“J’connais que des p’tits tours !” Voici une réflexion trop souvent entendue auprès de magiciens amateurs.
Il est temps de prouver que seule la conviction, la mise en scène, l’histoire que l’on raconte font qu’un tour est bon ou mauvais.
Bien des effets dévastateurs dans l’esprit du public sont construits à partir de techniques très simples, parfois connues de tous.
C’est l’aplomb du magicien et le scénario proposé au public qui permettent de transformer un tour connu de tous en petit miracle.
En effet, on ne peut pas envisager de commencer un tour en sortant un petit paquet de 4 cartes (les 4 as, en plus) sans entendre dans le public : “Ah ouais, celui là, je le connais !”
Il faut créer la surprise dés l’introduction, annoncer par le verbe ou le geste quelque-chose d’exceptionnel, de nouveau, d’inattendu.
Comment créer de nouveaux tours ? Y a-t-il une recette pour devenir créateur de génie ?
Je n’en sais rien !
Toujours est-il que la création procède de deux processus apparemment distincts : l’idée géniale qui arrive d’on ne sait où, qui se révèle de manière impérieuse et l’idée qui germe tout doucement accompagnée d’un long travail apparemment non productif.
Je prétends que ces deux processus se nourrissent à la même source : le travail. Une idée ne naît pas du néant mais a été mûrie dans l’inconscient. Et lorsqu’elle est prête, elle s’impose comme une évidence.
Les rares choses que j’ai trouvées ont toujours été le fruit d’une longue réflexion (souvent plusieurs mois).
Par contre, je ne m’obstine pas. Je n’ai jamais réussi à m’asseoir à mon bureau en me disant : ” aujourd’hui, j’invente un tour ” et que ça marche (ou alors, je réinventais ce que j’avais lu dans une publicité).
Les sources d’inspiration sont nombreuses :
- Partir du numéro que l’on monte et chercher à adapter un effet existant au scénario imaginé (modification du matériel, nécessité d’un effet de transition, enchaînement original d’effets connus…)
- Partir d’un accessoire et le manipuler longtemps, souvent, en l’associant à toutes sortes de matériels.
– Partir d’un effet connu et essayer de l’améliorer, retirer les points faibles… - Partir d’un scénario original, d’un élément de la vie de tous les jours qui évoquent en nous la magie, d’une histoire et bâtir un tour sans chercher les techniques. Inventer ou retrouver les techniques par la suite pour coller le plus possible au scénario original.
Le travail de groupe est souvent un sérieux soutien :
- confrontation d’idées,
- test en direct,
- partage de connaissances et d’expériences…
Pour que le travail de groupe soit productif, il faut que chacun y participe en ayant déjà réfléchi seul au problème.
Limiter dans le temps la séance de travail collectif et renvoyer chacun avec l’acquis de la séance pour le faire fructifier seul.
Puis confronter à nouveau le résultat, une ou deux semaines après.
La qualité d’un numéro, l’intérêt que le public peut y porter dépendent grandement de la personnalité de l’artiste et de la mise en scène.
Les numéros de scène muets sont assez faciles à construire et répéter en absence du public, par contre, les numéros de cabaret ou de close-up, parlant la plus-part du temps dépendent énormément du contact avec les spectateurs.
Pour ma part, je n’arrive pas à réellement répéter chez moi. Je m’entraîne, j’enchaîne les effets ou les tour, je travaille les liens mais ce n’est qu’en présence des spectateurs que je peux constater la pertinence des choix faits.
Un très grands nombre de finesses de présentation, de gags ou d’astuces de mise en scène ont été intégrées au numéro après les avoir “inventées” en direct à l’occasion d’un incident, d’une configuration particulière des lieux, des réactions d’un spectateur.
Mais ceci n’est possible qu’en étant parfaitement prêt à toutes les éventualités et à l’écoute du public pour réagir au quart de tour.
Pour cela, il faut maîtriser parfaitement les gestes techniques du tour pour qu’ils deviennent un automatisme et que notre attention ne soit plus accaparée par le mouvement des mains ou l’enchaînement précis à respecter.
Alors, l’esprit libre, on prend davantage de plaisir à jouer avec le public et on améliore de jour en jour notre prestation.
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