Je vais tenter par le biais de cet article de vous initier à l’éclairage de spectacle et de vous apporter les bases pour éclairer efficacement votre représentation.
Article publié en Juin 2014 et mise à jour en Juin 2016
Nous allons d’abord voir le coté technique, avec les divers types de projecteurs, ainsi que les moyens de commande, puis nous parlerons du coté artistique dans un prochain article.
Les différents types de projecteurs
Il existe principalement deux grandes familles, les projecteurs traditionnels et les projecteurs automatisés.
Avant toute chose, je tiens à éclaircir un terme que je vais souvent utiliser, et qui peut porter à confusion : une lampe.
Pour le grand public, la lampe est l’ensemble du luminaire, tandis que pour un éclairagiste, la lampe, c’est l’ampoule pour le grand public.
Il existe aujourd’hui trois types de lampes, ou plutôt, de sources lumineuses :
Les lampes halogènes
ce sont celles ci qui sont surtout utilisées dans les projecteurs traditionnels (nous verrons plus tard que ce n’est plus forcément vrai depuis quelques années, mais, ne commençons pas tout de suite à vous embrouiller l’esprit !).
Elles sont connues du grand public, car ce sont les classiques lampes à filament.
On y a simplement introduit un gaz spécifique afin d’augmenter leur durée de vie. Un courant passe dans le filament, ce qui le chauffe, et donc lui fait émettre de la lumière (un peu comme vos plaques vitro-céramiques quand elles rougeoient !).
Elles existent en une multitude de puissances, de formes et de culots, et sont relativement peu coûteuses (de quelques euros, à plusieurs dizaines d’euros pour les plus puissantes et moins répandues).
Leur durée de vie va de quelques heures pour des lampes très spécifiques à basse tension et forte puissance, à plusieurs milliers d’heures pour les plus courantes.
Les lampes à décharge
équipant la très grande majorité des projecteurs automatisés (jusqu’à il y a quelques années !), ces lampes ont un bien meilleur rendement que les lampes à filament (pour une même puissance, l’intensité lumineuse est environs 4 fois supérieure).
Leur principe consiste à créer un arc électrique entre deux électrodes, celles ci étant plongées dans un gaz qui s’échauffera, et brillera.
Ces lampes ont une très bonne durée de vie, mais sont très coûteuses (une centaine d’euros minimum).
Le défaut principal pour les utiliser en spectacle est qu’elles ne sont pas graduables, c’est à dire qu’on ne peut faire varier leur intensité de façon simple, et surtout qu’elles mettent un certain temps à atteindre leur niveau de luminosité normal, l’échauffement nécessitant parfois deux bonnes minutes.
Encore une fois, il existe une multitude de puissances, il n’est pas rare de croiser des projecteurs de 15 Kw sur les plateaux de cinéma.
Les lampes à technologie LED
Aujourd’hui de plus en plus rependue, la LED (pour Light Emitted Diode) est un composant électronique qui ne produit pas de lumière en faisant chauffer un matériau, la technologie est donc tout à fait différente.
Le fonctionnement est assez compliqué, et relève de la physique quantique, mais il faut retenir que le semi conducteur est fabriqué de manière à ce que lorsqu’il est traversé par les électrons du courant électrique, il émet de la lumière, grâce a d’obscurs transferts de photons et d’électrons…
Donc ici, pas d’histoire de chauffe d’un matériau pour produire de la lumière ! Pas mal et pratique !
Bon, c’est moins vrai pour les LEDs de très haute puissance, ça chauffe quand même un peu, il faut les refroidir un minimum, mais encore une fois cette chaleur n’entre pas en jeu dans la production de lumière.
Bref, voilà pour ce qui est de la création de la lumière.
Je vais maintenant vous présenter les différents types de projecteurs, c’est à dire une grosse boite qui englobe source lumineuse, optique pour contrôler le faisceau, et éventuellement des petits plus…
Projecteurs dits “Traditionnels”
Aujourd’hui en pleine mutation technologique avec l’arrivée de LEDs, le terme de traditionnel parait désuet et inadapté, je vais donc dans un premier temps considérer que les LEDs n’existent pas, et que nous sommes toujours avec nos bonnes vieilles halogènes pour vous parler des projecteurs traditionnels, qui équipent d’ailleurs bien entendu encore aujourd’hui tous nos théâtres, et sont loin d’être dépassés !
Le projecteur PAR
Inventé par les américains, il se compose d’une simple carcasse en aluminium, et d’une lyre pour le suspendre et régler son inclinaison.
Toute “l’optique” se situe dans la lampe qui existe principalement en trois versions :
- serré (CP60, lentille claire),
- moyen (CP61, lentille martelée),
- large (CP62, lentille dite “nid d’abeille”).
On change donc l’ouverture (le diamètre) du faisceau en changeant la lampe !
Il existe plusieurs tailles de PAR : PAR 16, 20, 30, 36, 38, 48 56, 64.
Le chiffre correspond au diamètre en pouce multiplié par 8 (ça, inutile de le retenir), les PAR les plus utilisés étant les 36, 56, et 64, respectivement de 50, 300 et 1000w.
Le PAR 16, petit particulier, utilise lui une lampe dichroïque beaucoup utilisée dans les habitations. On ne peut donc pas faire varier la taille de son faisceau par changement de la lampe:
Pour rajouter un peu plus à la variété de la famille, les PARS existent en version courte, et longue!
Dans la pratique, ce projecteur fournit une lumière assez pêchue, une tache de lumière très vive mais sans bord vraiment défini. Il est très utilisé !
Le dernier réglage possible sur ce type de projecteur est “la banane” : en effet, le faisceau n’étant pas rond, mais ovale on pourra donc orienter le sens de ce dernier… en tournant simplement la lampe par l’arrière du projecteur!
Les PC et Fresnel
J’ai choisi de regrouper ces deux projecteurs car ils diffèrent seulement de par leur lentille.
Le système optique est simple : une lampe (traditionnellement au théâtre de 1KW, mais encore une fois, il en existe en 150W, 300, 500, 2000W… et j’ai même croisé un jour un Fresnel de 20kw!), placée devant un réflecteur renvoie sa lumière à une lentille qui la focalise en un cône de lumière.
Le diamètre du cône est variable, la lampe se déplaçant sur un chariot dans le projecteur.
Plus elle est proche de la lentille, plus le faisceau sera large, vous l’aurez compris, plus elle est loin… plus le faisceau sera serré!
Une lentille claire de type PC (plan/convexe) produira un faisceau rond aux bords assez nets, tandis qu’une lentille de type Fresnel, rappelant le système optique des phares, produira un faisceau aux bords très doux.
Il existe aussi des lentilles PC martelées, pour casser un peu les bords durs.
Les découpes
Un projecteur de découpe s’apparente à un projecteur PC, mais son système optique plus perfectionné permet d’avoir de jolis bords très nets.
On peut y régler le diamètre du faisceau et la netteté. Il dispose également de couteaux (4) qui, placés au centre optique permettent de créer des formes et donc de délimiter des éléments très précisément.
On peut également glisser une forme découpée dans une feuille de métal, un GOBO, pour projeter logo, ou tout autre motif.
A noter qu’il existe aussi des gobos en verre, coloré ou non, qui permettent des formes plus compliquées, impossibles à découper en métal.
Les projecteurs d’ambiance
Ces projecteurs sans grande qualité optique ont un faisceau très large et peu défini.
On s’en sert pour couvrir de grands espaces au sol, ou pour éclairer des cycloramas, grandes toiles gris clair placées en fond de scène.
Parmi les plus classiques, on trouvera le cycliode.
Voilà pour ce qui est des principaux projecteurs traditionnels.
Le contrôle des projecteurs traditionnels
L’intensité
Un simple branchement sur une prise 220V fera briller nos projecteurs, cela peut suffire,, mais souvent il est nécessaire de faire varier l’intensité de nos projecteurs. On utilise pour cela des Gradateurs.
Chaque gradateur dispose classiquement de 6, 12 ou 24 voies de 2KW chacune et nécessité un branchement en triphasé, apte à fournir la puissance demandée.
Il existe de petits gradateurs monophasé de 4 voies, que l’on peut brancher sur une prise classique 16A, en faisant toutefois bien attention à ne pas trop charger (Max 3600W en tout) en puissance sous risque de voir le disjoncteur sauter… voire pire !
Pour orchestrer tout ce monde, soit on commande localement grâce à des potentiomètres, soit de façon numérique, vous vous en doutez, bien plus intéressante….
La couleur
Pour la couleur de projection, on utilise des filtres appelés Gélatines (d’ailleurs, il y a bien longtemps que la gélatine n’entre plus dans la composition de ces filtres !).
Les catalogues des fabriquant sont immenses, et après ce n’est plus qu’une question de bon gout pour le choix des bonnes couleurs…
Je vous conseille de ne pas vous baser sur les couleurs à l’écran, peu fidèles à la réalité, mais de demander un nuancier de gélatines, gratuit et disponible chez tout bon revendeur !
Les projecteurs automatisés
C’est la famille la plus récente, arrivée du numérique oblige !
En effet, ces projecteurs sont contrôlés via une liaison digitale nommée DMX512, 512 pour 512 canaux disponibles, de chacun 256 pas.
On peut donc contrôler 512 projecteurs traditionnels sur un univers DMX (1 univers = 512 canaux), puisqu’un projecteur traditionnel ne nécessite qu’un canal de d’intensité.
Bien entendu, dans cet exemple, on ne contrôle pas le projecteur directement, mais le gradateur. Sur un gradateur de 12 canaux, l’adresse 1 contrôlera le projecteur branché en 1, etc…
Un projecteur automatisé dispose d’autres fonctions que la simple gradation, et les canaux sont donc utilisés pour choisir par exemple la couleur (roue de couleurs, ou même trichromie sur 3 canaux), le gobo, la mise au point….
Par exemple, le Canal 1 sera consacré au Dimmer (gradation), le canal 2 au gobo (valeur 1 à 30= gobo 1, valeur 31 à 70= gobo 2…) …
Les projecteurs de type Lyre et Scanner
Concrètement ce sont des sortes de découpes, mais entièrement automatisés, en mouvement, couleur, gobo, mise au point…
Les scanners se servent d’un miroir pour déplacer les faisceau, ils sont aujourd’hui assez rares dans le milieu du spectacle et surtout destinés aux DJ, et tendent même à ne plus être utilisés du tout !
Sur les Lyres (communément appelées “Machines” ou “Autos”) , c’est le projecteur entier qui se déplace, le débattement est donc beaucoup plus important que les scanner que cela soit en PAN (panoramique, de gauche à droite) ou en TILT (de haut en bas).
Ces automatisés peuvent être équipés de lentille claire, pour de la projection nette (type SPOT), mais aussi d’une lentille type Fresnel pour du nappage de couleur (type WASH).
Ces projecteurs nécessitent souvent plus de 20 canaux DMX.
Je passe rapidement sur ces projecteurs, car ils coûtent relativement cher (plus de 6000 euros pour une machine de qualité), et demandent de sérieuses connaissances quand à leur utilisation.
Les projecteurs à effets
N’oublions pas les projecteurs d’effets, beaucoup sont plus utilisés par les boites de nuit et DJ’s, mais un projecteur interessant et très utilisé en spectacle est tout de même à citer, le stroboscope!
Équipé d’une lampe à décharge spécifique, on peut, en le payant un peu plus cher que les premiers prix disponibles, faire varier son intensité lumineuse et vitesse de clignotement par DMX.
Les projecteurs à LED
Et c’est là, tout ce que nous avons appris jusqu’ici s’effondre, ou plutôt se complique! Les LEDs, sont présentes partout, dans tous les types de projecteurs, majoritairement dans les PARs, mais aussi dans des découpe, et même maintenant dans des PC !
Tout devient donc plus compliqué pour le contrôle des projecteurs autrefois dits “traditionnels” car impossible de graduer une LED directement avec un gradateur (enfin, jusqu’à il y a peu, mais considérons que c’est compliqué !).
Un PC à LED devient donc un projecteur automatique, contrôlable en DMX directement!
Si sur ces derniers il n’y a généralement qu’un seul canal correspondant à l’intensité de la lumière, les projecteurs à LED les plus répondus sont tout de même les PARS :
Ces projecteurs permettent de créer des nappages de couleur, en trichromie additive, c’est à dire que l’on dispose de trois réglages principaux, la proportion de Rouge, la proportion de vert, et la proportion de bleu.
On pourra donc créer en théorie toutes les couleurs voulues. Les meilleurs projecteurs disposent aussi en plus de LEDS Blanches ou ambre pour avoir un beau… blanc (en effet, l’ajout des trois composantes RVB ne crée tout de même pas un blanc parfait), dont on pourra même régler la température de couleur (de blanc chaud à blanc froid).
Certains projecteurs sont entièrement automatisés sur leur mouvements, cela devient donc des lyres WASH automatisées à LED.
Attention aux projecteurs que vous achetez: en effet, le marché est inondé de produits bas de gamme, peu chers certes, mais de mauvaises qualité: aucune puissance, faisceau horrible, et surtout “effet pizza” :
Sur un projecteur de bonne facture, le mélange de couleur R, V et B se fait avant la lentille, à l’intérieur du projecteur.
Sur ceux de mauvaise qualité, les différentes leds sont disposées directement sur la face du projecteur , ce qui fait que lorsque l’on veut créer un banc, le projecteur est constellé de couleurs d’ou le nom de pizza, et qui rend du plus mauvais effet…
Il faut vraiment acheter des projecteurs sur lesquels le mélange RVB se fait à la source même, le prix en est plus élevé mais la qualité est souvent là !
A noter que, je ne l’ai pas précisé plus haut, les projecteurs types PC, découpe, Fresnel… à LED sont vendus soit en blanc chaud (pour se rapprocher d’une lumière type tungstène, soit en blanc froid pour se rapprocher d’une lumière de lampe à décharge).
Certains sont contrôlables en DMX pour faire varier la température de couleur (de chaud à froid).
Voilà pour ce qui est des différentes technologies de projecteurs. Vous pouvez voir qu’il en existe beaucoup, avec chacun ses variantes… et qu’il est parfois compliqué de s’y retrouver !
Et encore, je n’ai parlé que des principaux, car il en existe beaucoup d’autres, les fabricants rivalisant d’imagination!
La commande des projecteurs en DMX
Bien, maintenant il va falloir commander tout ces projecteurs.
Pour tous les relier ensemble, rien de plus simple, chaque projecteur ou gradateur dispose d’une prise DMX IN et DMX OUT, il suffit donc pour créer son réseau de tout relier en cascade, en partant de la prise DMX OUT de notre console de commande.
On rentre dans la première machine par le IN, on ressort par le OUT pour aller à la seconde machine, et ainsi de suite !
Il existe des multiprises DMX (Splitter) pour simplifier le câblage et éviter les grandes longueurs.
Le DMX utilise des câbles à 5 conducteurs, et des prises XLR 5 broches.
Cela étant, les deux derniers conducteurs n’étant pas utiles la plupart des cas, les constructeurs qui souhaitent faire des économies ne mettent généralement que des prises XLR 3 broches, il existe donc des adaptateurs
Une fois tout câblé, il faut ensuite donner une adresse aux projecteurs, pour qu’ils sachent quelles valeurs ils vont devoir recevoir.
Par exemple imaginons que nous ayons dans notre installation un gradateur de 12 canaux, ainsi que 4 projecteurs à LED de 4 canaux chacun:
Nous allons donc régler notre gradateur sur l’adresse 1, et chaque projecteur à LED respectivement aux adresses 13, 17, 21 et 25.
On pourrait aussi débuter à partir de l’adresse 100, ou même mettre la même adresse à nos projecteurs LED, pour économiser des canaux : dans ce cas, ils réagiraient de la même façon tous ensemble.
Les adresses sont données au projecteurs grâce à des afficheurs digitaux sur ces derniers.
Si le mode d’emploi est bien fait, cela devrait ne pas poser de problème. Il faut bien noter quelle adresse est assignée à chaque projecteur, sinon on se perd vite, surtout dans le cas d’installations conséquentes.
Passons aux consoles de commandes.
Le plus souvent, une petite console manuelle suffira.
Classiquement, celles ci disposent de 24 ou 48 canaux, avec deux préparations : on crée notre état lumineux sur une partie de la console grâce aux potentiomètres, celui ci est envoyé, et pendant ce temps, on crée l’état suivant sur la deuxième partie, et ainsi de suite.
Ce type de console est réservé aux projecteurs traditionnels voir, aux projecteurs à LED, mais on est vite limité quand on commence à avoir beaucoup de projecteurs, ou que l’on souhaite des effets rapides.
De même, elles ne sont pas adressables, impossible de leur dire “sur le potentiomètre 3, j’aimerais commander le canal 245”.
Ici , le 1 commandera le canal 1, le 2 le canal 2…
Malgré ces défauts, ce sont des consoles assez peu onéreuses et fonctionnent bien pour les petites installations. Elles équipent beaucoup de petits théâtres.
Les consoles plus évoluées sont hélas très chères, sauf en location, et il est peu raisonnable d’investir dans ce type de machine, qui nécessitent en plus de très bonnes connaissances ! C’est un métier !
Aujourd’hui il existent de petits boitier USB/DMX, peu chers et de très bonne qualité.
Ils permettent grâce a des logiciels souvent gratuits de contrôler tout type de projecteur, de faire des mémoires, des effets, de façon simple !
Voilà qui clôt ce premier article concernant la technologie des projecteurs.
Dans un prochain qui suivra nous parlerons plus d’artistique, de directions de lumière, et… d’émotions !
> En savoir plus l’éclairage en scène sur le forum !
Abonne-toi !
Chaque semaine, je partage tous les bons plans et actualités sur l'univers de la magie et du mentalisme.Rejoins les 16 761 magiciens déjà abonnés.