Cette étude s’intéresse au processus de la magie et constitue une approche subjective.
Il ne s’agit pas de proposer un modèle unique mais de partager avec vous mes propres expériences et perceptions à travers différents éclairages. Ce sont des pistes de réflexions et des stratégies qui ont permis une réévaluation constante de ma pratique et son évolution. Je souhaite les partager avec vous et qu’elles puissent vous inspirer en fonction de vos expériences et sensibilités.
Un même spectacle ne crée pas nécessairement des résultats identiques en toutes occasions. En effet, la composition du public, différente pour chaque spectacle, et l’interaction qui s’opère entre lui et le magicien établissent des comportements spécifiques.
Existe-t-il une structure magique identifiable qui sous-tend la communication établie entre le magicien et le public ? Parfois le spectacle opère un changement d’état chez le spectateur qui rit, s’émeut, applaudit…
On peut dire que chacun perçoit un même spectacle avec sa subjectivité propre.
Ainsi, prenons l’exemple d’une boule excelsior, dont une moitié est de couleur rouge et l’autre de couleur blanche. Posons cette boule au milieu d’une table carrée et plaçons des amis autour ; leur perception de cette même boule sera différente. Les uns ne verront que la partie blanche, les autres la partie rouge et certains la partie mixte rouge et blanche.
En effet, le divertissement n’existe qu’à travers la construction élaborée par chacun en fonction de son expérience. En tant que magicien, comment puis-je intervenir pour créer un changement ?
Avec l’expérience, la qualité des tours, l’intuition, l’adaptabilité; une véritable boîte à outils qu’il convient de toujours compléter, épurer et réévaluer.
MAGICIEN – SPECTATEUR
A la base de l’acte magique, figurent la communication verbale et gestuelle. Impossible de ne pas communiquer, influencer, manipuler aux sens propre et figuré. Il me semble important et même fondamental, d’instaurer un climat de sympathie entre le magicien et son public.
Ceci peut être plus ou moins rapide : explosion, apparition, éclair ou présentation plus formelle. Il est tout aussi important de faire valoir sa compétence, de convaincre le spectateur que je suis un “vrai”, un “bon” magicien, afin qu’il se sente en confiance et ouvert à l’expérience… qu’il s’amuse et moi aussi.
En plus de s’entraîner constamment à son art, comment le magicien peut-il développer ces qualités ? Peut-être en fréquentant des gens de tous âges, de tous milieux et de cultures variées.
Peut-être en se faisant des amis malgré toutes ces différences lui sera-t-il plus facile de comprendre et de s’adapter à n’importe quel public.
Congruence
Il est important d’établir un rapport juste entre le verbal et le non-verbal. Comme on le sait, ce sont souvent les premières secondes, les premiers gestes ou les premiers mots qui, pour le public, sont déterminants et lui donnent une opinion favorable ou défavorable.
Être congruent ou incongruent consiste à utiliser les bons moyens pour donner une image juste de soi, l’impression la plus positive, qu’il s’agisse de magie classique ou comique.
Il est utile de faire la distinction entre moi et mes comportements de magicien.
Le magicien existe en dehors de ses comportements.
Exemple : Si je fais un tour de magie stupide, ça ne signifie pas que je suis stupide. Il est important de faire une distinction entre ce que je fais et qui je suis. Toutefois, dire que je ne suis pas ma magie ne signifie pas que je me dégage de toute responsabilité vis-à-vis de cette dernière. Je demeure responsable en partie de son succès, de son échec et de sa qualité.
La loi de la variété est requise
Le tour ou le spectacle que je présente est le meilleur choix pour le public.
“Plus on a de choix, mieux c’est”. Il est trop facile de penser que le meilleur choix est celui que je connais déjà. Pourtant, pour bien réussir un spectacle, il est souhaitable de disposer d’un grand nombre de possibilités et surtout de savoir y puiser au bon moment et de façon spontanée. Facile à écrire, plus difficile à réaliser.
Exemple concernant le rassemblement d’as :
Fu MANCHU converse avec ASCANIO :
– “Arturo, sais-tu que Dai VERNON connaît au moins 65 méthodes pour réaliser cet effet”. – “Alors je baptiserai mes deux variantes version 66 et 67”. (Notes de conférence d’ASCANIO).
J’ai beaucoup de respect pour cette attitude de curiosité et de recherche qui permet une adaptabilité toujours accrue. En outre, le fait de parler plusieurs langues, de pratiquer différentes magies (close-up, magie de rue, mentalisme, comédie, illusion) donne la possibilité de travailler davantage.
Le magicien adapte son spectacle à un contexte donné.
Le spectacle ou les comportements du magicien devront s’adapter au contexte ou à l’environnement dans lequel il se produit. En effet, si je fais un même tour de magie à un ami à la maison, au Sporting-club de Monte-Carlo ou dans une discothèque à 2h du matin, l’approche sera différente (attitude, langage, tenue vestimentaire). D’autre part, si je fais un spectacle pour un public qui a payé pour voir du mentalisme, l’attention du public sera à son meilleur.
Par contre, si je fais le même spectacle pour une compagnie lors d’une soirée de gala, je ne devrais pas m’attendre au même type d’attention.
En effet, les invités n’ont pas choisi ce spectacle et peuvent avoir d’autres attentes, comme converser, boire, danser, etc. Dans ce cas, le spectacle doit sa survie à la capacité d’adaptation du magicien à condition qu’il soit capable de faire le deuil d’un comportement et d’une magie préétablis et de s’ouvrir à la recherche de l’attitude juste.
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