A quel âge avez vous commencé la magie et comment vous est venue cette envie?
Tout a commencé lorsque que j’ai vu le professeur Germain lors d’un spectacle d’école. J’avais 9 ans et en rentrant chez moi j’ai dit à mes parents :
“Je veux être magicien”.
Aujourd’hui les guéridons de scène du Professeur Germain sont exposés au théâtre de la magie “Métamorphosis” de Saint-Etienne.
Mes premiers tours, je les ai découverts en lisant les Payot (Manuel pratique d’illusionnisme, Précis de prestidigitation et Dix séances d’illusionnisme) et les Rémi Cellier.
J’avais envie de faire plaisir à mes copains de classe, en les amusant alors j’organisais des spectacles dans le grenier de mes parents. (Nous sommes en 1958 et le prix de la place est de : 10 centimes) et c’est encore aujourd’hui ce sentiment qui m’anime, quand je suis sur scène.
Quels ont été vos influences, vos maîtres au cours de votre carrière ?
A part le professeur Germain, j’ai rencontré le magicien Alrex en 1963. Il avait son propre chapiteau et je suis parti en tourné avec lui à l’âge de 17 ans.
Puis, le magicien Carrington qui publiait la revue Scènes et Pistes, m’a fait remplacer au pied levé les propriétaires du Cirque Régerson, qui venaient d’avoir un grave accident.
Il me recommandera par ailleurs à la direction du Cirque Pinder ORTF, qui m’engagera en 1966
Depuis combien de temps êtes-vous professionnel ?
Je suis devenu professionnel à 14 ans, en me produisant aux entractes des cinémas, dans les fêtes communales et j’en suis, aujourd’hui à 56 ans de ma jeune carrière.
Avez-vous exploré d’autre forme de magie que la scène/salon ?
Je me suis essayé a, à peu près toutes les disciplines. Grandes illusions, mentalisme, hypnose, tour avec des animaux…
Comment pensez-vous vos numéros et d’où viens votre nom de scène ?
Mes numéros sont issus du répertoire classique que j’ai beaucoup amélioré avec des présentations originales, particulièrement dans mes divers numéros d’apparitions et disparitions de colombes : Pierrot au piano et les fontaines de foulards avec apparitions de colombes, transformation des colombes en gants, colombes transformées en 2 chats persans, boules de billard à l’éventail…
Pour mon nom de scène, j’ai assemblé le prénom de mon père, Jean, et celui de ma mère, Madeleine, non sans avoir transformé leur orthographe pour leur donner plus d’impact.
Qu’est-ce que la magie vous a apporté de plus par rapport à d’autres formes d’art ?
L’humilité.
Quels sont vos meilleurs moments en tant que magicien ?
Il y en a beaucoup :
- Ma première tournée avec Alrex à l’âge de 17 ans (1963),
- Le cirque Pinder (1966),
- Les spectacles sur le paquebot France,
- Les grandes salles de spectacles sur Paris dont le Lido et 17 fois l’Olympia,
- Mes tournées aux Etats-Unis et en Asie,
- Les galas privés à l’Elysée avec 3 présidents différents,
- La création, en collaboration avec mon épouse Chantal Saint-Jean, du premier bateau Théâtre Métamorphosis, en 1990, amarré en face de Notre-Dame de Paris,
- Mon arrivée à Saint-Etienne, en juillet 2015.
Quels sont vos moins bons moments ?
Jan Madd : c’est une question difficile, mais c’est une belle question piège à laquelle je ne souhaite pas répondre. J’ai toujours préféré oublier les mauvais moments et ne me souvenir que des bons.
C’est pour moi, la seule façon d’avancer dans la vie. J’ai coutume de dire il faut être poli avec la chance et j’ai eu beaucoup de chance.
(Moi : je sentais beaucoup d’émotion dans sa voix et dans sa façon de vouloir me dire les choses. Je ne vais pas rentrer en détails sur ce qu’il m’a dit. Pour faire court, ce qui l’a le plus touché, c’est la jalousie de certains de ses proches).
La disparition de grands noms de la magie avec qui il avait des liens très forts l’a beaucoup touché aussi.
Quelles distinctions avez-vous eu au cours de votre carrière ?
- 1977 : Baguette d’Or au Festival National de la Magie,
- 1987 : Grand Prix Cabaret,
- 1993 : Mandrake d’Or et Médaille d’Or.
- CHEVALIER DES ARTS ET DES LETTRES
En avril 2014, j’ai reçus cette haute distinction pour mon travail et mes créations dans le domaine des arts et du spectacle.
Si vous n’aviez pas été magicien, qu’auriez-vous aimé faire comme métier ?
Illusionniste !
Et rien d’autre ?
Bien évidemment, un métier artistique : comédien.
D’ailleurs, il me semble que vous avez tourné dans plusieurs films ?
Tout à fait. Dans la plupart des cas je jouais mon propre rôle.
- “Cousin-Cousine” de J. C. Tacchella en 1975,
- “Une Vie de Maupassant” de M. Drach 1982,
- “Un Week-End sur 2” de N. Garcia en 1990,
- Nestor Burma “Boulevard Ossements” de C. Grimberg
Quels magiciens admirez-vous, à l’heure actuelle ou qui ne sont plus la maintenant ?
Parmi les magiciens qui nous ont quittés, il y a entre autres Richiardi Jr et Michel de la Vega. Le musée est ma façon de leur rendre hommage et de les faire découvrir aux plus jeunes.
Aujourd’hui, David Copperfield, Jean Régil et Dani Lary. J’aime vraiment Dani Lary. Je salue, son travail, son courage et sa persévérance. Les gens ne se rendent pas compte de l’investissement personnel, du temps passé, pour créer tout ce qu’il fait. Les décors, les histoires, les numéros, son personnage et son univers.
Jean Régil qui a été un des premiers à faire des grandes illusions en France, et bien sûr David Copperfield qui après Robert-Houdin a dépoussiéré la Magie.
La création de Métamorphosis ?
En 1990, j’ai crée mon Théâtre flottant, Métamorphosis, où plus de 300 000 spectateurs ont déjà pu applaudir “Une Histoire de la Magie”, “Marchand de Rêves”, “Méliès – Le Magicien de l’Ecran”, “Le Miroir des Songes”, “Folie Magique”, “Artifices”, “M comme Magie ou La Magie que J’M”, « SimSalaBim », « Secrets », « Elixir »…
Après 22 années à bord de Métamorphosis et la création de 14 spectacles différents, avec beaucoup d’inventions scéniques, j’ai eu envie de partager avec le public les collections (affiches anciennes, costumes, décors, objets insolites), que j’avais constituées au hasard de mes rencontres pendant 40 ans.
La péniche étant trop petite, j’ai cherché un nouveau lieu, à la fois Musée et Théâtre.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre musée ouvert en Normandie ?
Il s’est trouvé que dans ma région d’origine, la Normandie et plus précisément à Barfleur (petit village à 25 km de Cherbourg) l’ancien dancing où en août 1961, j’avais reçu un de mes premiers cachets, était à vendre !…. je l’ai racheté et entièrement transformé et aménagé (fermeture le 4 janvier 2015).
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre couple ?
Depuis bientôt 30 ans je partage avec bonheur la vie de Chantal Saint-Jean, qui lorsque je l’ai rencontrée, était productrice de spectacles, et dirigeait une agence d’événementiel.
Nous avons en commun l’amour et la passion du spectacle, et surtout une complicité qui nous permet de réaliser nos rêves…et d’essayer chaque jour de faire mieux.
Métamorphosis, la continuité à Saint-Etienne, pourquoi ?
J’ai un très bon ami médecin à Saint-Etienne, et Président de la FFAP, Serge Odin.
Je cherchai un nouvel endroit pour recréer, un Musée-Théâtre et en plaisantant, Serge, m’a dit : “Viens à Saint-Etienne”.
J’y ai passé un week-end et maintenant on est là. Le lieu ne ressemblait pas du tout à ce que vous pouvez voir. Il a fallu 4 mois de travaux, cet été (2015) !… on a enlevé 20 tonnes de gravats.
En novembre 2015, Métamorphosis à Saint-Etienne ouvre ses portes. On peut y découvrir le concept du « Théâtre-salon d’enchantement et de merveilles » avec la visite de mes collections privées qui retrace mon parcours et mes rencontres de près d’un demi-siècle au service de l’Art de la prestidigitation, du Cirque, du Music-Hall et du spectacle.
Plus d’infos à venir sur Métamorphosis dans un article spécial.
Et après ?
Le Rêve continue et…
Ma carrière commence demain.
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