Congrès des Collectionneurs chez David COPPERFIELD
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Le Congrès des Collectionneurs Américains avait cette année, pour sa 36e édition, quitté Chicago, où cette manifestation avait débuté.
Il est né, en effet, d’un groupe d’amis magiciens qui avaient pris l’habitude de se réunir chez un marchand trucs de la ville.
La réunion d’une cinquantaine de personnes d’abord est devenue peu à peu un événement d’importance nationale puis mondiale qui a, quelques rares fois, quitté la ville de Chicago. C’était le cas cette année.
La réunion s’est tenue à Las Vegas avec, en point d’orgue, une visite au musée entrepôt de David COPPERFIELD.
Ce dernier habite la ville en effet, et, entre deux tournées, y présente son show plusieurs semaines chaque année au MGM.
Autre point fort, le lendemain du congrès, réception des congressistes chez Norm NIELSEN qui, avec son épouse Lupe les recevait dans sa superbe résidence de Las Vegas -dont une grande partie consacrée à sa collection, surtout composée d’affiches.
Visite organisée par groupes de 15 personnes chez David COPPERFIELD.
Un bus faisait la navette entre l’Hôtel du Congrès, le “Tuscany” et le bâtiment. Chacun était prié de laisser son sac et son stylo sur une grande table près de l’entrée.
Bien entendu ni caméra, ni appareil photo. Quelques canards, artistes du spectacle, montent la garde devant le grand bâtiment, d’aspect extérieur banal.
Leo BENKE ou Chris KENNER accueillent les groupes de visiteurs avant de poursuivre la visite dans les pièces réservées au matériel – tous les shows depuis vingt ans, ou aux collections (et faire fonctionner l’automate de la “Leçon de Chant” de ROBERT-HOUDIN), montraient les énormes salles de l’entrepôt.
Des étagères contiennent à perte de vue le matériel des spectacles de scène ou des “Specials” TV, depuis les années 80.
Dans une grande salle vide après l’entrée, un panneau garni de miroirs mobiles sert aux répétitions.
Ambiance beaucoup plus détendue chez Norm NIELSEN ou chacun allait et venait à sa guise entre les tables de boissons et d’amuse bouche et le salon ou le bord de la piscine.
Groupes organisés quand même pour visiter le bâtiment où se trouve l’essentiel de sa collection, présentée soit sur les murs, des panneaux à charnière comme dans certaines gares, ou sur des panneaux coulissants suspendus au plafond pour montrer les immenses “8 sheets”. David COPPERFIELD lui-même fait une apparition vers la fin de la réception.
La principale similitude entre ces deux personnalités est qu’ils ont commencé leur collection relativement tard, depuis peut-être une quinzaine d’années.
J’avais rendu visite à Norm NIELSEN en 1985, alors que je travaillais au Magic Castle et qu’il habitait une banlieue de Los Angeles.
Il y construisait pour les magiciens quelques appareils très raffinés et toujours différents de ceux disponibles chez les marchands de trucs (canne en guéridon, servante à la cravate, apparition d’un poisson dans un petit aquarium, pièces de manipulation et leur chargeur etc., sans oublier ses célèbres séries de bouteilles ou colombes en latex.
Alors que Norm NIELSEN s’est surtout intéressé aux affiches, lettres, et photos de magiciens David COPPERFIELD quant à lui est un peu spécialiste en tout.
Il possède tous les livres possibles, un grand nombre d’affiches, sinon toutes, et, présentés très agréablement dans plusieurs salles, les objets et souvenirs de chaque artiste.
Les pendules de ROBERT-HOUDIN à côté de ses affiches, l’affiche de Thurston avec ses productions de chapeaux sert de fond aux chapeaux colorés, présents si j’ose dire en personne.
Le costume de Channing POLLOCK sur un mannequin à côté de sa célèbre cage à disparition de colombes, ou l’affiche d’ALEXANDER “L’homme qui sait” près du turban montré sur l’affiche (et qui n’est pas étranger au savoir du Maître…) etc.
Comme à l’accoutumée le programme du congrès consiste, outre les visites à une salle de dealers très bien achalandée en livres, affiches ou objets rares, en une succession de conférences sur l’histoire de la magie et des magiciens.
Citons entre autres Mike CAVENEY qui raconte comment il a été à l’origine de la passion de David COPPERFIELD pour la collection. “Tu es le plus grand magicien, pourquoi n’aurais-tu pas la plus grande collection ?”.
Geno Munari, le responsable des boutiques de magie des grands hôtels retrace la carrière de Jimmy Grippo, le célèbre magicien de close-up, disparu il y a quelques années.
David ALEXANDER évoque Frakson, dont il a été l’ami plusieurs années.
Peter Reveen, actuellement agent de Lance Burton, parle des magiciens venus d’Australie (dont il est originaire) comme Rooklin ouLevante.
Et Charles Reynolds, auteur entre autres de “100 ans d’affiches de magie”, de sa collaboration avec Doug Henning dans la conception et la mise au point de diverses illusions dont “Things that go bumping in the Night”, l’apparition de silhouettes humaines sous des voiles, dont finalement le magicien lui-même.
Le dernier jour, Max MAVEN parle d’abord du Las Vegas des années 50, avant que la ville cesse d’être la capitale de la mafia, et où il n’était pas possible d’être assis à une bonne table, même dans une salle à moitié vide, sans glisser un billet dans la main du Maître d’Hôtel.
Les magiciens n’y étaient considérés que comme le numéro intermédiaire qui donnait le temps de respirer entre deux ballets (et de changer éventuellement de décor).
Siegfried et Roy, qui, dans les années 70, arrivaient d’Europe avec leurs colombes, leur Malle des Indes et leur panthère se faisaient dire par le patron du Tropicana : “Boys, je dois vous dire quelque chose, la magie ne plaît pas dans cette ville”.
C’est ainsi qu’y ont travaillé Marvyn Roy “Monsieur Electric”, le ventriloque Jay MARSHALL et Lefty (qui vient de décéder le 10 mai 2005), son lapin, créé sur son gant gauche, ou Channing POLLOCK et ses colombes.
La ville est devenue aujourd’hui l’énorme parc d’attractions que nous connaissons.
Max MAVEN s’adresse ensuite au public : “Vous êtes collectionneurs ? Regardez cette collection” Et le rideau s’ouvre sur une longue table où sont installés, non pas les apôtres de La Cène, mais les témoins vivants de cette époque : John TOMSONI, Channing POLLOCK, Marvyn ROY ou Jay MARSHALL.
Ils rappellent leurs souvenirs de cette époque où un artiste devait parfois faire jusqu’à 15 shows par semaine, sans jour de relâche.
Depuis les profits des casinos ont malheureusement été divisés par trois… comme les cachets des artistes ! Un interlocuteur se lève au fond de la salle et proteste “Non ce n’est pas exact…”
Il s’agit d’un petit jeune : Siegfried, sans Roy, qui rappelle leurs propres débuts au Tropicana, et comment il a dû menacer de casser son contrat si on ne lui laissait pas introduire un fauve – une panthère à l’époque, dans son numéro.
Dîner de clôture le samedi 9 avec quelques numéros présentés par Mac KING dont David ALEXANDER dans une reconstitution très réaliste du numéro de Frakson avec sa chasse aux cigarettes dont les bouts incandescents projettent des étincelles, la houlette aux cartes géantes et la cage ronde qui disparaît et réapparaît sous un foulard.
Il retire sa veste entre chaque effet pour montrer que rien n’y est caché. Accent espagnol -en anglais- très réel lui aussi.
Et Rick THOMAS, qui vient de déménager au Stardust montre ses talents de danseur dans un twist très enlevé avec sa partenaire.
Il enchaîne tout naturellement avec “Twister”, la femme dont le corps est réduit au volume d’un chiffon, torsadé par la rotation de sa tête.
Puis très belle présentation de la femme sciée de Selbitt.
Le congrès, prévu pour 250 personnes, a été complet très tôt. En sera-t-il de même l’an prochain ?
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