Dates : du jeudi 3 au dimanche 6 septembre 2015
6e Congrès Européen des Collectionneurs, Histoire & Collection
Lieu : Conservatoire National d’Art Dramatique
Paris. 9ème
Rappelons que Pinetti se présentait ainsi : Romain, Chevalier de l’Ordre de Saint-Philippe, Professeur de Mathématiques et de Physique, Protégé par toute la Maison royale de France, Pensionnaire de la cour de Prusse, Agrégé à l’Académie de Bordeaux, etc.
Rien que ça ! Moi, à votre place, je me méfierais…
François BOST est un grand défenseur de la mémoire de Pinetti dont il continue d’écrire actuellement une importante biographie.
On lui doit la découverte que cette figure emblématique de la magie du XVIIIème siècle a présenté son spectacle sur la scène du théâtre des Menus Plaisirs du Roi là même où se déroule le congrès !
L’Italien Giuseppe PINETTI (1750-c1800) a jeté les bases de la magie moderne.
Il attirait des foules considérables.
Menant une existence nomade, il sillonne toute l’Europe dans le dernier quart de ce siècle, jouant son spectacle devant les souverains et les cours royales.
Il sait défrayer la chronique. Les biographes mentionnent donc sa venue dans ce théâtre.
Celui-ci a changé de nom, de propriétaire, de décoration, mais Pinetti est bien venu à cet emplacement.
C’est durant l’hiver 1783, et malgré un froid terrible, qu’il a rencontré un succès extraordinaire, en présentant ses prestiges devant la famille royale à Fontainebleau.
Il obtient alors l’autorisation exceptionnelle de jouer dans le Théâtre des Menus Plaisirs du Roi.
Cette caution a joué en sa faveur sur la suite de sa carrière internationale. Il jouait parfois devant mille personnes.
Au passage François Bost signale que Pinetti n’a jamais joué à Versailles.
Pinetti a bénéficié aussi de l’appui du Duc de Chartres, cousin du Roi, maître du Grand Orient de France (Pinetti était lui-même Franc-Maçon). En Allemagne il a même utilisé les réseaux rosicruciens.
Le Duc de Chartres qui a pris des cours de prestidigitation de Comus et Pinetti a été probablement son complice lors du fameux effet de la chemise retirée.
Retournons maintenant au Théâtre des Menus Plaisirs du Roi promis à la démolition et sauvé in extremis et seulement déplacé en 1763.
1899 : La peinture de Jean BERAUD représente Pinetti dans ce théâtre avec le tour de la carte collée au mur. Elle est inspirée de la gravure de Queverdo et Hemery qui se trouve dans le livre de Decremps, La Magie blanche dévoilée, publiée en 1784.
NDR : les livres de Decremps et Pinetti ont été réédités en 1998 par Joker Deluxe et annoté par Philippe Saint-Laurent.
1742 : On la retrouve dans le dictionnaire encyclopédique de Panckoucke.
NDR : 1792-1832. La gravure de Pinetti avec sa carte collée au mur apparaît aussi dans l’Encyclopédie Méthodique, amusemens (sans T) des sciences mathématiques et physiques.
Sur cette image, donc la plus connue de Pinetti, le fond du théâtre est de couleur bleu et or, on note la présence de fleurs de lys et des deux lustres qui existent toujours. François Bost nous montre les deux lustres au-dessus de la scène.
Malgré un hiver très froid, la noblesse se déplace pour voir douze représentations étalées sur trois mois. Notons aussi qu’il est le premier à avoir l’idée de présenter son spectacle dans un théâtre.
Decremps a assisté à huit des douze représentations, et grâce à son témoignage, vingt-trois tours sont bien expliqués dans son livre. Mais le revers de la médaille est que Pinetti, en raison de ce débinage, est obligé d’abréger sa présence en France.
Il part à Londres, mais l’année suivante le livre de Decremps est traduit en anglais par Thomas Denton sous le titre The Conjurer Unmasked !
Il revient en France, deux fois à Paris. En 1785 s’ouvre le Théâtre des Variétés Amusantes (vers les actuelles colonnes de Buren).
Puis en 1791, le Cirque National du Palais Royal mais il y rencontre moins de succès. Le déclin est dû à la difficulté de se renouveler, or son programme était proposé par d’autres magiciens à l’identique et offrait donc moins d’intérêt.
C’est alors qu’il voyage dans toute l’Europe, à l’Est notamment (contrairement au professeur Tournesol).
La deuxième raison de cette diminution d’intérêt est qu’il était protégé par les familles royales et le changement politique rendait désormais difficile cette publicité.
Il devient donc un magicien plus classique sans l’appui de la noblesse. Ensuite arrivent des difficultés financières, et probablement la pauvreté et la maladie. On ne connait pas exactement la date de son décès car les archives russes ont été détruites.
Cet homme a donc été capable de créer une légende qui s’est maintenue jusqu’à la moitié de XIXème siècle.
À l’instar de Houdini vis-à-vis de lui-même, Robert-Houdin s’est inventé une personnalité différente de la réalité et on sait maintenant qu’il a romancé sa vie. Certains passages des Confessions de Robert-Houdin sont une pure invention. (NDR : mais le Maître ne faisait que suivre la mode de son époque pour accrocher davantage le lecteur.)
Depuis, grâce à la consultation de milliers de documents sur Pinetti, François Bost s’est fixé l’objectif de réhabiliter cet homme qui a été LE fer de lance dans cette période fondatrice.
NDR : personnellement, j’émettrais une certaine réserve sur ce magicien dont le comportement n’a pas toujours fait honneur à la franc-maçonnerie. PB
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