plotDates : du 6 au 11 juillet 2015
Lieu : Palais des Congrès
Rimini
ITALIE
Lundi 6 juillet 2015
Le gala d’ouverture vient de se terminer, je dois à présent jouer des coudes et foncer vers l’auditorium où doit commencer la compétition de close-up, je sais que c’est au premier étage, mais où ? À droite, à gauche…
Un congressiste me met sur la bonne route et je découvre enfin la salle.
Premières surprises, une bonne et une mauvaise, la bonne le public semble bien installé sur les gradins, la mauvaise la distance entre la scène et les spectateurs, une véritable piste de danse au bas des gradins.
À la deuxième vision aucune importance, il est impossible de voir quoi que ce soit en direct, le jury est installé sur la scène et bouche la vue, si on ajoute les caméras, il y a intérêt que les écrans soient bons, à ce que je vois cela semble le cas.
Mais vite, je dois installer le matériel, distribution des boutons rouges, des feuilles de notation, merci à ma fille Nolwenn qui malgré que ce soit sa première FISM, se montre d’une redoutable efficacité.
Il faut à présent trouver des prises électriques, pour brancher les ordinateurs et le récepteur des boutons rouges… Obie O’Brien et Joan Ceasar commencent à stresser, car nous avons déjà pas mal de retard.
Ça y est nous sommes en place, la fête peut commencer. Un coup d’œil tout de même sur le décor, ou plutôt sur l’absence de décors. Quelle différence avec la scène, cela fait “pauvre”.
Joan Ceasar déambule sans chaussures. Par les fentes ou les déchirures du rideau, je vois les candidats qui semblent être obligés de se préparer dans un couloir.
Un geste de OK vers les Stages Managers et un petit mot dans le talkie-walkie qui nous relie… parfois… avec la régie.
Les écrans affichent le nom et la catégorie du premier candidat, le concours commence… J’ai vraiment de plus en plus faim, il est 16h30 et je n’ai rien dans l’estomac depuis 7h ce matin…
Semba – Argentine – Parlour Magic – Award Invention
J’avoue que pour ce candidat, je n’étais pas très concentré pour noter un véritable compte-rendu, de plus ma place est un peu trop basse et de côté, je n’ai aucune visibilité, ni sur les écrans trop à ma verticale, ni en réel.
Je me souviens d’une carte à l’épée réalisée avec un ballon, une chaise en ballon sur laquelle l’artiste monte et d’une prédiction dans un ballon gonflé à l’hélium.
Ma note 52, le jury lui accordera 57.43 en avant-dernière position, mais avec un prix invention.
Vous pouvez remarquer sur les photos le professionnalisme du décor que nous a proposé la Best FISM ever…
Mario Bove – Italie – Cartomagie
De la pure cartomagie, mélanges, remise en ordre, cartes à la poche…
Je ne vois pas de note sur mon carnet alors 11e place et 58.43 points pour Mario Bove.
Désolé pour la brièveté de ce compte-rendu, mais en même temps que la prise de note, les photos, la saisie des résultats précédents…
Je dois résoudre un problème d’organisation. J’espère que cela sera plus cool pour les prochains candidats.
Jinie Brigina – France – Micromagie
Nous avons pu applaudir peu de magiciennes lors cette FISM.
Jinie relève le défi avec brio, le personnage est bien en place, les techniques bien assurées, toutefois c’est peut-être encore un peu confus dans le déroulement, ce qui expliquerai la note moyenne délivrée par le jury de 61.43 points.
Ne doutons pas que cette FISM était un coup d’essai et que le temps confirmera ce qui est encore un peu embryonnaire.
Intiki Terushita – Japon – Parlour Magic
Alors pour être déjanté, cet artiste est bien déjanté…
Je ne sais plus vraiment ce qu’il nous a présenté, mais tout le numéro tourne autour de billets empruntés à deux spectateurs.
Un moment de rire et de détente qui lui vaudra une 11e place avec 64.14 points.
David Redondo – Espagne – Micromagie
Les puristes du close-up vont sans doute hurler à l’iconoclaste, mais je dois avouer que sur mon carnet je vois écrit “Manipulation de pièces” et 8’26” souligné.
Cela veut dire que le temps a dû me paraître très long.
En consultant les photos que j’ai prises, je vois en effet qu’il est difficile de capter le regard de cet artiste, visiblement concentré sur ses techniques.
Comme je l’écrivais plus haut, j’étais très mal placé pour apprécier comme il se doit les candidats.
Mais cet inconvénient a aussi un avantage, il me permet de voir immédiatement si le charisme de l’artiste est suffisamment fort pour capter tous les spectateurs et même ceux qui ne sont pas de grand fan de cette discipline.
Je n’ai pas mis de note, mais le jury le placera en 11e place avec 63.71 points.
Les candidats se suivent et ne se ressemblent pas, c’est avec beaucoup d’agacement que j’ai raté les premières minutes de celui qui vient de rentrer sur scène, à cause de conciliabule avec l’organisation…
Wolfgang Moser – Autriche – Parlour Magic – 2eme Prix
Une flèche vers le haut et la note de 85 entourée sur mon carnet, c’est révélateur d’un profond intérêt pour cet artiste.
Pour vous décrire de façon très succincte son numéro, il me suffit d’un titre “Barman de Satan”.
En fait c‘est un peu plus subtil et il nous revisite cet effet avec talent, une simple théière, une bonne gestion des volontaires et voici que les boissons les plus atypiques coulent dans les verres.
Au final, c’est un bon café chaud qui laissera la place à une pluie de sucre en poudre qui déclenchera les applaudissements du public.
Le jury apprécie et lui accorde un 2e prix avec 83.43.
Je vous dois une confidence, ma distraction sur le précédent numéro à une raison très triviale.
En effet l’organisation vient de déposer au pied de chaque membre du jury un petit sac de papier contenant visiblement un petit sandwich et une bouteille d’eau.
Mon estomac qui depuis 7 h ce matin crie famine, sécrète déjà quelques sucs gastriques, il est près de 17h30-18h je n’ai pas regardé ma montre, et à part un café offert par mon ami Andrea Baioni,juge en magie de scène et époux de mon alter ego Christina, à la table des jurys support officers, je n’ai rien eu le temps d’ingurgiter…
Las ! La personne de l’organisation, une des premières que nous voyons, passe devant nous sans s’arrêter…
il semblerait que nous n’ayons pas droit au petit sac. Le temps de demander quelques explications et je peux reprendre ma vision du numéro en scène.
Michel Dardant – USA – Parlour Magic
Le premier américain de ce concours, dans un style très “Street Magic”, il nous présente de bons effets, mais qui ne m’ont pas laissé grand souvenirs.
Je vois sur mon carnet la mention “bonne présence” sans plus de précision.
À noter la présence de Shawn Farquhar en spectateur de luxe et toujours souriant et attentif.
8e place avec une note dans la moyenne de 66.29.
Il ne faut absolument pas me faire assister à du close-up le ventre vide !
Dernier candidat avant la pause (elle sera la bienvenue…)
Daniel Normina – Argentine – Micromagie
J’essaie de me concentrer sur ce numéro de pièces bien exécuté avec malheureusement un manque de charisme certain.
L’artiste manipule une sorte de boite Okito transparente et accumule les effets de passages, transpositions, apparitions et disparitions…
Bref, un bon numéro de pièces assez académique.
8e place et une note moyenne de 66 points, pour cette artiste 13 fois primé lors de compétitions internationales, nous apprend Jo Maldera dans son petit livret vraiment très pratique.
Le temps de finir les dernières saisies et on vient m’expliquer que si nous n’avions pas reçu de sandwich, c’est que cela n’est pas prévu pour nous, car nous ne sommes pas membres du jury (sic).
Qu’à cela ne tienne, si je ne suis pas utile, je ne vois pas pourquoi je m’imposerais l’obligation d’être présent, il est donc temps pour moi de prendre un peu de temps pour profiter de cette Best FISM ever, je ferme l’ordinateur et je m’en vais…
J’ai surtout besoin de quitter la salle, car la colère commence à me submerger et je crains de me montrer un peu trop “direct” et de dire avec trop peu de diplomatie ce que m’inspire l’organisation de cette convention.
Cette affaire en soi, n’est pas très grave, elle serait même comique dans sa bêtise, mais ce petit fait, ajouter à tous les autres me gâche nettement la fête.
Je prends donc un peu de temps, celui de me commander un café… pas très bonne idée en fait, car je suis déjà suffisamment énervé et à deux doigts de l’explosion, mais curieusement je n’ai plus faim, ils m’ont coupé l’appétit et je ne pense même pas à me restaurer.
Ma fille tente tant bien que mal de relativiser et de me calmer, la pauvre elle aura vécu une première FISM assez tumultueuse et je m’en excuse auprès d’elle.
Pendant ce temps, le concours doit recommencer et malgré mon absence, on demande au jury de reprendre sa place et de relancer la compétition.
Problème !
Si je ne suis pas là, il n’est pas possible de commencer et oui… je sers malgré tout à quelque chose.
Les stages managers feignent de s’étonner et affirme au président du jury “qu’ils ne savaient pas”. C’est logique, cela ne fait que 2 mois que je travaille avec eux pour préparer l’événement.
De mon côté, je suis conscient que je ne peux continuer à perturber le concours, en aucun cas, les concurrents ne doivent souffrir d’un problème qui n’est pas de leur fait, je regagne donc la salle et retranche mon ordinateur, le concours peut reprendre.
Obie O’Brien et Joan Ceasar viennent me voir pour prendre sur eux l’erreur et m’assurer de leurs sincères excuses, je ne tarderai pas à être informé de qui est le véritable responsable, car on vient me dire à l’oreille que Walter Rolfo est excédé par l’attitude des juges (sic), en représailles nous ne bénéficierons pas d’une navette demain pour venir sur le congrès (notre hôtel est à 30 ou 40 minutes à pied).
Sans cesser mon travail, je glisse à l’oreille du porteur de message :
“pas de problème, s’il n’y a pas de navette, nous resterons à l’Hôtel…”
Le concours reprend normalement et nous recevrons dans la nuit une note de service sous la porte de notre chambre, nous précisant l’horaire de la navette pour le lendemain.
Je viens en une journée et elle n’est pas encore achevée de me faire plein d’amis en Italie au sein de l’organisation.
Hugo Maximiliano – Espagne – Cartomagie
Les espagnols sont venus en nombre sur cette FISM, ils représentent d’ailleurs la plus forte délégation.
Voici un artiste des cartes, sortie d’as, carte au stop…
C’est bon mais insuffisant pour séduire le jury et obtenir un prix.
8e place avec 65.71 points.
Emil Dragan – Roumanie – Micromagie
Sur le thème du jeu et du casino, cet artiste roumain nous présente un numéro sans grand intérêt, je l’ai noté en dessous du niveau FISM, mais les juges plus généreux lui accordent 54 points et une 17e et avant dernière place.
Toutefois il me faut relativiser un peu mon jugement, car comme nous le savons tous les standards en magie varient suivant les pays et en regardant le matériel utilisé, on comprend aisément les efforts de ce jeune magicien pour présenter avec cœur ce qu’il a pu mettre en place, c’est cela aussi la FISM et je ne doute pas qu’il rapportera chez lui une expérience qui ne pourra qu’élever le niveau de sa magie.
Looking Magic – Espagne – Parlour Magic
C’est un véritable arpenteur des concours internationaux, j’ai eu l’occasion de le voir et de le juger presque une dizaine de fois par le passé.
Un numéro de gobelets avec apparitions et changements de couleurs des balles qui semblent se matérialiser sous les gobelets ou le chapeau de l’artiste. Agrémenté de quelques effets de changement de couleurs dans le costume.
Dans les séances “d’explications” de son invention aux membres du jury il me fait penser à notre regretté Lauren’s, le roi de l’usine à gaz, c’est génial, surprenant, bien conçu et… ça ne sert à rien !
Il en est presque dommage que le public ne puisse voir le fonctionnement.
Cette fois-ci le jury ne s’est pas laissé séduire et ne lui accordera aucun prix.
15ème places et 58.29 points pour notre stakhanoviste de la magie.
Bill – Autriche – Cartomagie
Sur mon petit livret, je vois à côté de son nom “Houlette à la carte” et “Spectaculaire” ainsi que la note de 75 points.
C’est en effet à de beaux effets de houlette que nous invite cet artiste asiatique présenté par nos amis autrichiens.
Je dois avouer que j’ai été bluffé et que je serai bien en peine de remonter les techniques employées.
Je n’ai pas été le seul, car le jury lui accordera 74.43 une fort jolie note dans un concours relevés qui lui assurera une 5e place.
Jakob Mathias – Allemagne – Parlour Magic
Je connais ce jeune artiste allemand depuis quelques années déjà.
Nous l’avions remarqué à Pékin (sous réserve) , puis à Blackpool et dans les compétitions sélectives intermédiaires.
Je connaissais son numéro de scène, mais je n’ai vu pour la première son numéro de close-up qu’au congrès national suisse en 2014.
Dans l’esprit de la street magic, discipline qu’il pratique régulièrement dans son pays, il nous présente un numéro limpide dans sa construction, parfaitement illustré par la musique (une chanson en français : “Les passants” de Zaz) que l’on dirait composé pour lui.
Le plot (il s’agit du thème ou de l’histoire du numéro, cf “Fondation” de Eberhart Riese), comment passer de Coca Cola à Fanta, cela donne lieu à une multitude de misdirections (peut-être un peu trop), le jeu des gobelets et une joie d’être sur scène qui fait plaisir à voir.
Pour un artiste de cet âge, il bénéficie d’une assurance et d’un charisme étonnant. Un magicien à suivre…
Le jury le classera 5e avec 77.57 points.
Voilà nous venons de voir le dernier numéro en concours pour cette première journée.
Que dire de cette première journée ?
Pour ma part, je suis effaré, comment est-il possible de promettre la Best FISM ever et nous proposer… ça !
Je parle bien entendu de l’organisation et des conditions de close-up côté artistes.
Je suis sans doute un peu injuste, n’ayant rien vu du congrès en lui-même. Les amis ou connaissances que je croise semblent plus nuancés et même satisfaits de cette première journée.
J’en suis heureux, car il est important que les problèmes restent le plus transparent possible aux yeux du public. Il sera toujours temps de faire le point plus tard.
De plus je suis déjà épuisé physiquement et nerveusement, je supporte de moins en moins cette valise contenant le matériel des concours et que je traine comme un chien en laisse, faute d’une salle pour les membres du Jury.
Cela n’arrange pas mon humeur qui comme chacun le sait est toujours égale… mauvaise.
Demain est un autre jour, il est temps de rentrer à l’hôtel, je n’ai pas le courage de rester pour l’after.
Je n’ai toujours pas vu l’organisateur, ni ma correspondante, peut-être demain avec un peu de chance…
(à suivre)
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