaux.
La « Steampunk » attitude !
Steampunk : Expression qui signifie littéralement “punk à vapeur”, parfois traduite par “futur à vapeur”, est un terme inventé pour qualifier un genre de littérature né à la fin du XXe siècle, dont l’action se déroule dans l’atmosphère de la société industrielle du XIXe siècle. (CF. Page Wikipédia « Steampunk »).
Les costumes… AH LES COSTUMES ! Un gros point fort de ce spectacle. Dans la veine de ce retour en 1889, Dani Lary choisi un style vestimentaire résolument « Steampunk ».
Ainsi, il apparait sur scène dans un nuage de vapeur, vêtu d’un costume 3 pièces « à l’ancienne » et d’un haut de forme rempli de rouages, d’engrenages et de lunettes d’astronomie ; du plus bel effet. Et ce style, on le retrouve dans tous les costumes.
Ce soin particulier apporté aux tenues de ce spectacle saute aux yeux et donne encore plus de pertinence à la tonalité vintage du show.
Chaque personnage est véritablement mis en valeur et déclinera un style particulier tout au long de la représentation pour le plus grand plaisir de nos yeux !
Une scénographie rétro-futuriste !
Avec tout ça, Dani Lary aurait pu s’arrêter là…
Mais non ! Jusqu’au-boutiste, il va chercher des idées dans d’autres domaines scéniques pour nourrir son spectacle de nouvelles expériences artistiques. Ainsi, quelle ne fut pas ma surprise d’assister à une projection interactive où notre magicien entre dans un écran aussi facilement que l’on passe une porte !
Ce court métrage, en hommage à Geoges Méliès, nous projette une courte scène de cinéma muet intitulé « La Magicien Jaloux ».
Ce passage cinématographique se termine magiquement par une énième téléportation de Dani de l’arrière scène jusqu’au siège du projectionniste à quelques centimètres du public !
Après ce clin d’œil à l’inventeur des effets spéciaux au cinéma, Dani met en scène un passage mythique de 20 000 lieux sous les mers de Jules Verne : L’attaque du Nautilus par la pieuvre géante !
Glissé dans la peau du Capitain Némo, notre Dani combat la créature des mers à coups d’arpon… En effet, en une seconde, à la seule évocation de cette aventure fantastique, une dizaine de tentacules géants viennent recouvrir les 15 premiers rangs du public !
Du haut de mon gradin, je vois les mains du public s’agiter, noyées entre les ventouses du monstre ! Un grand moment de ce spectacle…
En dépit de quelques petits défauts, je reste conquis !
Cette merveilleuse débauche d’effets, ces idées toutes plus folles les unes que les autres, ces lumières et ces musiques absolument remarquables, ne parviennent pas à masquer quelques travers aux regards les plus aiguisés. On le dit, le diable est dans le détail !
J’en parlais au début de cette chronique : on se perd un peu dans la narration. Une voix off, qui se présentera rapidement comme étant celle de Jules Verne, nous apprend que nous allons assister à un récit inédit de ses aventures…
L’idée est excellente. Mais à regret, il faut reconnaître que l’écriture du spectacle n’est pas à la hauteur de son ambition. De ce fameux concours où le professeur Lary doit imaginer, concevoir et présenter une invention révolutionnaire on assistera à une succession de grandes illusions sans autre lien qu’un panneau annonçant leurs noms : « Expérience N°… ». L’on aurait peut-être apprécié un peu plus de comédie apportant du lien entre les effets.
Et du coup, au milieu du spectacle, on sort du récit pour assister à une expérience de table tournante participative somme toute fort bien menée.
S’ensuit une pause « boisson » au Café de la Gare.
Dani a la très bonne idée de remettre sur le devant de la scène un tour ancien : L’eau changée en Vin. Il a décliné ce tour en de multiples boissons proposées à la demande… Oui mais voilà, ça ne prend pas car c’est très long !
Le gimmick, toujours le même, va vite paraître évident et ce ne sont pas les versions « Eau en Café chaud » ou « Eau en thé vert, noir et citron » qui vont raviver mon intérêt pour cet enchaînement trop répétitif.
On pointe là du doigt le tendon d’Achille de Dani Lary. Cet excellent illusionniste, ce remarquable créateur qui a travaillé pour les plus grands, ce visionnaire incroyable de l’art magique manque parfois un peu de recul et, pour avoir vu plusieurs de ces spectacles, omet parfois de donner du corps au propos.
J’aime Dani Lary, j’aime son univers, sa folie, son talent créateur, et je m’en veux presque d’aborder ce travers… Mais ma chronique n’aurait pas été tout à fait honnête si je ne l’avais pas évoqué.
En conclusion, quand je ferme les yeux, je rêve de cette fin d’après midi où le Professeur Lary m’a téléporté de Montpellier 2015 à Paris 1889 !
Je vois encore les 1000 étoiles danser devant mes yeux au levé du rideau tout autant que je ressens toujours l’émotion de devoir sortir de la salle 2 heures après afin de retourner vers le futur…
Au diable la mégalomanie, je conclurai ma bafouille en m’adressant au créateur de Rétrotemporis : Monsieur Lary, à bientôt 57 ans, vous avez derrière vous une carrière exceptionnelle jalonnée de collaborations prestigieuses avec les plus Grands de l’Art Magique.
Vous pourriez être mon père et c’est pour cette raison que, malgré l’impertinence de mes 30 ans, je vous respecte profondément.
Vous êtes l’artiste qui m’a ébloui, qui me fascine et qui j’en suis sûr, continuera à m’impressionner durant de longues années.
En partant du Corum hier, je me suis surpris à regarder avec les yeux d’un enfant de 5 ans ce prestigieux semi-remorque à votre effigie.
A ce moment précis, j’ai réalisé que vous faites parti de ceux qui m’ont donné l’envie de devenir magicien.
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