III – Le siège du trac & Le bon et le mauvais trac
Le siège du trac
Où se situent précisément les symptômes du trac ?
Pour certains dans la gorge, pour d’autres dans les mains, pour d’autres encore dans l’estomac, et pour une grande quantité d’entre nous du sommet du crâne jusqu’au bout de nos orteils.
Il semblerait pourtant que le lieu physiologique du trac varie selon l’art que l’on pratique. Un violoniste ou un pianiste ne sera absolument pas gêné par un manque de salive tandis que le trompettiste ou le chanteur le sera.
En revanche le violoniste ou le pianiste aura certainement les mains froides et moites, tandis que le trompettiste ou le chanteur aura la bouche sèche. Notre esprit semble donc diriger nos angoisses dans les lieux stratégiques de notre corps afin de nous empêcher de nous exprimer librement.
Esprit, pourquoi es-tu là ? !
Le bon et le mauvais trac
Ce défaut peut aussi se corriger au moyen d’un entraînement mental, comme dans le cas de notre propre conscience. Le meilleur remède consiste à acquérir le sens des proportions, et garder à l’esprit les mots de Hamlet :
“Il n’y a rien comme le mauvais ou le bon, c’est la pensée qui fait la différence.”
S.H. Sharpe (Neo-Magic)
Revenons à mon expérience scénique et plus particulièrement à mon one-man-show “Démons et Merveilles”. Avant de monter sur scène invariablement le trac fait toujours son apparition, mais Dieu merci, il s’en va dès que les rideaux s’ouvrent et que le public apparaît.
Ça c’est ce que j’appelle le bon trac; celui qui stimule, celui qui nous met dans un état d’énergie plus grand, celui qui nous pousse à nous surpasser, celui qui nous prépare à affronter les dangers et les plaisirs du “seul sur scène”. Bizarrement, plus la salle est grande et plus le public est nombreux, moins j’ai le trac ? !
Il existe aussi ce que j’appellerai le mauvais trac qui, je dois le confesser, a fait aussi partie de mon vécu professionnel.
Vous l’avez certainement rencontré : celui qui se fait tenace, qui ne s’en va pas dès l’ouverture des rideaux, qui nous accompagne jusqu’à la fin de la représentation, qui nous diminue au lieu de nous grandir, qui nous perturbe et nous déséquilibre totalement. Ce trac terrible qui nous amène à nous demander si l’on est bel et bien fait pour ce métier de représentation ? !
Heureusement pour moi, il ne s’est immiscé que très peu de fois dans ma carrière mais sa seule présence peut nous envelopper de tant de doutes et d’incertitudes que l’on commence à se poser des questions sur notre futur artistique.
Il est si incontrôlable et si terrifiant qu’il peut provoquer une souffrance telle qu’elle devient plus importante que le plaisir d’être sur scène. Ce mauvais trac devient tellement handicapant et négatif que certaines personnes sont prêtes à changer de voie artistique pour s’en défaire à jamais.
L’histoire de ce comédien alcoolique très populaire est assez répandue dans le milieu théâtral. Son nom attirait un large public mais à cause de son addiction à l’alcool il lui était devenu impossible de mémoriser un texte.
Il en était venu à travailler avec un écouteur qui était relié à quelqu’un qui lui dictait tout son texte. Incroyable mais vrai !
Cet autre exemple est aussi éloquent : c’est le cas d’un comédien talentueux mais qui ne parvenait plus à contrôler son trac devant ses spectateurs. Il avait l’habitude de boire la moitié d’une bouteille de gin avant chaque spectacle.
Un de ses collègues disait de lui : “ Cela tue son trac et par la même occasion son jeu d’acteur !” Il abandonna donc les scènes de théâtre pour se libérer de cette phobie et accepta exclusivement des rôles au cinéma.
Dans son cas, cet inconvénient psychologique fut une chance inouïe car il devint l’un des acteurs de cinéma les plus populaires de son époque. Comme quoi, le trac peut aussi mener au succès !
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