Un recueil par Sébastien -Spiouf- FOURIE d’après l’idée originale de Georges PEREC
Je voudrais commencer par remercier ici toutes celles et ceux qui ont bien voulu me faire part de leurs souvenirs, récents ou anciens, bons ou mauvais, drôles ou émouvants.
Lorsque l’idée m’est venue de recueillir ces histoires, ces moments de vie, je n’étais pas sûr d’obtenir des réponses. Mais les magiciens ont répondu présents.
Ils vous sont livrés tels quels, je n’ai rien retouché ni sur le fond ni dans la forme, et c’est ainsi que je le souhaitais. Ce sont des morceaux de vie, témoignages précieux qui nous permettent de partager quelques instants magiques.
Ne cherchez pas de cohérence dans l’agencement aléatoire et désordonné de ces souvenirs, ils ont été savamment mélangés.
Ne cherchez pas non plus à qui appartiennent les souvenirs, ils sont anonymes.
Mais peut-être que dans le style ou l’anecdote vous retrouverez le magicien qui l’a vécu.
Venez, je vous propose un voyage… laissez vous transporter, et tournez la page…
Sébastien FOURIE
Préface de Boris WILD
Je me souviens d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…
Un temps peuplé de souvenirs à jamais gravés dans nos mémoires…
Une farandole d’émotions, de bonheurs et de frissons…
Un petit morceau de nos vies que nous partageons avec vous aujourd’hui…
Je me souviens de la première fois où le rideau s’est ouvert et où je n’ai plus vu personne !
Je me souviens d’une scène qui me terrorisait jusqu’à ce que je trouve après des semaines la première phrase du premier tour.
Je me souviens de la réaction d’une petite fille après un tour qui l’avait impressionnée plus que tout. Elle me dit alors : mais alors tu es un VRAI magicien ?
Je me souviens de la scène de la salle Jeanne d’ Arc de Nancy de 3 mètres carrés.
Je me souviens du coquetier magique.
Je me souviens de ce petit garçon qui, à la fin de mon spectacle, est venu me trouver sur scène pour me dire :
– Dis donc tu es drôlement fort. Je peux te poser une question ?
– Vas y je t’écoute.
– Tu peux m’apprendre la formule magique pour faire disparaître la maîtresse ?
Je me souviens de ce jour où, rentrant dans la chambre de mon fils alors âgé de 5 ans, je le surpris avec horreur en train de déchirer son livre d’images. Après l’avoir grondé il me répondit, les yeux plein de larmes :
– Je ne faisais rien de mal. Je voulais juste faire de la magie comme toi … je me souvins alors que le dimanche précédent, des amis étaient venus à la maison et que je leur avais présenté…. “Le journal déchiré et reconstitué”. Mon fils était alors présent.
Je me souviens, il y a bien 20 ans je rentre à la maison et mon fils, 6 ans à l’époque, me montre une feuille de papier qui se plie toute seule en 4 sur sa main.
J’ai découvert ce jour là le monde de la magie.
Aujourd’hui j’ai un fils polytechnicien et moi je fais, durant mes loisirs, de la magie et je donne du bonheur aux autres.
Je me souviens de ce jour ou dans le métro j’ai fait des tours à un groupe de touristes italiens qui ne comprenaient pas un mot de ce que je disais mais qui semblaient passionnés…
Je me souviens de ce bar à chicha où le serveur à la fin m’a pris mon numéro de portable.
Je me souviens… de mon désespoir, quand mes parents ont commencé à préférer regarder “Eh bien raconte…” plutôt que “Y’a un truc…”. L’origine de mon désamour de la télé…
Je me souviens… de ma première boîte de magie, “L’Apprenti Sorcier”, toute carrée, pleine de petits machins bidules mystérieux (au moins six), cela avait l’air si net, si professionnel, si parfait…
Je me souviens… de mes Mickey magazines, de mes Picsous, de mon “Magicorama” des Castor Juniors… Et de ce magicien qui, avec son jeu, non seulement retrouve facilement ma carte choisie au hasard, mais la fait voyager, la multiplie, et ne cesse de me montrer que le jeu est normal… j’avais onze ans, je venais de découvrir le jeu Radio.
Je me souviens de la série de Pif gadget spécial magie… Une splendeur ; Du petit livret que j’ai encore aux bâtons de Techini que j’ai perdu…
Je me souviens de ce crétin qui m’explique que pour faire apparaître une canne, c’est un gros ressort qu’on plie. Impossible, il ferait au moins un mètre de diamètre… La canne tombe du plafond, et descend trop vite pour qu’on la voit, c’est comme ça qu’ils font.
Je me souviens que j’étais engoncé dans un costume ringard, dans ce restaurant, et pas très fier de ma magie. Pourtant, il était clair que le jeune homme qui me regardait avait de l’admiration pour mes pauvres tours. Huit ans plus tard, il était champion du monde, malgré cela…
Je me souviens de ma découverte des forums Internet, et de surcroît de magie… De mon enthousiasme, de ma candeur, de mon ridicule, de ma véhémence… Et de tout ce que ce forum m’apporte encore, ne serait-ce, qu’entre autres, la possibilité de poster des “Je me souviens…”
Je me souviens que je n’ai pas cru que les anneaux chinois étaient incomplets (et j’avais bien raison : le tour est ailleurs).
Je me souviens du plateau de Bloom, de ma première conférence, Monsieur Merlin, excusez du peu.
Je me souviens que, dès que j’en ai compris le sens, à chaque fois, A CHAQUE FOIS, de tout mon sérieux d’enfant, de toute ma candeur superstitieuse, quand on me disait “fait un vœu” (étoile filante, bougies d’anniversaire soufflées, premiers fruits mangés dans l’année…), à chaque fois, A CHAQUE FOIS, concentré, j’édictais : “quand je serai grand, je veux être magicien”.
Je me souviens que la partie “phénomènes étranges” (pourtant expliqués et démystifiés) d’Abracadabra, avec MAJAX, HODGES et consorts, me foutaient les jetons…
Je me souviens, c’est si récent, de la gentillesse d’un Sylvain MIROUF, qui m’a dit “oui” sans hésiter quand je lui ai demandé si on pouvait le filmer et lui faire jouer un petit rôle dans notre gala régional, et qui de surcroît l’a fait de bonne grâce, l’a fait bien et de manière si talentueuse.
Je me souviens, quand je doute, que je suis déprimé, fatigué, que j’aime encore, encore et toujours la magie, que je la pratique pour “donner” et pas pour “prendre”, et que c’est un art complexe, riche et merveilleux. Que c’est le seul art ambigu au monde, et un des plus universels.
Je me souviens que dieu, auquel je ne crois pas, s’il existe, n’est ni plus ni moins qu’un super magicien.
Je me souviens de ce magicien sur la place de mon village ; il fit apparaître une femme dans une boîte vide posée sur un plateau monté sur quatre pieds. À l’évidence (?) il semblait n’y avoir rien non plus sous le plateau. Le lendemain, curieux et surexcité, je retournais sur les lieux même de l’apparition et cherchais désespérément une trappe sur le sol, un passage, une solution. Dépité mais l’esprit en ébullition, je ne trouvais rien…
Je me souviens d’une dame qui, après une routine de balles mousse, était persuadée que celles-ci passaient par le sang…
Je me souviens de Bruno COPIN et d’un papillon dans ma main.
Je me souviens (vaguement) du long tour de cartes que nous fit mon frère. Le souvenir est confus, mais l’atmosphère, l’ambiance magique est restée en moi. Il y avait une carte choisie, des allers et retours mystérieux d’une pièce à l’autre, peut-être était-il question d’une enveloppe. Il me semble que la carte fut retrouvée dans un coffre de style ancien fermé à clé. Je me souviens surtout du climat d’étrangeté de cette expérience qui resta unique et dont le secret ne fut jamais révélé.
Je me souviens de cette petite fille émerveillée qui me disait à chaque fois que je lui montrais un effet magique « Encore… » d’une voix presque implorante. Ses yeux étaient écarquillés, elle vivait l’émotion magique à cent pour cent et je tâchais de préserver ce moment en elle pour qu’il laisse une empreinte éternelle d’enchantement.
Je me souviens de ce spectateur stupide que j’ai eu du mal à gérer et qui voulait tout le temps que je mélange “les cartes d’en bas”
Je me souviens de cette nuit froide de décembre.
L’émotion paralysant tous mes membres.
Debout sur scène devant un public bouillonnant,
Tout jeune papa depuis quelques heures seulement.
C’est pour elle que je joue ce soir-là,
Le regard brillant et le sourire béat.
Les confettis s’envolent dans les airs, le numéro est terminé.
La salle se lève et, seul sur scène, je me mets à pleurer.
C’est pour elle que j’ai joué ce soir-là
Et jamais je ne retrouverai cette sensation-là…”
Je me souviens… de la boîte de magie “Dominique Webb”… Les conneries habituelles à l’intérieur, toujours les mêmes… Mais un pauvre bout de ferraille, une fente, un blister en plastoque : d’une grosse boîte en carton vide, on faisait apparaître tout le matériel… Stupéfiant : mon premier couvercle à faux fond, une révélation.
Je me souviens de ma toute première table qui était d’une gentillesse inégalable et me voyant dans ma peine de stress m’a alors rassuré, souvenir gravé !
Je me souviens d’un vieux tour dont je ne connaissais pas le mode opératoire mais pour lequel j’avais quand même écrit une présentation.
15 jours après je rencontre un magicien inconnu qui présentait le tour , en silence !
Il est reparti avec mon texte et moi avec son tour.
Je me souviens d’un numéros de salon / close-up que je faisais à des spectateurs qui étaient tous bourrés et qui n’ont eu de l’attention que pour le premier tour qui était l’apparition de la bouteille (certains avaient même voulu la voler !)…
Je me souviens d’un spectateur qui m’ayant refusé à sa table m’a aussitôt repris suite à la blague que j’ai sortie due à son refus. Il s’est d’ailleurs excusé avec un très bon pourboire…
Je me souviens de Cartomania… La magie, la manipulation, prenaient une autre dimension.
Je me souviens du premier matrix que j’ai fait ou j’ai pris un bide et ou l’on voyait tout ! ! !
Je me souviens de Juin 2000 à Salon de Provence :
c’est ma première rencontre avec 2 magiciens célèbres : Gérard MAJAX et Gérard KUNIAN, j’étais comme dans un rêve, j’ai discuté longtemps avec MAJAX, il m’a montré des routines de cartes et même un saut de coupe. Gérard KUNIAN m’a montré en cachette le contrôle perpendiculaire de TAMARIZ avec explication car c’est lui qui a traduit SONATA, MAJAX lui n’expliquait rien du tout.Au mois de juillet de la même année je fus invité chez un ami de MAJAX qui habite vers Nîmes pour une soirée et comme j’ai aidé la journée à préparer la soirée avec 2 autres amis à moi, MAJAX pour nous remercier nous donna un petit cours de magie avec les cartes et c’est là que j’ai fait mon premier close-up en table à table au cours de la soirée.
Je me souviens, un arbre de noël dans une école, à faire les D’light avec les enfants accrochés à mes bras ! Je me souviens, un close-up pour un mariage, où on faisait un concours d’applaudissements avec mon binôme ! Je me souviens, lors d’un spectacle pour une maison de retraite, une vieille dame m’a pris dans ses bras à la fin et m’a remercié de tout son cœur… Je me souviens, une routine de close-up, basée sur le paranormal, qu’une spectatrice s’est mise à pleurer à la fin ! ! !
Je me souviens à mes débuts en magie où un jeu Brainwave m’a fait réfléchir pendant des mois.
Je me souviens de cette rencontre avec les créateurs du CMN à Nevers. Ils étaient des magiciens, les premiers que j’ai rencontré de ma vie. J’ai été émerveillé pendant les 10 mn de mon entretien. Ces magiciens étaient Benoit Rosemont et Gilson. Je me souviens de cette dame à qui j’avais demandé l’heure pour ne pas être en retard à la réunion où je devais passer mon test pour rentrer au CMN. Cette dame ma dit: “Il est never des menottes !” soit 9h et dix minutes. Sans doute une portugaise !
Je me souviens de ma prof de français qui me disait de ne pas faire dans le comique j’étais trop mauvais ! ! Alors que c’est mon but dans la magie ! !Je me souviens du jour où j’ai trouvé mon nom de scène: CALIX.Je me souviens de la première fois où l’on m’a vraiment appelé CALIX.
Je me souviens de la première fois où l’on m’a dit que j’étais Magicien !
Monaco 1990
Alors que j’officiais dans le cabaret de Monaco, je décidais un jour de présenter la carte au plafond. Ras le bol de ce village de snob ou inconscience de la jeunesse, allez savoir. D’autant que le plafond du cabaret se trouvant à environ huit ou dix mètres, était composé de carreaux de verre peints avec goût. Je fais choisir la carte, la perd dans le jeu, entoure le paquet avec l’élastique et projette le jeu qui tournoie tel un projectile improbable. Le jeu heurta une des plaques de verre qui sous l’impulsion se souleva. Le jeu finit sa course dans le faux plafond alors que la plaque de verre reprit sa place initiale révélant la carte choisie fixée sur elle. Le jeu venait de disparaître. Triomphe.
Le sourcier
Dans l’émission l’euromillionnaire, je recevais un sourcier. Je lui fis le tour suivant. Je pris cinq ou six boîtes à tiroir en plastique dans chacune desquelles je mis de l’eau et un poisson en papier flottant à la surface. Le moment venu, je lui présente les boîtes en annonçant que l’une d’entre elles contient de l’eau. A lui de la retrouver. Il sort alors une petite baguette en V et en trois secondes, m’indique une boîte. J’ouvre toutes les autres pour montrer qu’elles sont vides et celle désignée fut ouverte de façon à montrer l’eau qu’elle contenait. Puis, nous dirigeant vers la roue sur la musique, il me mit un coup de coude et me dit : « alors bluffé hein ? » J’aime faire plaisir.
Je me souviens de ma valise de magie que l’on ma volé pendant une représentation et où il y avait mon cachet ! Je me souviens de la fête des lumières à Lyon où avec un ami on a gagné 9 euros de pourlich pour 2 spectacles de 20 min devant 80-150 personnes. Je me souviens du festival de rue de Morcenx.
Fism Dresdes
Dernier étage du bâtiment. Je croise un magicien décrié qui venait de faire léviter une vache à la télévision. Il m’aborde et me propose d’aller déjeuner avec lui. Soit. Nous prenons les escaliers. A chaque étage, il fut abordé par des magiciens qui le prenaient à partie pour le saluer tout en lui faisant remarquer que sa lévitation de la vache était particulièrement nulle. Cette scène se reproduisant à chaque étage, je crus à un gag pour la caméra cachée. Nous sortons du palais des congrès et là encore un type l’aborde pour lui faire part de ses critiques. Nous faisons alors quelques pas et là il me dit : » Tu te rends compte tous ces cons, il n’ont rien compris. » Gêné je lui dis : « Mais tout de même ton tour était un peu … ». Il me répondit au premier degré et le plus sérieusement du monde :« Mais pas du tout ! Les agriculteurs ont aimé ! » Je me suis mordu les joues pour ne pas éclater de rire.
Je me souviens d’avoir eu une grande table sur scène avec plein d’accessoires, j’avais 18 ans…. la table se renverse et les gens ont rigolé. 20 ans plus tard, c’est devenu LE gag de mon numéro comique….
2002
Lorsque l’on me demanda de présenter l’émission « L’euromillionnaire », je n’y étais pas favorable. A l’issu du casting auquel j’avais accepté de participer, je répondis au directeur : « Je vais tourner la roue et si la balle s’arrête sur le million, je présenterais cette émission ». J’ai tourné la roue et devinez quoi … Le million.
Je me souviens il y a 3 décennies j’arrive à Paris et je me plante devant l’Olympia. Je demande le concierge qui était en train de vider la boîte aux lettres dans la cour, de me présenter le directeur. Il dit “c’est moi, suivez moi”. Au cours de cet entretien avec “Dieu” dans son légendaire minuscule bureau il me demande une audition. Je dis “non” car je ne travaille pas sans public…..
Le lendemain, je regrette et j’essaie de lui téléphoner. Pas possible de franchir le barrage des 36 secrétaires. Impossible de l’approcher. Par la suite, il m’a vu quelque part et il m’a engagé 7 fois. Il a fait son devoir…..
Jour de l’an 1997
Après mon opération du genou, les douleurs sont plus fréquentes mais je dois assumer deux galas le 31 décembre. Dans un restaurant tout d’abord de 21h à minuit. Puis direction l’hôtel Bristol où un riche industriel a fait appel à mes services pour une heure de close-up. Les 25 personnes invitées pour l’occasion étaient disposées sur des canapés en U. Je commence mes démonstrations et le client en redemande et en redemande. J’ai quitté cette suite à 8h00 du matin en ayant réalisé pas loin de 5h30 de show de close-up non stop pour les 25 mêmes personnes. Etudier la magie permet aussi cela. Dommage que le Guiness book n’ait pas été présent.
Je me souviens d’avoir donné une audition à la “galerie 55” cabaret culte rive gauche. Le patron me demande après ma prestation si j’ai un autre numéro. Je réponds par oui. Ok me dit il “Je vous engage avec l’autre numéro”. Il m’engageait avec le numéro qu’il n’avait pas vu…….
Je me souviens de ma première réunion au club où un monsieur à la voix haute engueulait un autre monsieur tout aussi imposant au sujet de l’organisation d’un spectacle, sous l’œil amusé du président d’alors. Je me suis fait tout petit dans mon coin. Depuis ils sont devenus mes amis ! Je me souviens d’une nuit passée dans un train pas chauffé qui nous ramenait d’Espagne où j’ai réussi à dormir grâce au tricot prêté par
nôtre président de l’époque.
Taxi 1996
Je sors du Studio Gabriel. Fatigué. Le stress retombe peu à peu. Je monte dans le taxi et donne mon adresse. Le chauffeur, peu aimable et taciturne me conduit. Je lis le journal.
Arrivé à mon domicile et alors qu’il ne m’avait pas adressé un mot de tout le trajet, il se retourne, me regarde d’un mauvais air et me lance : » Alors, ça vous fait quoi quand on vous reconnaît pas ? » J’ai payé poliment ma course façon gendre idéal, école Drucker. Le lendemain je raconte cette histoire au Studio à Pierre Palmade. Depuis, il la raconte en télé comme si il l’avait vécue.
Je me souviens que je passe dans un festival de magie avec mon numéro comique. Mon gag d’entrée est celui que j’avais inventé en 75 et qui est devenu domaine public depuis longtemps, à savoir de produire une colombe, mais en caoutchouc. Je demande donc le présentateur-magicien, s’il compte faire ce gag. Il me dit “bien sûr que non”. Et il le fait. Quand je lui demande les raisons, il me répond “tu sais, je ne peux rien changer de mon numéro sinon il perd son rythme” Souvent j’entends des artistes dire cette phrase, mais venant d’un présentateur qui est là pour servir les artistes, c’est assez drôle. Et monstrueux à la fois…..
Je me souviens au temps des cabarets “rive gauche” quand je faisais 3 à 5 passages par soir, d’avoir fait une routine de cordes. Mais le texte était déjà pour le journal déchiré. Et cela depuis une minute. Honte aux automatismes…..
Je me souviens que Tuc et Tuctuc, mes deux souris blanches, se sont entretuées… Ce fut la fin de ma vocation dans la magie animale.
Je me souviens d’une spectatrice qui est venue s’excuser car elle n’avait pas réussi à envoyer sa carte dans mes pensées.
Jacques Martin 1996
Palais de l’Empire en décembre 1996. Je viens de me casser le genou dix minutes avant mon passage dans l’émission Faites la fête présentée par Drucker. Le lendemain, je dois faire partie du jury de l’émission « Le monde est à vous ». Ma présence étant assise et la douleur supportable, je décide de patienter 48 heures avant de me faire opérer. Je suis dans le jury et l’émission se déroule. C’est alors que la caméra principale de Jacques Martin tombe en panne. Ce dernier commence à piquer une colère et me demande de monter sur scène pour meubler. Me voilà avec ma patte folle en train d’improviser un show de 30 minutes devant 2000 personnes le temps que la caméra soit remplacée. Quelques jours plus tard, je recevais une bouteille de cognac avec un gentil mot. Cette bouteille, je n’ai jamais osé la boire. Jaques Martin me manque. A l’époque, il m’avait dit : » Si tu sais jouer du piano et faire la cuisine, tu pourras toujours t’en sortir dans la vie. » Ce à quoi j’ai ajouté : » Tout à fait d’accord Jacques, mais je rajouterais également la magie dans la liste. »
Je me souviens que je travaillais une fois pour une discothèque tenue par des mafiosos corses. Je suis en train de partir, le mec me lance une liasse de billets, moi, élégant, je ne vérifie pas et je pars. 10 min après, Une voiture me double, un autre mec m’arrête et me dit qu’il s’était trompé. Et il me file encore 1000 balles.
Hotel Ritz 1995
Gala de close-up pour le jour de l’an. Je décide d’aller m’acheter un beau costume. Revers satiné, broderie élégante, la grande classe. Pour parfaire le tout, chemise blanche col Mao avec joli bouton décoré. Le close-up se passe à merveille. Le surlendemain, je me rends chez l’agent pour toucher mon chèque. « Monsieur, nous ne travaillerons plus jamais ensemble. Pourquoi répondis-je ? Vous n’étiez pas en smoking.
J’ai quand même encaissé le chèque afin de me rembourser une partie de mon costume.
Je me souviens…
Le téléphone sonne…
La Ste GLEM PRODUCTIONS vient de nous appeler.
Pour l’émission du samedi soir de l’époque « Sacrée Surprise » et à l’occasion de la sortie du film ” LE VOLEUR D’ENFANTS ” avec Marcello MASTROIANNI, la production, Gérard LOUVIN et Jean-Pierre FOUCAULT veulent préparer une surprise en son honneur.
Dans le scénario de ce long-métrage, Michel PICCOLI tient le rôle d’un prestidigitateur au service du Maître italien, pour séduire et lui (voler) ramener des enfants que ce dernier, malheureusement, ne peut avoir avec sa femme.
Nous avons 15 jours pour monter une mise en scène où les 12 enfants acteurs de ce film réaliseront des tours de magie. Une tâche ambitieuse pour les délais de réalisation qui nous sont accordés, mais nous relevons le défi. Nous allons reprendre l’ambiance, les décors et les couleurs du film. Nous plantons le cadre de la chambre de l’époque. Chaque enfant y est caché, l’un sous le lit, l’autre dans l’armoire, un autre dans le coffre à jouets etc.
C’est fou ce qu’une chambre peut receler comme cachettes et le scénario est simple, chaque enfant y apparaît de façon magique et réalise un tour faisant apparaître le suivant.
Le jour J, les répétitions s’ensuivent et à la dernière mise en place sur le plateau, 40 techniciens, Gérard LOUVIN, Jean-Pierre FOUCAULT et le réalisateur sont là pour prendre les marques sur la conduite du direct du soir.
Muriel ROBIN démarre ce filage.
Les autres Stars, artistes et invités de l’émission, attendent leur tour, spectateurs.
C’est à nous…, toute ma joyeuse bande rentre dans le champ, nullement tendue, aguerrie par des semaines de complicité avec l’équipe de tournage du film et le contact de la Star italienne.
Ça joue ! Benjamin, 3 ans ½ , s’extirpe de la table de chevet et va découvrir Antoine et René, 7 ans. Le château de cartes qu’ils montent fait apparaître Nicolas, 5 ans. La boîte qu’il ouvre laisse s’envoler une colombe. Alex et Max, les jumeaux, 10 ans, se dévoilent de l’intérieur de l’armoire et… notre Nicolas, 5 ans, fait chuter malencontreusement le bol d’eau qu’il doit faire disparaître… !
Gérard LOUVIN jaillit sur le plateau et vient expliquer vertement à Nicolas qu’il doit faire attention !
Et là, suprême MAGIE des enfants, Mathieu 8 ans encore dissimulé, sort de sa cachette et vole au secours de son ami. Ce tout petit bout s’en prend à Gérard LOUVIN. Avec le ton tout aussi haut que celui de l’apostropheur, il s’intercale dans cette remontrance, arguant de la jeunesse de son copain et de la futilité de sa maladresse. Un silence glacial se pose sur le studio.. !
Un instant figé, Gérard LOUVIN tournera les talons, sans plus de mots.
Au micro, la voix du réalisateur : « On reprends ! »
100 témoins privilégiés de cette scène, se rappelleront ad perpetuam rei memoriam, cette ” MAGIE ” de l’instant et extraordinaire leçon de vie !
Le soir en direct, Marcello MASTROIANNI admirera Nicolas faisant disparaître le bol d’eau sans difficulté, assurément par Magie ! !
Ce recueil de mémoires est une œuvre collective, les détenteurs de ces souvenirs sont :
Sébastien FOURIE
Jacques TERRIEN
Jean Bernard
Jack BARLETT
Nirag
Artistedu13
Anita LARY
Strangeo
Lancelot
Christian GIRARD
Antoine
Boris WILD
Julien ALKAZA
Calix
Sylvain MIROUF
Otto WESSELY
Armand PORCELL
Et d’autres qui n’ont pas souhaité voir leur nom apparaître…
Un immense merci à Monsieur Boris WILD qui a accepté, en plus de nous laisser quelques magnifiques souvenirs, de donner une touche de poésie à la préface de ce recueil.
Un grand merci également à Armand PORCELL pour la relecture de l’ouvrage.
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