Quoi ? Tu n’étais pas à l’Altis ?
Il est un fait avéré que les meilleures FISM se jugent à leurs côtés « off », c’est-à-dire non planifiés, hors-programme, telles les rencontres fortuites, les « boeufs » ou les gags que les magiciens aiment à se jouer entre eux.
Les organisateurs de la FISM 2000 en étaient conscients en introduisant une formule qui fera date dans la vie des magiciens noctambules : les « after drink events », sortes de rencontres informelles entre magiciens, après les galas du soir, au sein d’un luxueux hôtel de la ville (l’Hôtel Altis), à partir de 23h-minuit jusqu’à des heures indues, au delà desquelles même un TAMARIZ partait se coucher.
Les soirées étaient animées, du moins au départ, par un trio de choc composé de Lennart GREEN, Bob SHEETS et Juan TAMARIZ, mais ont vite dépassé ce cadre défini pour devenir LE must du congrès, à un point tel que ceux qui avaient raté la dernière « nuit Altis » étaient vite qualifiés de mauviettes.
Les soirées Altis ont été révélatrices à bien des égards.
Elles ont permis de dévoiler non seulement les « stars » au naturel (traduisez : en short ou en état d’ébriété avancée), mais également les stars de demain qui, soir après soir, se taillaient une petite réputation, tels Christian ENGBLOM, un finlandais pilier des FFFF (lire le compte-rendu 2000) que l’on croyait venu de Neptune, tant son travail sur l’ante-faro et les peeks sortait du réel, ou Chris KORN, jeune californien pur sucre, fort en gueule mais dévastateur en pièces.
Chris KORN fut peut-être la seule victime du phénomène Altis : très attendu en concours de close-up après ses multiples démonstrations soir après soir à l’Altis, il décevra son public en refusant de présenter les effets qui firent sa célébrité et en se rabattant sur un numéro pipi-caca volontairement provocateur.
Vers la fin de la semaine où, le bouche à oreille aidant, tout le monde se retrouvait à l’hôtel car il FALLAIT y être sous peine de passer pour pas branché, le bar de l’Altis devenait le Festival de Cannes de la magie, avec ses stars inaccessibles (BLAINE, et l’impressionnant Bill KALUSH, que plus d’un ont essayé de courtiser, en s’y cassant les dents), ses stars accessibles, ses stars ivres mortes, ses stars intemporelles, et tous les autres magiciens, réunis en mini-groupes de travail sur des thèmes divers et variés : saut de coupe, carte ambitieuse, ou tentative de remonter dans l’urgence un effet que TAMARIZ venait de présenter.
Car il s’agissait bien de travail également : Jon RACHERBAUMER, tête chercheuse de talents et, accessoirement, de tours pour notre confrère américain MAGIC, avait improvisé avec Stan ALLEN un studio d’enregistrement à deux mètres du bar (pour joindre l’utile à l’agréable).
On ne comptait plus les ateliers improvisés, tel celui que Boris WILD, bien malgré lui, a déclenché : alors qu’il cherchait un forçage convaincant pour une nouvelle routine, quelques 5 ou 6 magiciens s’invitèrent à sa table pour lui montrer leur propre version du forçage ultime (nous allions dire underground et confidentiel).
Car l’Altis tenait aussi de la lutte armée pour trouver un coin de canapé à côté de « Juan », partager une bière avec « Lennart », ou expliquer leur vision de la magie à « Eugene », histoire de montrer que « Lennart (ou Juan, ou Eugene, etc.) et MOI, on est comme ça que voulez-vous».
Parmi les autres grands moments de l’Altis, nous avons choisi de retenir :
- TAMARIZ, parce que c’est TAMARIZ et que, comme le bon vin, il s’améliore toujours en vieillissant…
- les cartes au poignard de Bob SHEETS…
- les joutes cartomagiques prolongées et sans pitié entre Dominique DUVIVIER (qui avait sorti les armes lourdes) et l’Ecossais Paul WILSON, star montante qui ne rigolait pas non plus…
- ce jeune Sud-Africain qui faisait remonter des lunettes empruntées sur son nez (no thread, no magnets…pas de fil, pas d’aimant)…
- les matrix sur un coin d’escalier,
- les triomphes sur un bout de canapé,
- les sauts de coupe sur la cuvette des WC et
- de multiples autres moments, ratés car il fallait être partout à la fois.
En quelques jours seulement, le bar de l’hôtel Altis a été reconverti en salle de spectacle, laboratoire d’étude (et de pompage), arène de combat, studio de télévision et salle de réunion où se négociaient, ni plus ni moins, le nouveau livre des canadiens de Camirand Academy ou les nouveaux tours que sortirait Tenyo pour Noël 2001.
Une sorte d’univers clos où cohabitaient stars et non-stars, inventeurs et copieurs, underground et pas underground du tout, bref, l’endroit ou l’on existait ou l’on n’existait pas.
(Magicus août 2000)
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