Les effets sont choisis et techniquement au point, l’enchaînement commence à être travaillé et une musique semble convenir.
Il est grand temps de se mettre en scène. Et c’est là que les vrais difficultés commencent.
En effet, pour être magicien, il ne suffit pas de connaître les «trucs», d’exécuter les passes parfaitement. Encore faut-il être capable d’entraîner les spectateur dans notre sillage.
- Combien de temps faut-il pour devenir un bon magicien ?
- Question qui m’a été posée durant le congrès d’Issy-les-Moulineaux.
- D’abord, qu’est-ce qu’un bon magicien ?
- Qui peut y répondre ?
- On sera bon pour l’un et ringard pour l’autre.
Je dirais qu’il faut quelques mois à quelques années pour devenir un bon technicien et une vie pour devenir un vrai magicien.
En effet, pour peu qu’on prenne le temps de se regarder travailler, d’analyser les réactions du public et de rêver un peu, on constate que la marge de progression est énorme. pour tout le monde.
Moyennant quoi, il y a des étapes cruciales :
- On a tous débuté comme collectionneur de tours (« et toi, tu connais combien de tours différents ? »).
- Puis nombreux sont devenus collectionneurs de techniques – surtout les cartomanes («et cette levée double, t’en penses quoi ? »).
- Alors quelques-uns commencent à montrer des tours à un entourage plus large que la cercle familial.
- Enfin, un petit nombre vont se produire devant un public payant et devront construire un numéro qu’ils présenteront de nombreuses fois.
C’est ce quatrième groupe qui m’intéresse ici : qu’a-t-il de plus que les autres pour qu’on l’engage et surtout le ré-engage ?
Un bonne technique ? Probable !
Des effets époustouflants ? Peut-être.
Mais surtout, une personnalité attachante – un look, un style dont on se souvient. Et c’est la-dessus qu’on progressera toute sa carrière (d’abord parce que les modes changent et que le jeune premier qu’on fut est devenu chauve, ridé ou bedonnant).
Bien au delà des tours que l’on présentera, que cherche-t-on à partager avec le public (retour sur l’article «De l’émotion, que diable» S.V.P.).
Quel personnage allons-nous jouer ? Comment s’habille-t-il ? Quel est son vocabulaire, son attitude, sa démarche ?
Là, deux choix : on est bon acteur et on joue un rôle de composition, ou alors, on se découvre soi-même et on se met en scène.
Je crois beaucoup plus a ce deuxième choix dans le cas de la magie (surtout en close-up) mais on dévoile alors sa sensibilité et il faut l’accepter. Combien de jeunes magiciens ai-je croisé qui jouaient un personnage auquel même eux n’y croyaient pas ! Des clones !
C’est ça qui prend des années : découvrir réellement ce que l’on est et dans quelle magie on se sent bien.
Pour se trouver, il faut se chercher. Belle lapalissade !
Et on se cherchera en tentant des expériences artistiques variées. Certaines avorteront et d’autres seront encourageantes.
Cependant on ne peut pas plaire à tout le monde et tel ou tel parti pris peut ne pas obtenir l’adhésion de tout le public.
Il y a des démarches artistiques plus ou moins risquées et chacun doit en assumer le choix sans reprocher à quiconque de ne pas y adhérer. Mais si on se sent bien dans son personnage il faut poursuivre dès lors qu’on cherche à être toujours meilleurs.
Sur le plan artistique, nul ne détient de vérité absolue : l’art de la mise en scène n’est pas une science exacte. Mais il doit permettre la rencontre entre un artiste, un numéro et un public.
Difficile alchimie pour laquelle je souhaite à chacun de trouver la juste formule.
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