Biographie de Jules Régnault, docteur chirurgien de la marine, auteur de nombreux ouvrages dont “Les calculateurs prodiges”
En préparant ma conférence sur les “Calculateurs prodiges et les jongleurs de chiffres” j’ai été amené à faire des recherches sur les différents personnages qui marquent ce monde particulier dont une partie est en relation avec notre Reine des Arts.
Jules Régnault m’a intéressé car son parcours est particulier.
Il a été médecin militaire de la marine, et cette particularité m’a intrigué car j’ai souvent croisé des toubibs de “la Royale” lors de ma vie professionnelle.
Ce normand né à Hambye (Manche) le premier juin 1873, rentre dans à l’école principale du service de santé de la marine de Bordeaux, appelée “Santé Navale” pour devenir médecin militaire.
Sa notice nécrologique publiée dans le “Bulletin de l’Académie du Var” en 1962 retrace la partie principale de son parcours.
Il en sortit par la soutenance d’une fracassante thèse, dont le sujet s’écartait délibérément des sentiers battus et laissait prévoir l’orientation qu’il devait plus tard donner à ses travaux. C’était une étude sur la «sorcellerie».
La question y était, pour la première fois, traitée d’une manière scientifique. Le charlatanisme mis à part, y étaient mis en lumière les rapports de la sorcellerie et de la biologie.
Le fait n’est point aussi étrange qu’on le pourrait croire et, peut être, parait-il bon de rappeler qu’au Moyen Age, il existait, dans certaines facultés de médecine, une chaire où était étudiée et enseignée la magie.
Celle de Trêves en fut une des plus célèbres et Paracelse en fut un des premiers diplômés.
Cette soutenance valut au Docteur Régnault le prix de thèse de la faculté (Prix Godard).
Elle provoqua de tels remous que son auteur dut, plus tard, la compléter en faisant éditer en librairie, son ouvrage «La sorcellerie, ses rapports avec les sciences biologiques».
Médecin de la marine, le Docteur Régnault effectua sa première campagne en Extrême-Orient.
Il en profita pour étudier la médecine chinoise et dut, pour ses recherches, apprendre la langue chinoise.
Il en ramena des éléments d’un très gros ouvrage qui parut sous le titre «Médecine et pharmacie chez les chinois et les annamites» et fut couronné par la médaille d’or de l’Institut Colonial de Bordeaux.
L’auteur y dévoilait toute la technique d’une méthode qui devait, plus tard, prendre place dans notre thérapeutique : l’acupuncture. Son mérite est de l’avoir importée bien avant qu’elle fût redécouverte.
Promu chirurgien des hôpitaux maritimes et professeur à l’Ecole de Médecine Navale de Toulon, le Dr Régnault se fixa définitivement dans notre ville.
Il forma, en qualité de professeur d’anatomie de nombreuses générations d’étudiants dans une école dont il avait pour collègues le professeur Lowitz et le docteur Mourron, qui fut lui-même un des présidents de l’Académie du Var.
Il avait édité, à l’intention de ses élèves, un traité de dissection qui fut très longtemps le manuel non seulement des élèves de Santé Navale, mais aussi celui de la plupart des élèves des facultés françaises de médecine. Il en avait confié l’illustration au Dr Cazamian.
C’est au cours de son professorat qu’il fut amené à pratiquer sur lui-même une intervention auto-chirurgicale.
Il n y avait, à cette auto-opération, aucune indication d ‘urgence.
Il s’agissait d’une banale hernie inguinale, magnifiquement tolérée depuis de longues années ; mais le Dr Régnault voulait démontrer que les idées de Reclus sur l’anesthésie régionale devaient être prises en considération et non plus condamnées comme révolutionnaires.
Il prouva que cette méthode était d’une efficacité telle qu’elle pouvait permettre à un chirurgien de s’opérer lui-même sans aide. L’opération eut un tel retentissement que toute la presse tant française que mondiale y consacra de longs articles.
On en fit reproche au Dr Régnault pour avoir enfreint une règle de déontologie qui interdit à tout praticien la moindre publicité. De cette publicité il n’était cependant point coupable, car n’est coupable que celui à qui la faute profite.
Il s’en justifia par une magistrale étude publiée sous le titre de «La douleur».
Ce problème de la douleur l’avait toujours préoccupé. Un des premiers promoteurs de l’accouchement sans douleur, il améliora la méthode dite «chloroforme à la reine» en utilisant un mélange de chloroforme et de chlorure d’éthyle qui mettait à l abri des accidents de l’anesthésie.
Ce mélange était préparé chez Robert et Carrière sous le nom de «Mélange de Régnault». Il se substitua rapidement à l’ancien mélange de Schleicht, moins sûr et d’effets moins constants.
Rendu à la vie civile, le docteur Régnault reprit une revue : «La Côte d’Azur médicale », qui avait été fondée par le Dr François Fournier, sous un premier titre «Le Var Médical», publication mensuelle et dont il rédigeait la plupart des articles sous des pseudonymes divers (De Montigny, etc…).
La plupart concernaient la radiesthésie, la radiotellurie, la radiobiologie, la rhabdomancie. Beaucoup étaient consacrés à l’exposé des méthodes d’Abrahams, un chercheur qui ne se couchait jamais un soir sans avoir fait une nouvelle découverte.
Dans cet article il n’est pas précisé qu’il avait aussi étudié les échecs.
Il avait certainement été marqué par le livre d’Alfred BINET «Psychologie des grands calculateurs et joueurs d’échecs».
En allant sur Gallica vous pourrez prendre connaissance de son étude concernant la «Marche du cavalier aux échecs».
Ce que l’on ignorait, mais que l’on pouvait facilement imaginer, c’est que lors de manifestations sérieuses Jules Régnault occupait la scène en tant qu’Artiste calculateur prodige.
Le Docteur Jules Régnault est décédé dans sa Normandie natale à Granville (Manche) le 11 août 1962.
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